Le Fort William, centre opérationnel de la Compagnie du Nord-Ouest entre 1803 et 1821, constitue une plaque tournante dans l’histoire du Canada. À compter de 1971, il a été fidèlement reconstruit comme site historique, à 15 km de son emplacement originel à l’embouchure de la rivière Kaministiquia, sur la rive nord du lac Supérieur. Fort William est un lieu de passage majeur à bien des égards. Aux XVIIIe et XIXe siècles, il servait de point de rencontre entre l’est et l’ouest du continent dans l’importante industrie de la fourrure à l’ouest des Grands Lacs. Aujourd’hui, il joue encore ce rôle, mais entre les dizaines de milliers de visiteurs contemporains qui fréquentent ce site chaque année et les personnages autochtones, canadiens-français et écossais de cette époque charnière de l’histoire canadienne.
L'hiver québécois est long et rigoureux. Lorsque les premiers Français se sont établis sur les rives du Saint-Laurent, l’adaptation à l’hiver représentait pour eux un défi de taille. Tous les aspects de leur vie ont été touchés : agriculture et alimentation, transports, habitation, vêtement, relations humaines et culture. Les Amérindiens ont grandement facilité leur adaptation. Puis, de génération en génération, l’ingéniosité des habitants et leur volonté d’atténuer les contraintes de l’hiver ont suscité l’invention d’outils et d’équipements plus performants, ainsi que l’apparition de nouvelles façons de faire. Aujourd’hui, il est possible de poursuivre à peu près les mêmes activités à l’année longue, une situation inconcevable il n’y a pas si longtemps. L’adaptation progressive à l’hiver marque notre histoire, notre patrimoine; elle meuble aussi nos musées et nos mémoires.
En 2011, la communauté francophone de l’Alberta représentait 2,2% de la population de cette province majoritairement anglophone. Depuis longtemps, la sauvegarde de la langue française dans l’Ouest canadien est un combat. C’est pourquoi les Franco-Albertains se sont dotés dès 1926 d’une association permettant de défendre la francophonie et d’assurer à la population d’expression française une éducation en français : l’Association canadienne-française de l’Alberta (ACFA). Cette association engagée tant dans les communautés locales qu’au niveau de la politique provinciale et fédérale a joué un rôle prépondérant dans le maintien et la transmission du patrimoine culturel des francophones de la province.
Vers la fin du XVIIIe siècle, les femmes métisses de la région des Grands lacs et de la rivière Rouge, au Manitoba, confectionnaient des mocassins, des sacs à tabac, des selles, des gants et des habits décorés de perles et de soies de couleurs vives qui retenaient l'attention des visiteurs de passage. Grâce au fruit de leur inspiration, elles développent un style distinct de motifs floraux qui deviendra la norme tout au long du XIXe siècle. C'est ce style qui leur valu l'appellation amérindienne de « peuple de broderies de perles à motifs floraux ». Les femmes métisses ont laissé au Canada un patrimoine culturel unique par le style qu'elles ont développé au fil du temps. Bien que cet art ait été oublié et qu'il soit, encore aujourd'hui, largement méconnu du grand public, il existe quelques collections muséales qui mettent en valeur certains de ces objets, notamment celle de James Carnegie (9e Earl of Southesk), exposée au Royal Alberta Museum à Edmonton. En outre, comme par le passé, les femmes métisses continuent de produire et de vendre des vêtements et des objets qui leur permettent d'acquérir une plus grande indépendance économique au sein de leur famille et de leur communauté.
En 2000, le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada a désigné le caribou de la Gaspésie « espèce en voie de disparition ». Le troupeau de caribous de la Gaspésie, estimé à 200 têtes en 2006, est un vestige des grandes populations de caribous des bois qui parcouraient encore la majeure partie du nord-est de l’Amérique jusqu’à la fin du XIXe siècle. Il s’agit du seul troupeau de cette espèce qui vive encore au sud du fleuve Saint-Laurent. Malgré les mesures de protection en place sur le territoire du parc national de la Gaspésie, qui est aujourd’hui le principal habitat du caribou de la Gaspésie, la survie de la population est toujours menacée et fait débat. Les nombreux efforts de conservation qui sont déployés pour maintenir cette population relique, à la fois témoignage du passé et attrait touristique majeur de la région, ne sont pas sans conséquences pour d’autres espèces animales et pour l’économie de la région.
Le castor, petit animal robuste et laborieux, a été officiellement reconnu comme emblème du Canada en 1975. Depuis 1937, sa présence sur les pièces de cinq cents rappelle le rôle prédominant qu’il a joué dans l’économie de la Nouvelle-France, puis de la colonie britannique du Canada aux XVIIe et XVIIIe siècles, alors que les chapeaux confectionnés en feutre tiré de sa fourrure étaient très prisés par les Européens. Animal emblématique de certains groupes amérindiens, le castor est représenté dans de nombreuses armoiries comme celles de la Compagnie de la baie d’Hudson, au XVIIe siècle, et de la Ville de Montréal au XIXe siècle. Il apparaît également sur le premier timbre-poste canadien créé en 1851. De nos jours, le castor, à l’instar de la feuille d’érable, constitue une image fortement évocatrice de l’identité canadienne.
Témoins de la présence française et catholique dans l’Ouest canadien, six églises se sont succédé depuis 1818 à Saint-Boniface, une ville aujourd’hui annexée à Winnipeg (Manitoba), au bord de la rivière Rouge. La mission de Saint-Boniface a connu un extraordinaire développement en une cinquantaine d’années, passant d’une simple mission au siège d’un vaste archidiocèse couvrant presque tout l’Ouest canadien. Cette expansion a entraîné la construction de cinq cathédrales successives. La plus grande et la plus prestigieuse de celles-ci, œuvre du deuxième archevêque, Adélard Langevin, a été inaugurée en 1908. Au grand désarroi de la population francophone, qui voyait en elle le symbole de sa vitalité, un violent incendie la dévaste en 1968. Aujourd’hui, au cœur des ruines de cet édifice exceptionnel, l’actuelle cathédrale de Saint-Boniface, consacrée en 1972, perpétue la valeur patrimoniale de ce lieu hautement symbolique de la présence francophone dans l’Ouest.
La ceinture fléchée est un symbole vestimentaire fort de la culture francophone d'Amérique. Cet objet a connu un usage quasi généralisé pendant environ un siècle, soit de la fin du XVIIIe siècle à la fin du XIXe, avant de subir un déclin lié à celui du commerce des fourrures. Par la suite, ce « chef-d'œuvre de l'industrie domestique au Canada », comme l'écrivait E.-Z. Massicotte, a toujours été associé aux cultures traditionnelles canadiennes-françaises et métisses. Aujourd'hui, des passionnés se sont investis dans la sauvegarde de cette pratique. Grâce à des artisanes et des artisans qui continuent à tisser des ceintures selon la tradition, cette technique exclusive reste vivante.
Les négociants canadiens-français et les Métis ont établi un vaste réseau de routes commerciales à travers les Prairies en se servant des sentiers indiens qui, souvent, suivaient les pistes empruntées par les bisons. Les artisans métis des colonies de la rivière Rouge ont créé une charrette unique qui a joué un rôle crucial dans l’expansion de ces routes commerciales : la charrette de la rivière Rouge, l'un des symboles les plus connus de la culture métisse. Elle symbolise l’ingéniosité des Métis, leur mode de vie nomade et leur habileté commerciale qui ont contribué au développement de l’économie des Prairies. Le Red River Metis Heritage Group fabrique encore cette charrette aujourd’hui à St. Norbert, au Manitoba.
La chasse à l’orignal occupe une place importante dans l’histoire et les traditions québécoises et canadiennes-françaises. Roi des forêts d’Amérique du Nord, gibier fabuleux, cet animal à l’allure puissante et à l’imposant panache incarne la force et l’endurance. Sa chasse a longtemps été non seulement une nécessité liée à la survie alimentaire, mais aussi un rite de passage pour les jeunes hommes. Depuis le milieu du XXe siècle, elle est devenue une activité essentiellement sportive et récréative, qui demeure encore fort appréciée de nos jours, tandis que l’on continue d’admirer la force symbolique et la charge mythique associées à l’orignal.
À un kilomètre du Parlement canadien, le secteur de la chute des Chaudières compte de précieuses traces de l’Amérique française. Le sentier des Voyageurs, les glissoirs à radeaux, le pont des Chaudières et le cadre bâti industriel sont autant de vestiges porteurs d’un vécu francophone interrelié à d’autres communautés. À ces biens s’ajoutent des personnages historiques nationaux dont Philemon Wright, fondateur du patelin qui deviendra la ville de Gatineau. Fait intéressant, la trajectoire historique du secteur des Chaudières se décline en une série d’œuvres paysagères qui ajoutent au lieu à la fois de la mémoire et de l’imagination, soit de l’esprit. Ces œuvres deviennent ainsi un important vecteur de l’esprit du lieu.
À Montréal, la place Royale plonge ses racines dans mille ans d’occupation humaine, de la présence amérindienne jusqu’au milieu du XXe siècle. Véritable carrefour d’échange et de commerce, elle accueille le marché du XVIIe au XIXe siècle. En 1836-1838, l’édifice de la première douane de Montréal y est érigé et, à ses pieds, le square de la Douane est aménagé. Elle prend le nom de place Royale en 1892. Un siècle plus tard, la place Royale et l’ancienne douane sont intégrées à Pointe-à-Callière, cité d’d’archéologie et d’histoire de Montréal, qui les met aujourd’hui en valeur.
La colline du Calvaire d’Oka est un site patrimonial important, mais quelque peu oublié aujourd’hui. Il est situé au cœur du parc national d’Oka, à l’ouest de l’île de Montréal. La construction de ce chemin de croix remonte aux années 1740, au moment où la Nouvelle-France atteint son apogée. Il prend la forme d’un sentier forestier conduisant à trois chapelles juchées au sommet et le long duquel s’échelonnent quatre oratoires. Au départ, les missionnaires s’en servent pour enseigner aux néophytes amérindiens les moments forts de la Passion du Christ. Puis, au XIXe siècle, le calvaire d’Oka devient l’un des plus importants lieux de pèlerinage du Québec. Depuis 1974, les autorités du parc d’Oka cherchent à protéger le caractère unique de ce site et à mettre en valeur ce joyau d’architecture religieuse datant de la Nouvelle-France.
Il existe des centaines d'ouvrages consacrés à l'expédition de Lewis et Clark, chargés par le président Jefferson de trouver « la voie de communication par eau la plus directe et la plus praticable pour traverser le continent ». Pour les Américains, le bassin ouest du Mississippi, c'est l'inconnu. Il en va tout autrement pour les Canadiens qui fréquentent cette région depuis les débuts du XVIIIe siècle. Dès 1721, le père Charlevoix s'arrête à Kaskaskia, Cahokia et Natchez; il signale que le Missouri conduit sans doute à la mer de l'ouest. La petite ville de Saint-Louis, située à l'embouchure du Missouri, deviendra le point de départ du corps expéditionnaire de Lewis et Clark. Ils y recrutent des Canadiens familiers avec le Missouri. Ceux-ci agiront comme guides, pilotes, interprètes et chasseurs. Même si on le signale rarement, ils assureront le succès de l'entreprise. À titre d'exemple, Lewis n'entreprend jamais une action importante sans être accompagné de Georges Drouillard qui « mérite la plus haute recommandation », notera-t-il dans son journal au retour de l'expédition. La fameuse expédition de Lewis et Clark appartient sans conteste à l'histoire de l'Amérique française.
Coutume datant du Régime français, la criée des âmes est une pratique culturelle à la jonction du religieux et du populaire. À l’origine, elle prenait la forme d’un encan dont les profits servaient à payer des messes pour les âmes du purgatoire. De nos jours, elle constitue une activité de collecte de fonds originale permettant à des paroisses québécoises de subvenir à l’entretien des églises. À L’Islet-sur-Mer, dans la région de Chaudière-Appalaches, au Québec, une criée des âmes a lieu annuellement depuis 1980. Cette cérémonie est également une occasion privilégiée de ressusciter plusieurs pratiques culturelles ancestrales de la région, comme les promenades en berlots, les conducteurs de carrioles vêtus de « capots de chat » et les bolées de chiard blanc.
Alexander Mackenzie est avant tout un explorateur. Il découvre d’abord le fleuve qui porte aujourd’hui son nom, qui se déverse dans l’océan Arctique. Puis il est le premier à réussir la traversée des Rocheuses pour atteindre le Pacifique. Dans le domaine du commerce des fourrures, il faut retenir que Mackenzie a été l’un des premiers à comprendre que l’avenir de la traite en Amérique passait par la fusion des deux principales compagnies rivales, la Compagnie du Nord-Ouest (North West Company) et la Compagnie de la Baie d’Hudson (Hudson’s Bay Company). Mais Mackenzie manquait de talent diplomatique, autant dans ses relations avec ses associés de la Compagnie du Nord-Ouest qu’avec les Amérindiens et il a proposé cette fusion trop tôt. Néanmoins, Alexander Mackenzie était un voyageur intrépide et infatigable qui a laissé sa marque dans l’histoire du Canada, en contribuant de façon importante à l’agrandissement du territoire et l’avancement des connaissances géographiques. Comme d’autres personnages historiques, Alexander Mackenzie a marqué l’imaginaire de plusieurs générations, qui ont rendu hommage à sa mémoire de multiples façons : en donnant son nom à des lieux, des bâtiments, des bateaux, des stations de métro, des parcs, des rues, etc.; en mettant en valeur les sites où il a vécu et parfois ceux où il est simplement passé; en reconstituant son histoire par des livres, des films, des expositions; en rappelant son nom par diverses formes de commémoration : installation de monument, pièces de monnaies, timbres, etc.
L’église Notre-Dame-des-Victoires, dont la construction a débuté en 1688, s’élève à l’endroit considéré comme étant le berceau de l’Amérique française. En effet, sur ce même emplacement, Samuel de Champlain érigeait son Habitation en 1608, acte fondateur de l’histoire de la ville de Québec et du Canada. Le nom de l’église rappelle deux victoires remportées contre les Anglais, lors de tentatives infructueuses de prendre Québec, en 1690 et 1711. Les bombardements qui précédèrent la prise de Québec par les troupes de Wolfe en 1759 laissèrent en ruines de nombreux bâtiments de la Place-Royale, dont cette église. Par la suite, les nombreuses rénovations réalisées pour assurer la survie du monument en ont transformé l’aspect extérieur. Mise en valeur par un système d’éclairage depuis 2008, en l’honneur du 400e anniversaire de la fondation de Québec, l’église Notre-Dame-des-Victoires témoigne aujourd’hui de plus de trois siècles de patrimoine architectural.
Étienne Brûlé, truchement ou interprète de Samuel de Champlain, est un personnage peu connu de l'histoire de la Nouvelle-France. Il n'a laissé aucuns écrits et on connaît, de son vivant, que très peu de choses à son égard. Son récit de vie, aussi mince soit-il, a cependant fait l'objet d'une métamorphose intéressante au cours des 400 dernières années. Présenté parfois comme traître, parfois comme héros, Brûlé fascine par ses scandales, ses exploits, et par le mystère qui entoure sa mort. Il est aujourd'hui célébré comme le premier Français à avoir habité le territoire de la province de l'Ontario actuelle et certains voient en lui le premier Franco-Ontarien.
Si Montréal a la réputation d'être une ville de festivals, on peut en dire autant du Québec tout entier. Ancrés dans la culture et dans le quotidien des Québécois, s'enracinant dans une longue tradition de fêtes foraines, les festivals s'égrènent tout au long de l'année dans plusieurs centaines de villes et de villages de la province. Environ la moitié de ces rassemblements populaires sont de type saisonnier (festival d'été ou carnaval d'hiver, par exemple), l'autre moitié s'appuyant plutôt sur des expressions culturelles, des manifestations sportives, ou encore sur une caractéristique ou une identité locale particulière. Dans de nombreuses régions, ces événements servent à soutenir la vie communautaire et le développement économique. Les festivals s'avèrent sans contredit un élément constitutif original du patrimoine culturel immatériel du Québec.
Méconnues, les Filles du roi qui ont immigré en Nouvelle-France entre 1663 et 1673 souffrent encore de la mauvaise réputation qu’on leur a faite injustement. En effet, certains commentateurs ont pris plaisir à les qualifier de « filles de joie », malgré la fausseté maintenant démontrée de cette affirmation. Les commémorations du 350e anniversaire de l’arrivée des premières d’entre elles, qui se sont déroulées tant en France qu’au Québec en 2013, avaient pour but de rappeler leur inestimable contribution au développement de la fragile colonie qu’était alors la Nouvelle-France. Ces célébrations ont aussi mis en valeur leur rôle de « mères de la nation québécoise », titre bien mérité puisqu’elles sont à l’origine d’une grande partie de la population du Québec contemporain.
Situé près de Prairie du Rocher dans l’état de l’Illinois, le Fort de Chartres est le seul fort en pierre construit par les Français au cœur du continent nord-américain. Trois forts se succèdent entre 1720 et 1755, témoins de l’Empire colonial français établi dans le bassin du Mississippi au XVIIIe siècle. Laissé à l’abandon pendant plusieurs décennies, c’est dans l’élan de développement de sites historiques de la première moitié du XXe siècle que l’état de l’Illinois le reconstruit en partie afin de perpétuer la mémoire de la présence française dans la région.
Le Lieu historique national du Canada du Fort-Témiscamingue-Obadjiwan illustre l’importance de la traite des fourrures dans l’économie canadienne et témoigne de la rivalité franco-anglaise pour le contrôle de ce commerce. Il joue également un rôle central dans la définition identitaire des habitants du Témiscamingue, qu’ils soient d’origine anishinabe (algonquine), française ou anglaise. Cet endroit est fréquenté depuis 6 000 ans. Il a servi de lieu de rencontre et d’échange aux Anishinabes, aux voyageurs français et anglais qui se sont livrés à la traite des fourrures, aux colons canadiens-français du Témiscamingue. Devenu aujourd'hui lieu touristique, le site fonctionne dans un esprit de gestion conjointe entre Parcs Canada et la Timiskaming First Nation en vertu d’une entente de partenariat sur le point d'être conclue. Cette entente a pour objectif d'offrir aux visiteurs un programme d’interprétation pluriculturel.
Vue du large, la Forteresse de Louisbourg se dresse sur une péninsule basse située sur la rive nord-est de l'île du Cap-Breton, comme si elle surgissait de la mer. Par voie terrestre, le long de la route 22 à partir de Sydney, les quelques cinquante bâtiments de ce pittoresque complexe historique créent une impression tout aussi forte, tels des survivants d'une autre époque. En y regardant de plus près, le visiteur s'aperçoit que cet ensemble évoquant le XVIIIe siècle, presque entièrement entouré de fortifications, semble là depuis plusieurs siècles. Bien sûr, il n'en est rien, puisqu'il s'agit d'une reconstitution de Louisbourg au cinquième de la ville fortifiée originale qui comptait 250 édifices érigés par des colons français entre 1713 et 1745. Cet ambitieux projet de reconstruction a été élaboré dans la seconde moitié du XXe siècle et réalisé entre 1961 et 1975, afin de créer une attraction touristique culturelle d'importance au Canada atlantique et de susciter intérêt et fierté à l'égard d'un pan alors peu connu de l'histoire du Canada.
Les francophones représentent aujourd'hui une fraction minime de la population de Terre-Neuve-et-Labrador. Si les Français ont laissé plusieurs traces historiques sur ce territoire depuis le 16e siècle, aujourd'hui leur présence ressemble davantage à un espace imaginaire qu'elle ne traduit un enracinement concret. Ce lieu anthropologique s'apparente en quelque sorte à une communauté « fantôme », nourrie par de nombreux souvenirs, des échos culturels transmis par l'histoire et la littérature, ainsi que par la toponymie et quelques vestiges d'un passé presque disparu. Pourtant, cette présence française est connue, étudiée et même célébrée. Les fêtes commémoratives de 2004 ont d'ailleurs été l'occasion de raviver le patrimoine francophone de Terre-Neuve-et-Labrador.
French Prairie, située dans la vallée de la Willamette dans l’État d’Oregon, tire son nom des familles biculturelles canadiennes-françaises et indiennes qui ont colonisé la région au cours des années 1820 et 1830. Ces colons franco-indiens ont été d’importants acteurs historiques dans la colonisation euro-américaine de la région qui a débuté dès les années 1810 avec le commerce des fourrures par voie terrestre. À l’origine, French Prairie était le domaine des Ahantchuyuk Kalapuyan, peuple autochtone dont la population a abruptement chuté au cours des années 1830 et 1840, à cause de la maladie et de l’émigration euro-américaine. Plus tard, la vallée de la Willamette est devenue une des principales destinations des colons américains empruntant la piste de l’Oregon pendant les années 1840. Après l’assimilation éventuelle des familles franco-indiennes et l’ascension politique des Anglo-Américains, le rôle historique des francophones a souvent été négligé dans les textes traditionnels de l’histoire de l’Oregon. Malgré tout, l’histoire et le patrimoine des colons francophones ont survécu dans la mémoire de leurs descendants. Aujourd’hui, les touristes du XXIe siècle qui visitent le Champoeg State Heritage Area ont l’occasion de découvrir les colons franco-indiens de French Prairie.
L’exposition d’aliments, le plus souvent d'origine animale, à la fumée de bois pour en assurer la conservation et l'aromatisation est une technique pratiquée depuis longtemps par l'Homme et, tout particulièrement, par les Amérindiens. Avec l'arrivée en Nouvelle-France des premiers colons, qui éprouvent certaines difficultés à s'adapter à leur nouveau milieu de vie, on observe rapidement un transfert culturel de cette technique autochtone. Moins pratiqué que le salage ou le saumurage, techniques de conservation privilégiées par les Européens, voire que la congélation, qui tire profit des hivers rigoureux de la vallée du Saint-Laurent, le fumage s'intègre tout de même aux pratiques alimentaires qui s'élaborent au fil des siècles au Québec. On en trouve encore aujourd’hui des manifestations dynamiques et l'industrie du fumage demeure bien vivante.
La nation métisse d'Amérique du Nord naquit de la rencontre entre les mondes amérindiens et européens entre le XVIIe et le XIXe siècle. Gabriel Dumont, figure emblématique de ce peuple aux côtés de son ami Louis Riel, en défendit les droits par les armes non seulement à Batoche en 1885, mais aussi en paroles en Nouvelle-Angleterre et au Québec, où il tenta à partir de 1888 de présenter les Métis canadiens-français comme civilisateurs des Prairies. Ses capacités d'organisateur, sa loyauté, son esprit de décision et son obstination hors du commun inspirent toujours les multiples organismes métis à travers le Canada et les États-Unis. Les gestes posés par Gabriel Dumont inscrivent en toute légitimité la nation métisse au cœur du patrimoine de l'Amérique française.
Situé non loin de la petite ville d’Annapolis Royal en Nouvelle-Écosse, le lieu historique national du Canada de Port-Royal a pour but de redonner vie à la colonie française fondée en 1605 par Pierre Dugua de Mons et ses compagnons, dont l’illustre Samuel de Champlain et le non moins célèbre Jean de Biencourt de Poutrincourt et de Saint-Just. À l’approche de ce lieu historique national du Canada, le visiteur peut facilement se méprendre sur l’authenticité de ce complexe fortifié du début du XVIIe siècle, sis sur le bord de la route 1 qui longe le bassin d’Annapolis. En réalité, cet ensemble de bâtiments caractéristiques d’une autre époque n’est qu’une reconstitution historique, la première de son genre au Canada, dont l’origine remonte à la fin des années 1930.
Dès la seconde moitié du XVIIIe siècle, la traite des fourrures dans les « Pays d’en haut » voit naître deux communautés distinctes issues d’unions entre femmes autochtones et hommes blancs : les Métis francophones et les Métis anglophones (les « Halfbreeds »). Avec le temps, le français ou l’anglais que les enfants métis avaient appris de leur père a évolué de manière particulière et a donné naissance à deux variétés locales : le français mitchif et le bungee -- une forme vernaculaire de l’anglais. Mais ces enfants métis avaient également appris la ou les langues de la mère et une nouvelle langue est apparue, le mitchif, étonnante fusion d’éléments français et d’éléments cris et ojibwés. Tout ce patrimoine linguistique est aujourd’hui en voie d’extinction.
Cette petite île de deux kilomètres de long et d’un demi-kilomètre de large, située dans l’estuaire du Saint-Laurent face à la ville de Trois-Pistoles, est reconnue comme site patrimonial tant pour la richesse de ses ressources naturelles que culturelles. La Société Provancher d’histoire naturelle du Canada achète en 1929 l’île aux Basques pour en faire une des toutes premières réserves naturelles protégées au Québec, en raison de sa grande diversité ornithologique. En effet, on y compte quelque 229 espèces recensées, soit près des deux tiers des espèces d’oiseaux connues dans la province. Quant à l’histoire culturelle, l’île renferme une variété importante de sites amérindiens et elle constitue le premier lieu d’établissement des Basques sur le territoire actuel du Québec, à la fin du XVIe siècle. L’île aux Basques est donc l’un des premiers sites d’occupation européenne dans l’est du Canada. Un centre muséographique, baptisé Parc de l’aventure basque en Amérique, a été construit en 1996 sur la terre ferme, à Trois-Pistoles, et un autre sur l’île en 1999, afin d’informer le public de cette page fascinante mais peu connue de l’histoire canadienne. La Commission des lieux et monuments historiques du Canada a classé l’île aux Basques Lieu historique national du Canada en 2001.
Joseph Montferrand, dit Favre, mieux connu sous le nom de Jos Montferrand, demeure l’une des plus grandes figures légendaires du Canada français. En Amérique du Nord, le héros porte entre autres le nom de Montferan, Muffraw Mouffreau, Mufferon, Maufree et Murphy. Bien qu’il soit étroitement lié à l’Outaouais, le bûcheron, draveur, contremaître, cageux et homme fort n’est pas originaire de la région. Il y passe toutefois la moitié de sa vie, attiré par l’industrie forestière qui s’avère le moteur du développement de l’Outaouais au XIXe siècle. C’est là qu’il entre dans la légende, puisque encore aujourd’hui, il s’avère impossible de savoir lesquels de ses exploits relèvent du folklore et de la réalité.
L’histoire de La Rochelle, c’est l’histoire de ses différents ports qui traduisent la capacité des Rochelais à participer à toutes les dynamiques atlantiques entre le XIIe et le XVIIIe siècle. La participation précoce aux grandes découvertes, les échanges avec les Amériques et avec le reste du Monde au gré des entreprises coloniales et des opportunités économiques installent la ville-port dans le groupe des grandes cités maritimes du monde atlantique. Une vieille histoire ! Il n’est pas étonnant de voir sur le territoire d’une agglomération forte aujourd’hui de près de 150 000 habitants et dans le paysage urbain de la vieille ville, les marques de cette aventure française en Amérique du Nord. Une aventure de coopération France-Québec qui se poursuit d’ailleurs aujourd’hui de multiples façons.
La Vérendrye fait partie des explorateurs marquants de l’histoire de la Nouvelle-France. Il reste une des grandes figures emblématiques de l'Ouest canadien du fait qu'il est le premier voyageur à atteindre la région de Winnipeg. Il est particulièrement célébré au Manitoba par des fêtes commémoratives, des événements culturels et par les arts : ces manifestations soulignent que le fait français dans les Prairies remonte aux initiatives du découvreur. Aux yeux de plusieurs, La Vérendrye se présente comme l'archétype du voyageur idéal. Il symbolise le courage et l’esprit d'aventure, des qualités bien ancrées dans la mentalité des voyageurs francophones, métis et anglophones qui ont peuplé progressivement cet espace géographique de l'Amérique du Nord.
Le 24 juillet 1991, Douglas Crosby, président de la Conférence oblate du Canada, choisissait le site sacré du lac Sainte-Anne pour présenter, au nom de 1 200 Oblats, des excuses aux Premières nations du Canada pour « certains effets négatifs » que les pensionnats ont eus sur les autochtones. Le choix de ce lieu n'est pas anodin : le lac Sainte-Anne revêt en effet une grande importance dans la spiritualité traditionnelle, mais aussi dans l'histoire des relations franco-amérindiennes de l'Ouest. Situé à une soixantaine de kilomètres au nord-ouest d'Edmonton, en plein cœur de la province de l'Alberta, le lac Sainte-Anne était un lieu de rassemblement ancestral. Depuis 1889, les autochtones (Cris, Dénés, Pieds‑noirs et Métis) viennent y célébrer la fête de sainte Anne. Chaque année, en juillet, le site reçoit de 35 000 à 40 000 pèlerins provenant du Canada et des Etats-Unis. Le 19 juillet 2007, Parcs Canada et la Commission des lieux et monuments historiques du Canada y dévoilaient une plaque commémorant l'importance historique nationale de ce lieu de pèlerinage.
En 2005, au moment où la Communauté métisse du Domaine du Roi et de la Seigneurie de Mingan émerge en tant qu’organisation politique au Québec, elle se crée un logo afin de signaler sa présence et de se rendre visible comme communauté métisse contemporaine. La Communauté réunit des individus s’identifiant comme Métis et cherchant à se faire reconnaître comme tels devant les tribunaux, alors qu’aucune communauté métisse n’est officiellement reconnue au Québec en 2010. Cette reconnaissance implique l’octroie de droits protégeant leurs activités de subsistance telles que la chasse, la pêche et la cueillette. Les composants de ce logo représentent différents référents culturels illustrant une riche histoire, en même temps que des emprunts et des réappropriations que les membres de la Communauté mettent en valeur dans leurs stratégies politiques de reconnaissance. Ce logo est devenu l’emblème de la Communauté et témoigne de la façon dont les Métis cherchent à s’ancrer, comme groupe distinct, dans l’héritage de l’Amérique française.
Louis de Buade, comte de Frontenac et de Palluau, est un personnage marquant de l’histoire de la Nouvelle-France. Grand administrateur, figure de proue du commerce des fourrures, il a contribué à une large expansion du territoire de la Nouvelle-France. Gouverneur de 1672 à 1682, puis de 1689 à 1698, il a représenté pendant près de vingt ans le roi de France Louis XIV dans l’immense Amérique du Nord française et a repoussé victorieusement l’attaque des Anglais sur Québec en 1690. Il est l’un des personnages les plus connus de l’histoire de la Nouvelle-France au Québec, où son rôle a été maintes fois souligné. Par contre, en France, il est resté dans l’ombre jusqu’à une date récente.
Louis Riel, figure emblématique des Métis, est un personnage central mais controversé de l'histoire du Canada : héros et patriote pour les uns, traître et meurtrier pour les autres. Il a pris la tête de deux mouvements de résistance afin de s’opposer à la politique colonialiste de son temps, d’abord à la rivière Rouge (futur Manitoba) en 1869-1870, puis à Batoche (Saskatchewan) en 1885. Ce visionnaire, « prophète du Nouveau Monde » et père fondateur de la province du Manitoba (1870) a toujours soutenu la cause des Métis. Il a payé de sa vie, le 16 novembre 1885, son rêve d'établir une société autochtone et multiculturelle au sein de laquelle tous les Canadiens auraient vécu en bonne harmonie. Peu d’hommes publics de son temps sont encore aussi largement connus que lui.
La présence francophone en Colombie-Britannique remonte à plus de deux siècles. Plusieurs membres des expéditions des explorateurs Mackenzie et Fraser traversent d’abord les Rocheuses et atteignent le Pacifique, puis des « voyageurs » francophones de la traite des fourrures s’établissent dans diverses régions de la province au cours du XIXe siècle. À compter de 1909, la communauté de Maillardville constitue un autre exemple du rôle joué par les Canadiens français dans le développement de cette province. Quelques centaines de Canadiens français arrivent alors en Colombie-Britannique, recrutés pour travailler dans une scierie située sur les rives de la rivière Fraser, à l’est de Vancouver. À cette époque, Fraser Mills n’est qu’une petite « ville d’entreprise » entourée d’une forêt. Quelques années plus tard, un village comprenant une église, un couvent, une école, un bureau de poste, un poste de police et de pompiers ainsi que quelques commerces a remplacé la dense forêt au nord de la scierie. Le village francophone de Maillardville était né et allait connaître, au fil des décennies, de multiples évolutions.
La Maison Kent située dans la haute ville, à proximité du château Frontenac, est l'une des plus anciennes maisons de Québec. Construite à la fin du XVIIe siècle par les Chartier de Lotbinière, elle appartient au patrimoine de la ville. L'intérêt de cette maison réside non seulement dans ses murs vénérables, mais aussi dans l'histoire mouvementée des nombreux personnages qui s'y sont succédés. Au cours des générations, une trentaine de figures historiques ont contribué à tisser l'histoire de la ville et de la province de Québec, au fil des débats et des combats de la société canadienne-française. Ce lieu de mémoire, jalon de l'héritage culturel du Québec, a toujours été un trait d'union avec la France tout au long de son histoire, et encore plus depuis 1980, puisque cette maison abrite le Consulat général de France à Québec.
Fondé en 1939 le Musée de Saint-Boniface loge depuis 1967 dans le bâtiment le plus ancien de Winnipeg : l’ancien couvent des Sœurs Grises, reconnu lieu historique national exceptionnel par le gouvernement du Canada, désigné par le gouvernement du Manitoba en 1991 et la ville de Winnipeg en 1995. L’édifice constitue d’ailleurs le plus important artéfact du Musée qui a pour mission de le préserver et de le mettre en valeur. Cette institution a également pour mission de faire connaître l’histoire et la culture matérielle des Canadiens français et des Métis de l’Ouest canadien, particulièrement ceux qui sont originaires du Manitoba. Avec sa collection de plus de 25 000 objets, incluant le plus important fonds d’objets se rapportant à Louis Riel au Canada, le Musée de Saint-Boniface joue un rôle culturel majeur au sein de la francophonie manitobaine et de la province du Manitoba.
Situé dans un magnifique hôtel particulier du XVIIIe siècle, le Musée du Nouveau Monde illustre à travers ses collections les relations que la France entretient avec les Amériques depuis le XVIe siècle à partir de La Rochelle, l’un des principaux ports de commerce et d’émigration vers le Nouveau Monde. Peintures, gravures, cartes anciennes, sculptures, mobilier, objets d’art décoratif, évoquent le Canada, les Antilles ou encore le Brésil avec de nombreux témoignages sur le commerce triangulaire et l’esclavage. Une section est consacrée au Far-West et aux Amérindiens.
Les peuples métis, de descendance mixte française et autochtone, sont aussi issus d’autres cultures, notamment la culture écossaise. C’est dans les Prairies canadiennes au cours des années 1800 que le mot métis connut un usage courant pour désigner les enfants nés de marchands canadiens-français et de femmes des Premières Nations, principalement Crie et Ojibwé. Ces intermariages donnèrent lieu à une culture syncrétique et à la création de langues distinctes, appelées Mitchif ou Métchif, de vêtements, de nourriture et de musique également. Au cœur de la culture musicale métisse, à la fois passée et présente, existe une tradition liée au violon et à la danse qui se veut le reflet des racines écossaise, française et autochtone, ainsi que d’autres influences. La musique de violoneux a été à ce point associée à la culture métisse que les joueurs de Turtle Mountain déclarent : « Un Métchif sans violon, ça n’existe pas. La danse, le violon et le Métchif ne font qu’un »(NOTE 1).
En plus de comprendre le site historique de grande valeur de la colline du Calvaire, le Parc national d'Oka, au Québec, se situe dans un environnement naturel d'une richesse exceptionnelle. La géographie et la géologie ainsi que la faune et la flore de ce milieu y ont favorisé l'activité humaine dès la préhistoire. C'est au début des années 1960 que débutent les efforts de protection et de sauvegarde du territoire actuel du Parc, avec la création de la Réserve de chasse et de pêche de Deux-Montagnes, bientôt rebaptisée parc provincial d'Oka, puis parc national d'Oka. Ce territoire couvre actuellement 23,7 kilomètres carrés et abrite plusieurs écosystèmes qui font l'objet d'un programme permanent de suivi scientifique. Refuge pour la flore et la faune laurentiennes, ce parc témoigne de l'étonnante diversité biologique et géomorphologique du Québec méridional.
Niché à l'extrémité est de la péninsule gaspésienne, le site de Percé retient l'attention depuis des siècles. Sa géologie sans pareil séduit autant qu'elle étonne. Falaises abruptes, monolithe calcaire géant, terre rouge, cap blanc, mariage grandiose de la mer et de la montagne. Percé fascine et s'impose comme l'un des joyaux naturels du Québec. Riche d'une histoire humaine plusieurs fois centenaire, principalement marquée par la pêche, puis le tourisme, le site sert d'écrin à deux joyaux du patrimoine naturel canadien : l'impressionnant rocher Percé et l'île Bonaventure qui abrite la plus grande colonie de fous de Bassan au monde. Le Parc national de l'île-Bonaventure-et-du-rocher-Percé, créé en 1985, assure la protection de ce patrimoine naturel exceptionnel.
Le parc national de la Mauricie a été créé en 1970 afin de préserver et de mettre en valeur le riche patrimoine naturel qui caractérise la région des Laurentides méridionales. Posées sur un socle rocheux très ancien, les montagnes aux formes douces sont recouvertes d’une abondante forêt mixte qui abrite près de 150 lacs et une faune abondante. La région de la Mauricie est historiquement un lieu de passage où les peuples autochtones ont pratiqué la chasse et la pêche de subsistance, puis la traite de fourrures. Aux XIXe et XXe siècles, une exploitation forestière intensive a marqué ce territoire. À partir des années 1880, la région est aussi devenue terre de loisirs pour les riches citadins adeptes de la pêche sportive, avec l’avènement de plusieurs clubs privés de chasse et de pêche. Aujourd’hui, le parc national de la Mauricie est le refuge de nombreuses espèces fauniques, dont le loup de l’Est, l’ours noir, le castor, l’orignal et plusieurs espèces de poissons. Les visiteurs peuvent y pratiquer plusieurs activités de plein air et y découvrir une nature qui appelle à la contemplation.
Au XVIIIe siècle, le fort Saint-Joseph est l’un des plus importants postes frontaliers de la portion ouest de la région des Grands Lacs. Fondée par les Français dans les années 1680, ce qui était à l’origine une simple mission deviendra, pendant près d’un siècle, un important centre d’activité religieuse, militaire et commerciale pour les populations amérindiennes et pour les colons européens. Si les collectionneurs de la fin du XIXe siècle connaissaient l’emplacement du site, celui-ci tombe dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte, en 1998, par des archéologues de l’Université du Western Michigan. Les fouilles successives jointes à l’implication du grand public pour la préservation et la mise en valeur de ce site ont permis de faire renaître l’intérêt pour l’histoire et le patrimoine de l’époque coloniale française.
En 2012 avaient lieu les célébrations du 400e anniversaire de naissance de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve. De nombreuses activités et cérémonies se sont déroulées, tant en France qu’à Montréal, dans le cadre de ce qui a été reconnu comme Célébration nationale par le Ministère de la Culture et de la Communication de la France. Mais connaît-on bien celui qu’on qualifie maintenant de cofondateur (en compagnie de Jeanne Mance) et premier gouverneur de Ville-Marie, devenue Montréal, la métropole du Québec? Cet individu dont on commémore la mémoire dans l’histoire et le patrimoine des deux côtés de l’Atlantique.
Au cours des derniers siècles, les forêts de l’est de l’Amérique du Nord ont subi des changements draconiens. L’ouverture des terres par les Européens venus s’y établir et les divers épisodes de coupes forestières qui ont suivi ont provoqué une véritable révolution dans la trajectoire écologique des peuplements. Les forêts de pin blanc n’ont pas été épargnées. Elles ont fait l’objet d’une quête acharnée qui a duré plus de 250 ans. L’exploitation de cette précieuse ressource a été si intense que la majorité des peuplements de l’est de l’Amérique du Nord sont aujourd’hui disparus. La coupe a connu son apogée au XIXe siècle, d’abord pour combler les besoins de la marine britannique, ensuite pour soutenir le développement des villes et des villages du Canada et des États-Unis.
Le 17 février 1997, une plaque était dévoilée à la législature albertaine à Edmonton. Simultanément, on commémorait le même événement à l'hôtel Fort Garry, à Winnipeg. En ce jour de célébration étaient réunis des membres de la Nation métisse de l'Alberta et du Manitoba ainsi que des représentants du ministère du Patrimoine canadien et d'associations historiques locales. On n'inaugurait aucun monument, on ne rendait hommage à aucune personne. En fait, les représentants des différents organismes présents soulignaient l'importance historique nationale d'une route de transport qui a marqué le Nord-Ouest au cours du XIXe siècle : la piste Carlton.
La Place-Royale à Québec a fait l’objet d’une reconstruction complète de la fin des années 1960 aux années 1980. Les interventions pratiquées sur les immeubles du site visaient à leur conférer un cachet patrimonial évoquant l’esthétique du Régime français. Ce vaste projet de rénovation, financé par les gouvernements du Québec et du Canada, avait pour principal objectif de faire de la Place-Royale une importante attraction touristique de la ville de Québec. Du même souffle, l’endroit retrouvait une de ses fonctions premières, celle de ville symbolique.
La Place-Royale à Québec est un site historique et archéologique unique en Amérique du Nord. Considérée comme le lieu de naissance de l’Amérique française, elle a joué un rôle majeur dans le développement socioéconomique de la colonie française puis anglaise du Saint-Laurent, du XVIIe au XIXe siècle. À partir des années 1860, la concurrence du port de Montréal entraîne le déclin de celui de Québec et, par le fait même, du secteur de Place-Royale. Dans les années 1940, l’état de décrépitude des lieux engendre la mise sur pied d’un vaste projet de reconstruction qui sera réalisé dans les années 1970 et 1980, en vue de restituer à cet endroit son cachet français d’Ancien Régime. Les fouilles archéologiques et les recherches historiques effectuées à cette occasion ont révélé la richesse patrimoniale exceptionnelle de ce premier centre-ville français d’Amérique.
En 2001, la rivière Détroit fut ajoutée au Réseau des rivières du patrimoine canadien. Cet honneur suivait sa nomination, l’année précédente, comme rivière patrimoniale par le gouvernement des États-Unis. Seul cours d’eau en Amérique du Nord à recevoir cette double désignation, la rivière Détroit se distingue surtout en raison de son patrimoine culturel et historique. Site du plus ancien établissement européen continu en Ontario, la rivière Détroit est aussi le foyer de la première communauté francophone permanente à l’ouest de Montréal. Les membres de cette communauté célébraient en 2001 les Grandes fêtes du tricentenaire de la région Windsor/Détroit. Sous la devise « Retour aux sources – pleins feux sur l’avenir! », les francophones du Détroit se sont dès lors fixé comme objectif de faire reconnaître l’importance de ce lieu de mémoire de la francophonie ontarienne. Puisque la rivière Détroit est au cœur de la vision et du sens d’appartenance des francophones de cette région, au même titre que le fleuve Saint-Laurent irrigue la mémoire des Québécois.
La Salle est considéré comme l'un des plus grands explorateurs français de l'Amérique du Nord, tant au Canada qu'aux États-Unis. Lorsque l'histoire était enseignée dans les classes des États-Unis, principalement comme chronique héroïque du développement de la nation américaine, La Salle était inévitablement cité au même titre que le navigateur Henry Hudson et les conquistadors Coronado et Ponce de Leon. Afin d'honorer la mémoire de La Salle, on donna son nom à une voiture américaine, comme ce fut le cas pour Pontiac, De Soto et Cadillac, ces autres personnages célèbres de la période coloniale. Cependant, ce sont les récits historiques de Francis Parkman, avec leur portrait héroïque de La Salle, qui ont le plus contribué à fixer l'identité de cet explorateur et la portée de ses exploits dans la conscience nord-américaine. La Salle - que l'histoire populaire a retenu pour avoir été le premier homme à descendre le cours du Mississippi - est une personnalité historique dont la contribution à la conquête européenne et au développement de l'Amérique du Nord ne sera jamais effacée de la mémoire collective.
Le site historique Sainte-Marie-au-pays-des-Hurons situé au bord de la rivière Wye (anciennement Isiaragui en langue huronne), un affluent de la baie Georgienne, témoigne avec fierté d’un des chapitres les plus dramatiques de l’histoire de la Nouvelle-France. La reconstitution contemporaine des vingt-deux édifices entourés d’une palissade qui fait revivre les dix ans d’existence de cette mission jésuite fortifiée (1639-1649) représente un étrange paradoxe. En effet, la rencontre marquée par des conséquences tragiques de deux peuples fondateurs du Canada, les Ouendats (ou Hurons) et les Français, est commémorée dans une région aujourd’hui très anglophone, par un organisme de langue anglaise, Huronia Historical Parks/Parcs historiques de la Huronie, où œuvre quelques francophones et personnes bilingues. Ce site historique en terre ontarienne n’en demeure pas moins un joyau du patrimoine français des tout débuts du Canada.
Situé au confluent de la rivière Saguenay et du fleuve Saint-Laurent, Tadoussac est dépositaire d’un riche patrimoine naturel et culturel. D’abord lieu d’échanges commerciaux entre nations amérindiennes, il est ensuite fréquenté par des pêcheurs basques, bretons et normands puis, dans le premier tiers du XVIIe siècle, il accueille ses premiers véritables établissements. Dès lors, Tadoussac s’affiche comme le port d’attache le plus important de la Nouvelle-France, mais aussi comme le plus important comptoir de traite de l’immense Domaine du roi. L’industrialisation et le développement de la région lui permettent subséquemment de développer son potentiel économique et surtout touristique. Misant sur ses paysages somptueux, ses ressources naturelles et son histoire, Tadoussac s’affirme à la fois sur mer et sur terre, une particularité dont témoignent les multiples manifestations patrimoniales qu’on y trouve encore de nos jours.
Le théâtre en français est une institution ancrée dans la longue durée en Alberta. La présence francophone y remonte à l’époque des premières explorations et de la traite des fourrures, mais si le fait français a pu s’y perpétuer jusqu’à nos jours, c’est notamment grâce au développement de pratiques culturelles fortes. Les premières manifestations théâtrales apparaissent dans la province dès la fin du XIXe siècle. Par la suite, de nombreuses troupes franco-albertaines se succéderont : en contribuant à maintenir cet art de la scène bien vivant, elles se trouveront à préserver un riche pan du patrimoine culturel francophone de l’Alberta.
La rivière Churchill offre, sur un parcours de plus de 347 km, un patrimoine naturel, culturel et historique d’exception qui lui a valu sa candidature au nombre des cours d’eau du Réseau des rivières du patrimoine canadien. L’histoire de la Churchill est marquée par la fréquentation des Voyageurs associés à la traite des fourrures. Ils ont paré cette voie d’eau d’une abondante toponymie française, témoin d’une période qui se révèle être le véritable âge d’or de la langue française sur un territoire qui allait devenir la Saskatchewan.
Les célébrations entourant le bicentenaire de l’expédition menée par Lewis et Clark entre St. Louis, sur le Mississippi, et l’embouchure du fleuve Columbia, sur la rive du Pacifique, ont eu lieu en 2004-2006 aux États-Unis. Ces célébrations ont permis une réflexion sur la situation qui avait cours dans l’ouest du continent nord-américain autour de 1800. Elles ont révélé à la fois la dense présence francophone dans cette région et son extrême discrétion mémorielle. Les francophones Toussaint Charbonneau et George Drouillard, notamment, qui ont accompagné et guidé cette expédition, sont réapparus en pleine lumière. Des figures plus discrètes se sont aussi laissé deviner, comme René Jusseaume, Pierre Dorion, Joseph Garreau et tant d’autres, que le Corps de découverte de Lewis et Clark a croisés sur les rives du Missouri, auprès des tribus indiennes au sein desquelles ils pratiquaient le commerce des fourrures.
Arpenter les Twin Cities aujourd’hui, c’est laisser se dévoiler les couches enfouies de l’histoire de l’Amérique française. Les traces de la présence francophone y sont en effet multiples, quoique discrètes. Le Father Hennepin Bluffs Park sur les chutes Saint-Antoine entretient le souvenir des explorations du XVIIe siècle. La rue Larpenteur doit son nom à l’une des familles dominantes de la région des années 1830 aux années 1850. Le Cretin-Derham Hall High School et les co-cathédrales de Minneapolis et de Saint-Paul sont des signes toujours visibles de l’influence du catholicisme français dans la région. Il est facile de se laisser porter par l’histoire de ces lieux, même si localement la mise en valeur de ce patrimoine n’a rien d’évident.
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Avitaillement pour le navire la Marie de Saint-Vincent (Ciboure) destiné à Terre-Neuve et au Canada (Gaspé) pour la pêche à la morue, la chasse à la baleine et la traite des fourrures (document conservé aux Archives départementales de la Gironde, Bordeaux, France, 3E 5427, fos. 265v-267r (30 avril 1586). Taille: 347 Kb
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Transcription intégrale d’un contrat pour l’avitaillement du navire la Marie de Saint-Vincent (Ciboure) pour la chasse à la baleine et la traite des fourrures avec les « sauvaiges » à la « grande baye » (estuaire du Saint-Laurent) (document conservé aux Archives départementales de la Gironde, Bordeaux, France, 3E 5420, fos. 551v-552r, 1er avril 1586). Taille: 41 Kb
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Île aux Basques
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Encyclopédie du patrimoine culturel
de l'Amérique française.