Québec, d'hier à aujourd'hui

Quartier Petit Champlain à Québec

par Couvrette, Sébastien

Vue générale de l'activité commerciale dans le Petit-Champlain, 2011

Le Quartier Petit Champlain à Québec est fréquenté annuellement par des centaines de milliers de visiteurs. Reconnu pour ses nombreuses boutiques d’artisans et ses restaurants, le secteur évoque, par l’aspect de ses bâtiments, un quartier historique d’une grande beauté. Pourtant, c’est un tout autre visage que l’endroit présentait jusqu’aux années 1970. Laissé à l’abandon depuis la fin du XIXe siècle, le quartier, devenu délabré et insalubre, a été le théâtre d’un vaste projet de revitalisation dans les années 1970 et 1980. Ce projet de restauration, né du rêve de deux hommes, constituait une approche inédite au Canada et visait à laisser visibles les traces des siècles passés dans l’architecture des bâtiments et à redonner vie à cette longue rue étroite en lui conférant sa vocation d’antan, celle de quartier d’artisans.

 

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Un quartier animé

Little Champlain Street, Quebec, vers 1910

Situé au pied de la falaise du cap Diamant à proximité de la Place-Royale, le Quartier Petit Champlain accueille chaque année quelque 1,5 million de visiteurs. Ce secteur de la Basse-Ville se compose principalement de la rue du Petit-Champlain, qui s’étend de l’escalier Casse-Cou à sa jonction avec le boulevard Champlain. Les portions des rues Sous-le-Fort et du Cul-de-Sac ainsi que du boulevard Champlain qui bordent la rue du Petit-Champlain complètent le reste du quartier. Au total, l’ensemble regroupe une cinquantaine de boutiques et d’ateliers d’artisans, près d’une dizaine de cafés-restaurants et de nombreux logements. Ce quartier d’une grande beauté bénéficie d’une importante reconnaissance publique et d’une popularité qui ont été soulignées lors de la première édition du concours populaire pancanadien Le Canada, c’est ma place!, commandité par l’Institut canadien des urbanistes (ICU) en 2010-2011. Parmi des milliers de candidatures soumises d’un peu partout au Canada, le Petit Champlain a remporté le prix du meilleur quartier du Canada, notamment en raison de son dynamisme socioéconomique, son attrait visuel ainsi que la valeur du patrimoine culturel et historique qu’elle reflète (NOTE 1).

 

L’histoire d’un quartier

Détail d'une carte historique promotionnelle où l'on voit la rue du Petit Champlain et la Place Royale de Québec, 1932

L’histoire du Quartier Petit Champlain remonte au début de la colonisation de l’Amérique française. Reconnue comme étant la plus ancienne artère de Québec, la rue du Petit-Champlain servait à l’origine de sentier menant à une fontaine érigée par Samuel de Champlain au début du XVIIe siècle (NOTE 2). Passage très fréquenté, le sentier devient rapidement une voie de communication vers la Haute-Ville. Le premier escalier de la ville de Québec, l’escalier Casse-Cou, situé à son extrémité nord-est, relie ce secteur de la Basse-Ville à la Haute-Ville depuis les années 1630 (NOTE 3). Au pied de cet escalier se trouve aujourd’hui un funiculaire qui donne accès à la terrasse Dufferin, dont le premier modèle mû à la vapeur a été mis en fonction à la fin du XIXe siècle. L’entrée du funiculaire se situe dans une maison du XVIIe siècle qui a appartenu à Louis Jolliet, découvreur du Mississippi (NOTE 4).

L’histoire du toponyme officiel « rue du Petit-Champlain » est assez mouvementée. Au milieu du Régime français, le sentier de Champlain prend le nom de rue Des Meulles en l’honneur de l’intendant Jacques des Meulles. Au XIXe siècle, les nombreuses familles anglophones qui habitent le secteur l’appellent Little Champlain Street, afin de la distinguer de la nouvelle rue Champlain, l’actuel boulevard Champlain. Par la suite, les francophones de la Basse-Ville traduiront simplement le nom anglais et la dénomination rue du Petit-Champlain s’imposera à compter des années 1960 (NOTE 5).

Rue du Petit-Champlain : vue en enfilade, vers 1880

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, la rue du Petit-Champlain est principalement habitée par des artisans (NOTE 6). Au cours du XIXe siècle, les épidémies ainsi que le déclin des activités du port de Québec et du marché de la Place-Royale amènent de nombreuses familles d’ouvriers et d’artisans francophones à quitter les lieux pour la Haute-Ville. Elles seront remplacées par des immigrants irlandais venus travailler comme débardeurs au port de Québec, après avoir fui les conditions de vie difficiles de leur pays marquées par la Grande Famine des années 1840. Au XXe siècle, l’endroit tombe en désuétude, devient insalubre et dangereux, notamment en raison de nombreux éboulis provenant de la paroi du cap Diamant, dont certains feront des dizaines de morts et de blessés. La rue du Petit-Champlain est littéralement laissée à l’abandon et son infrastructure reste peu développée, comme en témoigne les planches de bois qui la recouvrent jusque dans les années 1920, alors que les rues des alentours sont généralement pavées. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale le constat est clair : les maisons de la Basse-Ville, et particulièrement celles de la rue du Petit-Champlain et de la rue Sous-le-Cap, sont de véritables taudis (NOTE 7).

 

La réalisation d’un rêve

Vue d'un garçonnet assis dans sa charrette en bois au haut d'un escalier, Petit-Champlain, 1950

À partir des années 1950, des projets de reconstruction des immeubles de la Basse-Ville se mettent en place. Au milieu des années 1970, un de ces projets, l’imposant chantier de la Place-Royale, est fortement critiqué, notamment en raison des subventions publiques élevées qui y ont été allouées et de la nature des interventions qui ont été faites. Les travaux réalisés jusqu’alors avaient eu pour objectif de recréer l’époque du Régime français en uniformisant les styles architecturaux et la volumétrie des immeubles. En novembre 1978, se tient un colloque sur l’avenir de Place-Royale dont les discussions font ressortir que tout nouveau programme de mise en valeur d’édifices anciens devrait se faire en respectant, dans la mesure du possible, leur état actuel. Parmi les nombreux mémoires présentés à cette occasion, se retrouvent celui de Gérard Paris, un entrepreneur aux idées originales, et de Jacques de Blois, un architecte de talent. La dernière phrase de leur mémoire illustre bien les motivations personnelles de leur démarche : « Nous sommes simplement hommes d’affaires et professionnels qui, vers les deuxièmes moitiés de nos carrières, s’offrons le plaisir et la satisfaction de réaliser de vieux rêves qu’on croyait inaccessibles » (NOTE 8).

Le projet de restauration du Quartier Petit Champlain, né de la rencontre entre Gérard Paris et Jacques de Blois, commence à la fin des années 1970. Les deux hommes rêvent alors de revitaliser la rue du Petit-Champlain afin de mettre en application une approche en vigueur dans les grandes villes européennes et américaines mais inédite au Canada en matière de revitalisation des bâtiments historiques et de réanimation urbaine. En 1976, Gérard Paris achète un lot de huit édifices à vocation industrielle et résidentielle mis en vente par la succession de Léo P. Quintal, un homme d’affaires québécois, dont les héritiers vivent aux États-Unis. Ce premier lot comprend notamment une série d’édifices abritant une ancienne manufacture de corset située entre les escaliers du Quai-du-Roi et du Cul-de-Sac (NOTE 9). Ces immeubles ont deux façades, une donnant sur la rue du Petit-Champlain, l’autre sur l’actuel boulevard Champlain. Complété par deux bâtiments faisant dos à la falaise du cap Diamant, l’ensemble, acquis pour 85 000 $, tombe en ruine et est presqu’entièrement vacant, ne comptant que quelques rares locataires.

Travaux dans le quartier Petit-Champlain, vers 1980

Les premiers travaux s’amorcent au début de l’été 1977 avec la démolition d’un vieil entrepôt, sur l’emplacement duquel se trouve aujourd’hui le Théâtre Petit Champlain. Afin de pouvoir effectuer les travaux, Gérard Paris met sur pied une compagnie d’entreprenariat général, Les Placements RDP Inc. (NOTE 10). Débutent alors de longs travaux qui rencontreront de nombreuses résistances de la part de divers intervenants de l’aménagement urbain, davantage habitués à la reconstruction qu’à la revitalisation de bâtiments anciens. Fort heureusement pour Paris et de Blois, des politiciens et des fonctionnaires des gouvernements provincial et municipal se montreront enfin favorables au projet, quelques années après son démarrage.

 

S’insérer dans la continuité 

Les marches de la rue Champlain, Québec, 1830

Entreprise privée, RDP dispose de modestes moyens en regard du vaste programme de revitalisation projeté pour la rue du Petit-Champlain. Pour cette raison, et pour éviter de répéter les « erreurs » du projet de la Place-Royale, le couple d’entrepreneurs mise sur des interventions minimes visant à consolider les structures vieillissantes sans toucher au volume des édifices, et à redonner un certain lustre à ces bâtiments dégradés grâce à un léger curetage des façades. Dans leurs travaux de rénovation, les entrepreneurs vont s’inspirer des dessins, gravures et aquarelles d’époque de ces lieux, dont les œuvres du Britannique James Pattison Cockburn, réalisés au début du XIXe siècle (NOTE 11). Les interventions faites par RDP seront effectuées, le cas échéant, sur les deux façades des immeubles, revitalisant par la même occasion non seulement la rue du Petit-Champlain, mais également une partie du boulevard Champlain. En conformité avec la vision initiale de Paris et de Blois, l’ensemble immobilier du secteur conservera les traces du passé, de trois siècles d’histoire et d’architecture, sans chercher à faire ressortir de façon dominante les éléments de la période du Régime français, comme ce fut le cas à la Place-Royale. Qui plus est, dans la perspective d’intégration du passé, les éléments architecturaux intérieurs, le mobilier et les matériaux anciens seront recyclés et serviront à l’aménagement des nouveaux locaux. Les principaux travaux de revitalisation entamés en 1977 sont achevés en 1980. La fin de cette première phase de restauration est notamment marquée par la démolition d’anciens entrepôts en bois qui cèderont la place à l’actuel parc Félix-Leclerc.

À la mise en valeur du patrimoine matériel souhaité par RDP s’adjoint la volonté de faire revivre la vocation artisanale et artistique ancestrale de la rue du Petit-Champlain. Démarche inusitée, Gérard Paris procédera à l’évaluation des demandes de la part des artisans intéressés à venir habiter, travailler et tenir boutique dans le quartier. Afin de préserver l’authenticité et l’originalité des lieux, les nouveaux habitants s’engagent, par des clauses explicites inscrites dans les baux de location, à fabriquer et à vendre sur place les produits énoncés lors des rencontres préalables à leur établissement dans le quartier. De même, la conception des enseignes des commerces est supervisée; elles doivent s’inspirer des modèles anciens et être confectionnées, dans la mesure du possible, avec des matériaux recyclés (NOTE 12).    

 

Une deuxième phase de restauration

Clarence Gagnon et Pierre Walsh devant la maison Labrière, dans le Petit-Champlain, vers 1983-1984

Au début des années 1980, les boutiques d’une trentaine d’artisans de la rue du Petit-Champlain sont aisément accessibles par l’escalier Casse-Cou et par le funiculaire, lui-même entièrement rénové au milieu des années 1970. Cependant, l’état de délabrement des immeubles situés sur la rue Sous-le-Fort, qui fait la jonction entre le Petit-Champlain et la Place-Royale, semble avoir un effet dissuasif sur les visiteurs et les touristes (NOTE 13). Afin de corriger la situation, Paris et de Blois s’associent au Ministère des Affaires culturelles du gouvernement du Québec (par l’entremise de la SODICC, maintenant la SODEC) (NOTE 14) et se portent acquéreurs de neuf bâtiments supplémentaires en 1982. Parmi ceux-ci, sept sont placés côte-à-côte. Ces édifices forment un coude avec les rues Sous-le-Fort et du Petit-Champlain et ont une façade sur la rue du Cul-de-Sac. En vertu d’une entente signée entre RDP et la SODICC, cette deuxième phase de restauration doit se faire en conformité et en continuité avec le projet initialement mis en place sur la rue du Petit-Champlain. Les travaux sont complétés en 1983. À ce moment, le Quartier Petit Champlain compte une trentaine de logements, une cinquantaine de boutiques et ateliers, six cafés-restaurants, un théâtre et un parc (NOTE 15). Les activités de RDP prennent officiellement fin en 1985 après la restauration de maisons voisines du parc et de vieux garages situés au bout de la rue du Petit-Champlain, près de la jonction avec le boulevard Champlain.

 

Une coopérative de commerçants

La présence de commerces sur la rue Petit-Champlain n'est pas une invention récente: on la voit ici vers 1870

Conformément à l’entente conclue avec la SODICC, RDP doit mettre en vente ses actions à la fin des travaux de la deuxième phase de rénovation. À partir de ce moment, la compagnie se retire de la gestion des immeubles du Quartier Petit Champlain et un groupe d’affaires américain se montre intéressé à faire l’acquisition de ce parc immobilier prometteur. Il faut agir rapidement pour conserver la propriété aux mains d’intérêts québécois. Car pour Gerry Paris et Jacques de Blois, il est impératif que les artisans établis sur les lieux puissent conserver le contrôle des actifs du secteur. Sans sa vocation de quartier des artisans, le projet de la rue du Petit-Champlain, rêvé par les deux hommes, ne se concrétiserait qu’à moitié. Une fois de plus, l’attitude de Paris et de Blois montre bien que les deux hommes cherchaient à redonner vie et beauté à un quartier du Vieux-Québec et non pas à en tirer un profit financier.  

En 1985, les artisans du quartier fondent la Coopérative de solidarité du Quartier Petit Champlain et achètent les immeubles avec l’aide de la Société de développement des coopératives (SDC) et des Caisses Desjardins. Après des débuts difficiles, la formule de la coopérative s’avère une solution efficace et rentable. Elle œuvre encore aujourd’hui à assurer la valorisation et la pérennité du quartier aux plans culturel, commercial et touristique (NOTE 16). Pour ce faire, elle supervise notamment la nature des créations artistiques et des produits qui y sont offerts.   

 

L’initiative d’un particulier: la maison Jean-Demers

Page couverture du livre Le rêve du Petit-Champlain, de Jacques de Blois, paru aux Éditions du Septentrion en 2007

Le vaste projet de restauration du Petit Champlain initié par RDP, qui touche une majorité d’immeubles du quartier, est complété par d’autres initiatives réalisées par des particuliers. Parmi celles-ci, les travaux exécutés sur la maison Jean-Demers, voisine de l’escalier du Cul-de-Sac, se distinguent à maints égards. Monument classé historique en 1966, la maison Jean-Demers a été restaurée par son propriétaire, l’architecte Gilles Vilandré, avec la participation de l’historien de l’art Michel Lessard (NOTE 17). Construite en 1689 sur les fondations d’une habitation de bois incendiée en 1682, cette maison est l’un des rares bâtiments à avoir survécu au Siège de Québec de 1759. Des réparations ont dû être effectuées pour solidifier sa charpente dans les années suivant la Conquête britannique, mais la maçonnerie actuelle est d’origine. Elle conserve également de nombreux éléments architecturaux intérieurs et extérieurs datant des années 1760 comme des planchers en madriers de pin, des poutres apparentes au plafond et la charpente de la toiture. Il s’agit d’un précieux exemple de maison urbaine datant du Régime français, remarquable en raison de ses éléments authentiques. Ce fait est attribuable à la volonté de Vilandré et Lessard de suivre un plan de restauration qui respectait l’allure de la maison, transformée par trois siècles d’histoire et de styles architecturaux. Ainsi, les modifications apportées à la fin du XIXe siècle, comme une partie de revêtement en briques et des vitrines au rez-de-chaussée, du côté de la façade donnant sur le fleuve, ont été laissées visibles. À l’instar de Gérard Paris et Jacques de Blois, les deux hommes souhaitaient éviter de procéder à une reconstruction et à une interprétation de l’immeuble.

 

Un patrimoine revitalisé

Rue du Petit-Champlain, janvier 2010

Aujourd’hui, le Quartier Petit Champlain constitue un exemple de revitalisation particulièrement réussie du patrimoine bâti d’un quartier historique en évolution. Les interventions réalisées s’insèrent dans une trame urbaine qui a laissé apparentes l’usure du temps et les diverses traces du passé. Le recyclage d’anciens matériaux de construction, de pièces de mobilier et d’éléments architecturaux témoigne d’une volonté affirmée de respecter l’héritage de trois siècles d’histoire. Rêvant de revitaliser un quartier du Vieux-Québec et de le rendre à nouveau dynamique, animé et accueillant, Gérard Paris et Jacques de Blois ont fait revivre la vocation ancienne de quartier des artisans du Petit Champlain, incluant sa représentation visuelle par le biais d’enseignes inspirées de modèles du Régime français. Ainsi, ce quartier a pu renaître de ses cendres grâce à la mise en valeur du savoir-faire des artisans, en lien avec le patrimoine immatériel authentique de l’endroit. Aujourd’hui, la fonction commerciale du quartier du Petit Champlain a pris le dessus sur les activités de production artisanale, tout en conservant son cachet unique et sa grande vitalité. Le quartier est demeuré le témoin vivant du rêve, inédit au Canada, que deux hommes déterminés ont réalisé, en démontrant l’importance d’une réanimation urbaine reposant avant tout sur les dimensions humaines.

 

 

Sébastien Couvrette

Historien, Université Laval

 

 

Documents complémentairesCertains documents complémentaires nécessitent un plugiciel pour être consultés

Vidéo
  • Entrevue avec Denis Vaugeois sur le quartier Petit-Champlain, à Québec Denis Vaugeois, ex-ministre reponsable du dossier au tournant des années 1970 et 1980, raconte l'histoire de la revitalisation du quartier du Petit-Champlain, résultat du rêve de deux hommes entreprenants, tenaces et visionnaires : Gerry Paris et Jacques de Blois. Séquences d'archives, photographies et dessins de Jacques de Blois agrémentent l’entrevue, en alternance avec des prises de vue récentes. Ce document permet de revivre l'épopée de ce projet unique.
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Médias 360
  • Escalier Casse Cou
  • Petit Champlain
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Québec, d'hier à aujourd'hui

Notes

1. http://www.cnw.ca/en/releases/archive/May2011/16/c4439.html

2. Luc Noppen, « L’image française du Vieux-Québec », Cap-aux-Diamants, vol. 2, no 2 (1986), p. 13-17. Sur l’emplacement de la fontaine, voir le très intéressant article en ligne suivant : http://www.quebecurbain.qc.ca/2011/06/25/la-fontaine-de-champlain/

3. En 1895, l’escalier sera reconstruit en fer. L’escalier actuel a été installé en 1968.  http://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/rues/casse_cou.shtml

4. Pour un bref historique du funiculaire, voir http://www.funiculaire-quebec.com/fr/historique.htm

5.http://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/rues/petit_champlain.shtml http://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/rues/champlain.shtml

6. Les artisans de la Basse-Ville de Québec sont surtout localisés sur la rue du Petit-Champlain. Avec le temps, leur nombre diminue; ils représentent 22 % de la population du secteur de Place-Royale en 1682, proportion qui tombe à environ 12 % en 1860. Yves Laframboise et Monique La Grenade-Meunier, La fonction résidentielle à Place-Royale, 1760-1820, synthèse, Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 10. Yves Laframboise, La fonction résidentielle de Place-Royale, 1820-1860, synthèse, Québec, Les Publications du Québec, 1991, p. 12.

7. Réginald Auger et William Moss, « Place-Royale : archéologie d’une période oubliée », Continuité, no 85 (2000), p. 10-13.

8. Jacques de Blois, Le rêve du Petit-Champlain. Vieux-Québec, 1976-1985, Québec (Sillery), Septentrion, 2007, p. 46.

9. de Blois, Le rêve du Petit-Champlain..., p. 10-11, 14-21. 

10. Du nom des trois associés dans c eprojet, Hugues Roberge, Gerry Paris et Jacques de Blois.

11. de Blois, Le rêve du Petit-Champlain…, p. 22.

12. de Blois, Le rêve du Petit-Champlain…, p. 48-53.

13. de Blois, Le rêve du Petit-Champlain…, p. 85.

14. Créée en 1982, la Société de développement des industries de la culture et des communications (SODICC) est remplacée en 1988 par la Société générale des industries culturelles et deviendra la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) en 1995.

15. de Blois, Le rêve du Petit-Champlain…, p. 133.

16. http://www.quartierpetitchamplain.com/a-propos#La_Coop_en_bref

17. Pour des informations concernant la maison Jean-Demers, consulter le http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/RPCQ/detailBien.do?methode=consulter&bienId=92653


Bibliographie

Auger, Réginald et William Moss, « Place-Royale : archéologie d’une période oubliée », Continuité, no 85 (2000), p. 10-13.

de Blois, Jacques, Le rêve du Petit-Champlain. Vieux-Québec, 1976-1985, Québec (Sillery), Septentrion, 2007.

Noppen, Luc, « L’image française du Vieux-Québec », Cap-aux-Diamants, vol. 2, no 2 (1986), p. 13-17.

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