Académie Sainte-Famille et œuvre des religieuses hospitalières de Saint-Joseph à Tracadie

par Ott, Florence

L’Académie Sainte-Famille avec la nouvelle croix remontée en octobre 2011

En 1868, l’arrivée de six religieuses hospitalières de Saint-Joseph à Tracadie pour soigner les lépreux constitue un évènement majeur pour la communauté francophone du Nord-Est du Nouveau-Brunswick. Elle marque le début de la création de nombreuses institutions de santé et d’enseignement que les Hospitalières vont diriger et développer jusqu’aux années 1970. Les religieuses apporteront aussi leur aide aux malades. Pour répondre aux souhaits de leurs évêques, les religieuses vont fonder une première école en 1873, un orphelinat en 1888, puis une seconde école, en 1903, qui prendra son expansion à partir de 1912, quand elles ouvriront l’Académie Sainte-Famille. Malgré les menaces de destruction qui ont pesé sur cet édifice après le départ des religieuses en 1978, il reste le seul témoin historique des œuvres des hospitalières à Tracadie. Les célébrations de son centenaire ont montré à quel point la population est attachée à l’œuvre des religieuses hospitalières de Saint-Joseph.

 

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Commémorer les cent ans de l’Académie Sainte-Famille

Les quatre présidents de l’Association des Amis et Anciens de l’Académie Sainte-Famille, août 2012

Durant l’année 2012, les membres de l’Association des Anciens et Amis de l’Académie Sainte-Famille et la ville de Tracadie-Sheila ont organisé des évènements pour commémorer les 100 ans de l’Académie Sainte-Famille. Ces célébrations ont été le point culminant de démarches entreprises en 2006 pour souligner l’importance de la contribution des sœurs St-Joseph dans cette région de l’Acadie et en préserver la mémoire.

D’abord, en février, l’Académie a été à l’honneur lors de la journée du patrimoine. Puis un spectacle en trois dimensions – le troisième du genre – intitulé « Tracady Story3, 100 chandelles  »  a donné lieu à neuf nouvelles chansons autour des thèmes de l’histoire de l’Académie. De 500 à 1000 personnes sont venues chaque soir durant les représentations qui ont eu lieu du 5 au 22 juillet 2012.

Les festivités commémoratives proprement dites se sont déroulées du 17 au 19 août 2012. Une première journée de visites de l’Académie a été marquée par un banquet auquel ont participé le lieutenant-gouverneur et le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Graydon Nicholas et David Alward, qui voulaient ainsi témoigner de leur respect pour l’œuvre des religieuses. Durant cette soirée, des anciens de l’Académie ont livré des témoignages poignants de leur vie de pensionnaires. Lorraine Arsenault-Diotte, en s’accompagnant de son accordéon, a chanté les souvenirs de son passage dans l’institution (NOTE 1). Le lendemain, les religieuses hospitalières qui étaient en mesure de participer aux cérémonies ont été accueillies à l’Hôtel de ville par le maire de Tracadie, monsieur Aldéoda Losier, pour apposer leur signature dans le livre d’or de la municipalité.

Lorraine Arsenault-Diotte, surnommée la Bolduc aca¬dienne, présente au banquet du 100e anniversaire de l’Académie témoigne en chanson de ses années à l’Académie, 17 août 2012

On a procédé ensuite au lancement du livre souvenir dans une église comble où les 350 personnes présentes ont démontré leur l’intérêt pour ce qui s’est déroulé dans cet édifice centenaire. Un vibrant hommage a été rendu à sœur Corinne LaPlante, l’archiviste et l’historienne de la communauté, absente pour des raisons de santé : celle-ci a été d’un précieux secours pour l’accès aux archives et pour cibler les grandes hospitalières qui ont contribué au développement de l’Académie. Avec son aide, il a été possible de réaliser plus d’une cinquantaine de biographies d’enseignantes qui se sont dévouées pour la jeunesse acadienne. La richesse des sources et l’aide de témoins encore vivants ont permis de rassembler des témoignages d’anciennes élèves et une documentation inédite, qui laissent imaginer l’activité studieuse, très règlementée et minutée des pensionnaires. Plusieurs sont fières d’avoir étudié à l’Académie même si la discipline, le silence et l’éloignement de leur famille ont pesé lourd sur leurs années d’études. La plupart gardent un grand attachement et un profond respect envers les religieuses.

Procession de l’église de Tracadie à l’Académie pour commémorer les marches des pensionnaires, 19 août 2012

Lors de la soirée hommage destinée aux religieuses hospitalières dont une trentaine était présente, on a remis à chacune des 22 soeurs encore vivantes qui ont œuvré à Tracadie une reproduction du tableau réalisé en 2009 par l’artiste local Jean-Baptiste Comeau, qui est exposé au Centre de Villégiature des Deux-Rivières de Tracadie-Sheila. On y voit sous un grand soleil les silhouettes des six premières hospitalières arrivées à Tracadie, l’ancien lazaret, le visage d’une élève et celui d’une religieuse en classe, ainsi que l’Académie Sainte-Famille.

Ces commémorations se sont terminées par une messe et une procession menant à l’Académie Sainte-Famille, rappelant aux anciennes pensionnaires les marches qu’elles faisaient deux fois par jour jusqu’à Tracadie, en se tenant en rang, deux par deux. 

 

L’histoire de l’Académie

Le lazaret de Tracadie (1849-1965)

Hôtel-Dieu de Tracadie, à gauche au 4e étage l’orphelinat et dans la partie droite du bâtiment le lazaret, 1896

De 1844 à 1848, les lépreux sont internés dans l'île Sheldrake près de Chatham avant d’être transférés l’année suivante à Tracadie (NOTE 2). À la suite d’un incendie, un second lazaret est construit en 1853. En 1867, on adjoint une annexe de 40 pieds par 25 pour y loger les futures religieuses (NOTE 3). Les débuts sont durs car après l’ouverture d’un noviciat en 1873, trois des quatre premières novices de la communauté décèdent en l’espace de 2 ans. Elles seront les premières des 59 hospitalières inhumées dans le cimetière des religieuses, où une croix a été érigée en leur honneur en 2002. Vite à l’étroit (NOTE 4), les sœurs vont entreprendre, en 1896, la construction d’un édifice en pierre qui comprend le lazaret, le cloître et les chambres des orphelins ainsi que l’hôpital inauguré en 1898.

À la suite d’un autre incendie, un nouvel hôpital est édifié en 1946. Une partie de celui-ci est réservée au lazaret qui fermera ses portes en 1965, après le départ du dernier patient. En tout, 327 lépreux auront été soignés à cet endroit entre 1815 et 1965 (NOTE 5). Il ne reste plus aucune trace des bâtiments successifs ayant abrité les lépreux mais en suivant le sentier du patrimoine, inauguré en 1999, on parvient au cimetière des lépreux.

 

Le soin des malades (1868-1991)

Démolition de l’Hôtel-Dieu commencée en novembre, 1991

 Dès 1868, un petit dispensaire attenant au lazaret est ouvert pour accueillir les malades des environs. Mais il faut attendre la construction du nouvel édifice en 1898 pour que s’ouvre un hôpital général d’une capacité de 30 lits. Celui-ci est modernisé en 1922 et la même année, sœur LaDauversière songe à donner aux hospitalières une formation professionnelle. Cette initiative est à l’origine du cours de sciences infirmières qui sera dispensé à l’Hôtel-Dieu de Campbellton. Le dernier Hôtel-Dieu de Tracadie, construit en 1946, fermera ses portes en juin 1991 avant d’être démoli pour être remplacé par l’hôpital actuel construit par le gouvernement provincial.

Il ne subsiste aujourd’hui de tous ces édifices des sœurs Saint-Joseph que le mur du souvenir, situé sur l’emplacement de l’ancien hôpital de l’Hôtel-Dieu incendié en 1943. Les briques, la pierre angulaire et les quatre plaques portant les caducées de la pharmacie, du laboratoire, de la chirurgie et de la médecine ont aussi été préservées, lors de la démolition du dernier Hôtel-Dieu en 1992.

 

L’œuvre d’éducation et l’aide aux orphelins (1873-1910)

L’accueil Sainte-Famille anciennement la résidence des infirmières, 2011

 Le 9 décembre 1873, pour répondre aux vœux de l’évêque James Rogers, sœur St-Jean-de-Goto ouvre l’externat St-Joseph, qui compte alors 50 élèves (NOTE 6). Cependant cette école ferme à peine treize ans plus tard. Dans une lettre du 8 janvier 1887, la mère St-Jean-de-Goto en donne les deux raisons principales : « L’honneur de la religion et ensuite la nécessité de donner une bonne leçon aux pauvres gens de la paroisse qui se laissent guider par les protestants » (NOTE 7). Bientôt, les sœurs reprennent leur œuvre d’éducation en créant, en juillet 1888, un orphelinat. 

L’origine de l’orphelinat est due à la guérison miraculeuse des sœurs Blanchard (NOTE 8) et Marie-des-Anges, atteintes de phtisie pulmonaire, et de la mort d’une mère de famille laissant quatre enfants en bas âge que la communauté recueille. Le 16 juillet 1888, l’orphelinat pour les enfants des deux sexes (NOTE 9) est inauguré dans les appartements attenants à l’hôpital. En 1896, la construction du nouvel hôpital permet d’installer l’orphelinat au quatrième étage du bâtiment. Il est le fruit de dons du père Babineau, qui a dirigé les travaux de construction, et du père Joseph Théberge, curé de Néguac, ainsi que de l’épargne de la communauté (NOTE 10).

L’orphelinat n’est pas forcément un endroit où les enfants sont confiés de manière définitive aux religieuses, mais plutôt un lieu de passage et l’occasion d’obtenir une éducation sommaire à très faible coût. Les conditions d’admission à l’orphelinat sont très strictes. Les enfants doivent avoir entre 4 et 12 ans. Toutes les confessions sont acceptées à la condition de suivre les règlements de l’orphelinat. Les orphelins sont tenus d’assister aux différentes classes données par les sœurs. Ils apprennent à lire, écrire et calculer selon leur âge et leur aptitude. On leur enseigne aussi des travaux manuels pour qu’ils puissent gagner leur vie. Les enfants sont nourris, habillés et soignés en cas de maladie (NOTE 11). 

 En 1903, les religieuses modifient le fonctionnement de l’orphelinat en ouvrant une école admettant aussi les pensionnaires et les externes. La fermeture de l’orphelinat n’est pas mentionnée mais le registre des entrées des orphelins semble se terminer en 1929.

 

L’Académie Sainte-Famille (1912-1977)

Dessin sur tableau noir ayant été sauvé lors des rénovations et fixé sur un panneau de bois

 Manquant de place pour enseigner, les religieuses décident, en 1910, d’entreprendre la construction d’une bâtisse de 170 par 94 pieds en forme de croix grecque comprenant un soubassement et quatre étages, au coût de 50 000 dollars (NOTE 12). Le rez-de-chaussée comprend la cuisine, les classes de l’école ménagère, les réfectoires et les salles de recréation des petits. La chapelle occupe le centre du second étage, le reste étant constitué du parloir et des classes. Le pensionnat des grandes filles est situé au 3e étage, où se trouvent aussi une salle de récréation, une scène pour les représentations, les salles de musique et de dessin et les classes du cours commercial. L’étage supérieur est réservé aux dortoirs et aux cellules des sœurs (NOTE 13).

Institution privée, l’Académie Sainte-Famille ouvre ses portes le 12 septembre 1912. On y enseigne le programme officiel des écoles du Nouveau-Brunswick. En plus du cours académique, on offre le cours commercial bilingue et l’enseignement ménager. On étudie aussi le chant, la musique et la peinture. Les garçons sont admis au pensionnat jusqu’à l’âge de douze ans (NOTE 14), alors que les filles peuvent y terminer leurs études. En octobre 1930, l’Académie obtient le statut « d’école normale » par le Bureau d’Education (NOTE 15). 

Les sœurs sont dévouées à leur tâche mais elles souffrent du manque d’effectifs professoraux, alors qu’en septembre 1941, on enregistre 69 filles et 28 garçons pensionnaires ainsi que 126 externes (NOTE 16).

À partir du 1er septembre 1947, la communauté des sœurs Saint-Joseph de Tracadie est divisée en deux pour former celle de l’Hôtel-Dieu et celle de l’Académie Sainte-Famille, afin d’améliorer l’efficacité du fonctionnement et de favoriser le développement des œuvres (NOTE 17).

 

Construction d’une nouvelle aile (1958-2004)

La nouvelle annexe de l’Académie Sainte-Famille, 1964

 De 200 élèves avant 1945, on passe à 360 élèves en 1959, quand il devient nécessaire de construire une nouvelle aile. Cette annexe à l’Académie, dont le coût atteint les 250 000 dollars, comprend un auditorium d’une capacité de 700 places, une salle de récréation et de réunions et un gymnase. L’autre partie comporte des dortoirs pour 160 élèves (NOTE 18). À la fermeture de l’Académie, le 14 novembre 1977, les chevaliers de Colomb se portent acquéreurs de la nouvelle aile qui, le 27 octobre 2005, est revendue à une femme d’affaires de Tracadie. Celle-ci entreprend rapidement la démolition de cette partie plus récente, redonnant à l’Académie ses contours originels et effaçant du même coup les années glorieuses où 130 pensionnaires y logeaient (NOTE 19).

Les réformes scolaires du gouvernement Robichaud conduisent l’Académie à une décision difficile : elle devra se résoudre à fermer ses portes et à louer les locaux au ministère de l’Éducation jusqu’en 1976. Ceux-ci servent alors d’écoles élémentaire et secondaire de premier cycle pour quelques 600 élèves. L’institution arrête alors officiellement sa vocation d’enseignement et met fin à de longues carrières d’éducatrices, comme sœur St-Alexandre (41 années), sœur Gertrude LeGresley (43 années), sœur Violette Boudreau (37 années) ou sœur Fauteux (37 années) (NOTE 20).

 

Musée historique de Tracadie (1968-)

Le musée historique de Tracadie avec la reconstitution d’une pièce où sont logés les lépreux, 2007

Avant la fermeture de l’Académie, sœur Dorina Frigault entreprend de créer le Musée historique de Tracadie, qui sera ouvert au public en septembre 1968 dans la Résidence Mance, puis transféré en 1978 au 2e étage de l’Académie Sainte-Famille et incorporé comme organisme à but non lucratif. Le musée regroupe notamment des objets ayant appartenu aux religieuses et aux lépreux. Il rappelle la vie au lazaret, à l’hôpital et à l’Académie (NOTE 21). Sœur Frigault sera maintes fois honorée pour la réalisation de ce musée. Elle reçoit notamment le prix du Mérite de l’Association des musées du Nouveau-Brunswick et le prix des ambassadeurs de la ville de Tracadie-Sheila, qui l’intronise aussi au Temple de la renommée de la ville en 2009 comme bâtisseuse de la communauté.

 

Une nouvelle vocation communautaire (depuis 1979)

À cette époque, les religieuses sont confrontées à des coûts élevés de réparation pour maintenir l’édifice aux normes de sécurité. Un comité consultatif est créé et des sœurs comme Corinne LaPlante recommandent de ne pas démolir le bâtiment. Sœur Rolande Dugas dira « Qu’on laisse le temps nécessaire à la réflexion, à l’Esprit Saint de souffler… qu’on ne soit pas pressée dans cette démarche, le temps arrange bien les choses » (NOTE 22). Finalement, les sœurs déménagent le 11 février 1978. Elles habiteront sur la rue de l’Anse jusqu’en 2001 (NOTE 23).

Suivant l’acte de transfert du 14 décembre 1979, les religieuses hospitalières de St-Joseph cèdent pour le prix d’un dollar le bâtiment aux Anciens et Amis de l’Académie Sainte-Famille Inc. pour lui permettre de « poursuivre les buts charitables et non lucratifs ». Il est précisé que le cessionnaire s’engage ainsi que pour ses successeurs et ses ayants droits à ne pas utiliser à des buts lucratifs le bâtiment ou tout édifice qui viendrait à le remplacer ainsi que le bien-fonds.  Enfin, l’édifice doit garder ses finalités premières et permettre de « promouvoir la santé, l’éducation, la justice sociale, le service des pauvres et la conservation du patrimoine » (NOTE 24). Depuis, la corporation loue les locaux à différents organismes culturels et éducatifs.

 

Patrimonialisation de l’institution

La croix originale conservée au musée historique de Tracadie, 2010

Le 14 juillet 2006, l’Académie Sainte-Famille est désignée lieu historique provincial protégé en vertu de la Loi sur la protection des lieux historiques.

Du 14 au 24 juillet 2010, un spectacle musical et multimédia de grande envergure « Tracady Story, la petite et grande histoire de Tracadie-Sheila » est présenté sur le site de l’Académie dans le cadre des célébrations du 225e anniversaire des premiers arrivants à Tracadie. Le bâtiment sert de toile de fond, que le réalisateur Jac Gautreau compare à un décor d’opéra tout en blanc. Le succès remporté par l’évènement conduit la municipalité à commander un second spectacle de « Tracady Story, une histoire remplie d’histoires » qui se tient une fois encore sur les murs de l’Académie en juillet 2011. Le vice-premier ministre du Nouveau-Brunswick, Paul Robichaud, profite de l’occasion pour annoncer une subvention pour l’installation de gicleurs dans les quatre étages de l’Académie afin de répondre aux normes de sécurité (NOTE 25). Par ailleurs, la croix qui avait été retirée du toit de l’Académie en raison de son mauvais état a été remplacée en 2011 par une réplique plus résistante.

 

L’œuvre des sœurs Saint-Joseph dans la mémoire collective acadienne

Statue du Sacré-Cœur remise en place dans le jardin de l'Académie, 19 août 2012

Au terme des festivités entourant le centenaire de l’Académie Sainte-Famille qui ont eu lieu en 2012, on s’est assuré de laisser quelques traces tangibles de l’œuvre des sœurs Saint-Joseph. Une statue du Sacré-Cœur haute de six pieds représentant un Jésus bénissant a été dévoilée dans le jardin de l’Académie. En fait, cette statue a été érigée en juin 1921 et on raconte que les élèves aimaient se faire photographier devant elle. Cependant, en avril 1978, lors des travaux de démolition du corridor séparant les deux bâtiments de l’Académie, cette statue du Sacré-Cœur a été renversée par une grue, puis entreposée pour la protéger. Dans les années 1980, la villa Saint-Joseph a tenté d’acquérir la base de cette statue mais leur demande a été refusée. À présent, la statue a retrouvé sa place dans le jardin de l’Académie.

On a aussi dévoilé une plaque commémorative dans l’ancienne classe de sœur St-Alexandre en hommage à cette grande hospitalière qui a été directrice durant de longues années.

Ces festivités du centenaire ont redonné vie au bâtiment historique qui est aujourd’hui le principal témoin du legs des religieuses hospitalières de Saint-Joseph qui ont œuvré à Tracadie-Sheila. Leur œuvre intangible qu’incarnent maintenant quelques signes concrets supplémentaires fait désormais partie de la mémoire collective acadienne : l’Académie a procuré une formation de qualité à de nombreux prêtres, religieuses, institutrices, infirmières et autres professionnels qui ont contribué à façonné ce qu’est devenu l’Acadie aujourd’hui.

 

Florence Ott
Professeure en gestion de l’information
Université de Moncton, campus de Shippagan

 

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Ailleurs sur le web

Notes

1. Lorraine Arsenault-Diotte, surnommée la Bolduc acadienne, séjourne de 1946 à 1948 à l’Académie et témoigne en chanson « c’est difficile de chanter » où transparaît la nostalgie et parfois l’ennui de ces années. Dans son livre Le tour de mon jardin, paru à compte d’auteure en 2001 et qui retrace un peu sa vie, elle consacre les pages 9 à 11 à l’Académie.      

2. La première victime connue de la lèpre est Ursule Landry qui meurt dans sa maison à Tracadie en 1828.

3. L’Hôtel-Dieu de Tracadie est la troisième fondation des hospitalières après Montréal, en 1659, et Kingston, en Ontario, en 1845, où elles s’occupent d’une centaine d’orphelins, victimes d’une épidémie de typhus.

4. Il s’agit de Marguerite Hachey (1858-1885), Marie-Anne Losier (1857-1885) et Azilda Houde (1858-1886). Archives RHSJ Bathurst, dossiers individuels des religieuses.

5. Quinze tombes sont recensées à l’Ile de Sheldrake. Le cimetière des fondateurs (1798-1880) compte quatre-vingt quatorze tombes, celui de l’église de Tracadie (1880-1898) quarante-deux tombes et le cimetière des lépreux (1899-1964) cinquante-neuf tombes. « La Léproserie de Tracadie, Musée Historique de Tracadie, Nouveau-Brunswick », Musée virtuel du Canada. Histoire de chez nous, site consulté le 28/10/2011 [En ligne], http://www.museevirtuel.ca/pm_v2.php?id=record_detail&fl=0&lg=Francais&ex=00000628#).

6. « Elles sont la première communauté féminine d’expression française à ouvrir une école libre au Nouveau-Brunswick », cité par Corinne LaPlante et Georgette Desjardins, « Œuvres des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph du Nouveau-Brunswick (1868-1986) », Revue de la Société historique du Madawaska, XIV, 1-2, (janvier-juin 1986), p. 8.

7. Archives RHSJ Bathurst, Cote 4C01, registre de lettres d’affaires, courrier de sœur St-Jean-de-Goto à monseigneur James Rogers, 8 janvier 1887, p. 122.

8. Malheureusement, le miracle est de courte durée pour sœur Luce Blanchard qui fait une rechute au bout de quatre années. Le 11 novembre 1891, elle se remet à tousser et succombe à de fortes hémorragies le 6 mars 1892. (Livre des chroniques des RHSJ, Cote 1B1 02, chapitre 19, 1891, p. 138). Quant à sœur Marie-des-Anges elle s’acquitte avec dévouement du soin des orphelins. Elle meurt finalement le 30 octobre 1959, âgée de 95 ans dont 72 ans de vie religieuse. (Nécrologie d’Elizabeth Allain-Doucet (Marie-des-Anges) (1864-1959), Archives RHSJ de Bathurst).

9. Archives RHSJ Bathurst, Cote 3G 2 01, Registre des délibérations faites dans les assemblées capitulaires des RHSJ de l’Hôtel-Dieu de Tracadie, 16 juillet 1888, p. 30.

10. Le père Babineau a fait don de 4 914,86 dollars pour la construction de l’orphelinat entre 1895 et 1899. Le curé Joseph Théberge, donne en faveur des orphelins de Tracadie, la somme de 1 695 dollars. Il a également fourni pour la construction du  nouvel orphelinat la somme de 2 721, 61 dollars. (Archives Bathurst, Cote 3 A 1 03, frais de construction de l’orphelinat, 1895-1899). Puis il a effectué deux versements à fonds perdus à 3 % d’intérêt en 1910 et 1911, l’un de 1 838,56 dollars et l’autre de 3 195, 68 dollars, pour un total de 5 034,24 dollars. Enfin, en 1912, les sœurs reçoivent pour la succession du père Théberge un total de 3 472, 75 dollars. Archives Bathurst, 3 Q 1 01, Grand livre de recette dons, rentes, pensions viagères et autres revenus du monastère des RHSJ, 1895-1910.

11. Archives RHSJ Bathurst, Cote 2 m, brochure sur les conditions d’admission à l’orphelinat de Tracadie.

12. « Le plan a été réalisé par l’architecte de Caraquet, Nazaire Dugas, et l’ouvrage est sous la direction de Sylvain Arsenault, maître-charpentier. » Journal l’Évangéline, 30 novembre 1910, p. 8.

13. Félix-Marie Lajat (Père), Le Lazaret de Tracadie et la Communauté des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, Montréal, L’Action Paroissiale, 1938,  p. 331-332.

14. Après l’incendie de 1943, les garçons ne sont plus admis comme pensionnaires.

15. Archives RHSJ Bathurst, Cote 1B1 02, livre des chroniques, Chapitre 41, p. 223.

16. Archives RHSJ Bathurst, Cote 1B1 02, ivre des Chroniques, Chapitre 41, p. 288.

17. La communauté se compose de douze hospitalières : Il s’agit de sœur LeRoyer, supérieure ; sœur Fauteux, assistante ; sœur St-Alexandre, conseillère et directrice des classes ; sœur Gauvin ; sœur St-Louis de Gonzague ; sœur Boudreau ; sœur LeGresley ; sœur Marie du Cénacle ; sœur Allain ; sœur Lejeune ; sœur Renault et sœur Saulnier. Archives RHSJ Bathurst, Cote 1B1 02, livre des chroniques, p. 334.

18. Archives RHSJ Bathurst, Cote 3G2-01, conseil local de l’Académie Sainte-Famille, 17 novembre 1957.

19. Renseignements fournis par Eugène Basque, Chevalier de Colomb, avril 2012.

20. Extrait du tableau réalisé en décembre 2010 par Florence Ott à partir du dépouillement des offices de 1868 à 1993 et qui comprend 107 sœurs enseignantes.

21. Un documentaire sur l’histoire du lazaret est présenté au musée. (Les larmes du Lazaret, film documentaire de Christian LeBlanc, Grande Digue, Cojak Production Inc., 48 minutes, 2004).

22. Archives RHSJ Bathurst, Cote F49A3a, conseil consultatif de l’Académie Sainte-Famille, 30 novembre 1978.

23. À ce moment, elles vont rejoindre les sœurs de l’Hôtel-Dieu qui ont déménagé en 1979 dans l’ancienne école des infirmières, devenue la Résidence Jeanne Mance.

24. Acte de transfert des biens-fonds et des locaux de l’Académie Sainte-Famille entre les Anciens et Amis et l’Académie Sainte-Famille et les RHSJ de la province de Notre-Dame de l’Assomption, Archives  AAASF, 14 décembre 1979.

25. Actuellement, seuls les deux premiers étages sont ouverts au public et, selon les estimations fournies par l’architecte Rondot, les travaux commencés en 2006 pour réhabiliter le bâtiment devraient représenter plus de 5 millions $ qu’on espère obtenir en partie grâce aux différents paliers de gouvernement ainsi que par la contribution de nombreux donateurs au sein de la population. En 2012 a débuté une campagne de financement sur trois ans dont l’objectif est de 300 000 $.

Bibliographie

Bernard, Antoine (Père), Les Hospitalières de Saint-Joseph et leur œuvre en Acadie, Montréal, Religieuses Hospitalières de St-Joseph, 1958, 304 p.

Lajat, Félix-Marie  (Père), Le Lazaret de Tracadie et la Communauté des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, Montréal : L’Action Paroissiale, 1938, 432 p.

LaPlante, Corinne (sœur), « Sr Amanda Viger, la fille d’un Patriote de 1837, véritable fondatrice de l’Hôtel-Dieu de Tracadie », Revue de la Société historique Nicolas Denys, Vol. XII, 1, janvier-mai 1984, p. 5-34.

LaPlante, Corinne (sœur), et sœur Georgette Desjardins, « Œuvres des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph du Nouveau-Brunswick (1868-1986) », Revue de la Société historique du Madawaska, Vol. XIV, no 1-2, janvier-juin 1986, 72 p.

Les larmes du Lazaret, film documentaire de Christian LeBlanc, Grande Digue, Cojak Production Inc., 2004.

« La Léproserie de Tracadie, Musée Historique de Tracadie, Nouveau-Brunswick », Musée virtuel du Canada. Histoire de chez nous, site consulté le 28/10/2011 [En ligne], http://www.museevirtuel.ca/pm_v2.php?id=record_detail&fl=0&lg=Francais&ex=00000628#.

Losier, Mary-Jane, Pour l’espoir et la dignité des lépreux à Tracadie. Amanda Viger, religieuse hospitalière, Moncton, Éditions de la Francophonie, 2003, 269 p.

McKee, Isabelle, « Rapports ethniques et rapports de sexes en Acadie : les communautés religieuses de femmes et leurs collèges classiques », thèse de doctorat (sociologie), Université de Montréal, 1995, 484 p.

« Le musée historique de Tracadie », site consulté le 28/10/2011 [En ligne], http://musee-tracadie.com/.

Ott, Florence et Nicolas Landry, L’Académie Sainte-Famille de Tracadie (1912-2012) : Témoin de l’œuvre d’éducation des Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, Lévis, Éditions de la Francophonie, 2012, 506 p.

Religieuses Hospitalières de Saint-Joseph, Femmes de foi et de service dans la liberté des enfants de Dieu, 350e anniversaire de l’arrivée des Hospitalières de Saint-Joseph à Montréal, Québec, RJSH, 2009, 73 p.

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