Cimetières acadiens en Nouvelle-Écosse

par Ross, Sally

Pierre tombale en grès érigée à la mémoire de Thomas Chiasson, mort en 1893, au cimetière de Saint-Joseph-du-Moine. Photo D. Trask © S. Ross

Lieu sacré et lieu de mémoire, le cimetière acadien a beaucoup changé au cours des siècles. Situé en milieu rural et près d’une chapelle ou d’une église paroissiale, le cimetière acadien est passé d’un simple espace vert planté de quelques croix de bois à un terrain soigneusement nivelé où dominent des stèles parfaitement alignées. L’iconographie mortuaire a aussi évolué. La croix, le doigt pointant vers le ciel et le cœur flamboyant ont cédé la place aux symboles profanes évoquant le travail ou le plaisir, comme le bateau de pêche, la scène de chasse, la carte de bingo ou la quinte au roi de cœur. Qu’ils soient anciens ou modernes, ces cimetières témoignent des coutumes et des valeurs de plusieurs générations d’Acadiens.


Article available in English : Acadian Cemeteries in Nova Scotia

 

 

Les cimetières de l’ancienne Acadie

Église (no 2), croix de chemin et cimetière (no 4) à Port-Royal en 1686. Détail d'une carte de Jean-Baptiste-Louis Franquelin © Bibliothèque nationale de France

Près de 6 000 Acadiens ont été déportés de la Nouvelle-Écosse péninsulaire en 1755 et encore plusieurs centaines lors de la chute de Louisbourg en 1758. Si les églises et les chapelles n’ont pas été démolies ou incendiées par les troupes britanniques, elles ont disparu graduellement du paysage. Dans quelques cas, des découvertes accidentelles ou des fouilles archéologiques ont révélé l’emplacement d’un ancien cimetière paroissial. Sans en connaître les dimensions exactes, on sait, par exemple, que le cimetière Saint-Charles-des-Mines se trouve sur le site actuel du Lieu historique national du Canada de Grand-Pré. En 2000, lors des travaux d’excavation menés à Falmouth (autrefois Pisiquid), on a découvert par hasard plusieurs tombes du cimetière de l’ancienne paroisse Sainte-Famille.

Il n’y a aucune preuve que les Acadiens qui vivaient à Port-Royal, à Grand-Pré ou ailleurs se soient servis de stèles de pierre pour marquer leurs sépultures. Il en est de même en ce qui concerne les milliers de Français qui habitaient la ville forteresse de Louisbourg sur l’île Royale (aujourd’hui l’île du Cap-Breton) au XVIIIe siècle. Un plan de l’établissement de Port-Royal, daté de 1686, offre la seule représentation connue d’une église et d’un cimetière acadiens du XVIIe siècle. Le cimetière est entouré d’une clôture qui servait à délimiter la terre sacrée et à éloigner les animaux. À l’intérieur de l’enceinte, on voit sept petites croix de bois et une croix centrale montée sur un socle de pierre. Comme l’indiquent les rares témoignages écrits du XVIIIe siècle, les Acadiens d’avant la Déportation marquaient leurs tombes avec de simples croix de bois.

Les cimetières acadiens après la Déportation

Première pierre tombale à Sainte-Anne-du-Ruisseau en 1854. Photo D. Trask © S. Ross

De toute évidence, la coutume des croix de bois s’est maintenue pendant longtemps dans les huit régions de la Nouvelle-Écosse où les Acadiens ont pu s’établir entre la fin des années 1760 et le début des années 1790(NOTE 1). Il n’y a aucune pierre tombale datant du XVIIIe siècle dans les cimetières acadiens d’après la Déportation(NOTE 2). Les croix de bois placées sur les sépultures des Acadiens qui sont revenus en Nouvelle-Écosse au XVIIIe siècle ont disparu depuis longtemps. En fin de compte, c’étaient les prières, et non les considérations d’ordre matériel, qui pouvaient raccourcir le séjour de l’âme au purgatoire. Autrement dit, il était plus important de faire chanter des messes pour le repos de l’âme du défunt ou de la défunte que de poser un monument sur sa tombe. Selon certaines traditions orales, un mort bénéficiant de 15 messes dites à son intention gagnait le paradis.

La première église de la paroisse Sainte-Anne-du-Ruisseau, située dans le sud-ouest de la province, fut construite en 1808, mais la plus ancienne pierre tombale du cimetière remonte à 1854. Il s’agit d’une stèle en marbre blanc érigée à la mémoire d’Ambroise Potier, membre de la troisième génération de Potier enterrés dans ce cimetière. La croix fleurdelisée, le monogramme IHS, ainsi que la formule consacrée « Priez pour l’âme de », sont typiques des stèles en marbre des cimetières catholiques de cette époque. De façon générale, le marbre blanc était utilisé dans les cimetières catholiques et protestants de la Nouvelle-Écosse entre 1845 et 1920(NOTE 3). Il était importé, puis sculpté par des compagnies de tailleurs de marbre situées pour la plupart à Halifax, loin des régions acadiennes.

Pierre tombale en marbre blanc au vieux cimetière de Saint-Bernard. Photo D. Trask © S. Ross

Il faut noter que les monuments en marbre sont relativement rares dans les cimetières acadiens. Seuls quelques membres du clergé et quelques familles nanties pouvaient se payer cette pierre de luxe, signe concret d’un statut social élevé chez tous les chrétiens de l’époque, qu’ils soient acadiens, anglais, irlandais ou écossais. Une vieille photo de l’église Sainte-Marie, démolie vers 1905, confirme que l’emplacement typique du cimetière acadien est voisin de l’église. Même aujourd’hui, la plupart des cimetières acadiens se trouvent à côté de l’église paroissiale, de sorte que la communauté des morts et la communauté des vivants se côtoient.

De toutes les stèles en marbre que l’on peut admirer dans les cimetières acadiens de la Nouvelle- Écosse, celle qui est dédiée à la mémoire de Placide Belliveau, mort en 1890, est la plus saisissante. Le style de cette stèle contraste avec la sobriété de la plupart des pierres tombales du XIXe siècle. On y voit une scène de la crucifixion avec six pleureuses au pied de la croix. Cette magnifique stèle, dont la provenance demeure inconnue, se trouve près de la baie Sainte-Marie dans le vieux cimetière Saint-Bernard qui a servi de 1853 à 1943.

Patrimoine funéraire et identité

Stèle en bois dédiée à la mémoire de Lelian A L Amiro [Amirault], morte en 1897 à l’âge de 22 ans et 2 mois. Photo D. Trask © S. Ross

Le fait qu’un certain nombre de familles acadiennes se sont procuré des pierres tombales en marbre montre que les Acadiens suivaient les modes funéraires de la majorité anglophone. Dans certains cas, ces anglophones étaient des Irlandais ou des Écossais catholiques qui fréquentaient la même église que les Acadiens. Contrairement aux protestants, les Acadiens n’ont pas été influencés par la mode du cimetière-jardin : les arbres et les arbustes sont par conséquent très rares dans leurs cimetières. Les stèles en marbre blanc offrent une bonne indication de la stratification sociale, même dans les villages de pêche où habitent la plupart des Acadiens, mais elles n’ont rien de spécifiquement acadien, à part l’inscription en français. Pour trouver les éléments qui reflètent mieux la culture acadienne, il faut regarder du côté des monuments fabriqués à l’échelle locale.

Des stèles en bois ont survécu dans un petit nombre de cimetières acadiens établis après la Déportation. Faites à la main, ces stèles offrent d’excellents exemples d’art populaire. La plus ancienne se trouve dans le cimetière Saint-Pierre à Pubnico-Ouest. De loin, elle ressemble à une pierre tombale en marbre, mais en la regardant de près, on voit le fil du bois sous les vestiges d’une vieille couche de peinture blanche. Cette stèle est faite d’une seule planche de bois. L’inscription en anglais et la décoration (une croix en relief dans un cadre tréflé) sont ciselées dans le bois et peintes en noir.

Il n’est pas surprenant de constater que la géologie d’une région puisse avoir un impact sur le patrimoine de ses cimetières. Contrairement à la plupart des communautés acadiennes en Nouvelle-Écosse péninsulaire, où domine le granit, la grande région de Chéticamp, sur l'île du Cap-Breton, s’étend le long d’une côte qui se compose principalement de grès, une roche sédimentaire friable relativement facile à tailler. C’est sans doute à cause de l’abondance de cette « pierre de sable » que les plus vieux monuments funéraires acadiens de la Nouvelle-Écosse se trouvent à Chéticamp. Cette région acadienne est aussi la seule en Nouvelle-Écosse où le métier de tailleur de pierres tombales se soit développé.

Stèle en béton ornée de coquillages, érigée à la mémoire de David Joseph Marchand (1956) au vieux cimetière Saint-Louis à Louisdale, Cap-Breton. Photo D. Trask © S. Ross

À partir des années 1920, des stèles en béton font leur apparition dans la plupart des cimetières acadiens en Nouvelle-Écosse. Dans certains cas, ces stèles étaient des produits uniques faits avec amour par un membre de la famille du défunt, comme la stèle décorée de coquillages et de morceaux de verre ramassés au bord de la mer. Dans d’autres cas, elles ont été produites « en masse » par une petite industrie locale qui offrait un monument durable beaucoup moins cher que les stèles en marbre ou en granit. Les familles qui disposaient d’un peu plus d’argent pouvaient se procurer des monuments en ciment plus imposants, comme celui qui est dédié à la mémoire d’André DeVilliers ou celui érigé à la mémoire de la centenaire Évangéline Surette. Même aujourd’hui, une entreprise de Petit-de-Grat, sur l’île Madame près de l'île du Cap-Breton, fabrique des monuments personnalisés faits de granulat, qui coûtent moins cher que les rectangles de granit poli omniprésents dans la partie moderne de tous les cimetières de la province.

Les cimetières acadiens face à la modernité

Vue du cimetière Saint-Pierre à Chéticamp. Photo D. Trask © S. Ross

À part un monument commémoratif érigé en 1955, le premier cimetière de Chéticamp a disparu, mais le deuxième, qui a servi du début des années 1800 jusqu’en 1868, contient une soixantaine de stèles en grès qui ont été redressées et alignées dans les années 1950. Selon la coutume locale, elles ont été enduites d’une couche de chaux ou de peinture blanche. Certaines stèles sont de forme rectangulaire et ne comprennent qu’une simple croix et des lettres ciselées de façon assez primitive(NOTE 4).

Un petit sentier relie ce vieux cimetière à l’immense cimetière de la paroisse Saint-Pierre, situé sur un plateau entouré des hautes terres de l'île du Cap-Breton et ouvert depuis 1854. À part le fait qu’il se situe en hauteur et à l’intérieur des terres, assez loin de l’église paroissiale, le cimetière Saint-Pierre ressemble aux autres cimetières acadiens dans la mesure où l’aménagement est rectiligne et que l’allée centrale est dominée par une croix ou un calvaire. La grande majorité des stèles érigées avant les années 1940 sont en grès et ont été taillées localement. Contrairement à ce que l’on voit ailleurs en Nouvelle-Écosse, la quasi-totalité des inscriptions sont en français(NOTE 5). Quand nous avons visité ce magnifique site en 2003, deux paroissiens étaient en train de repeindre en blanc toutes les stèles en grès, en fer forgé et en ciment en vue des célébrations du Congrès mondial acadien de 2004 et du 400e anniversaire de la colonisation française en Amérique du Nord. Ce blanchissage, qui a été réalisé en trois étés, donne une luminosité impressionnante à ce vaste cimetière, mais il rend la lecture de l’iconographie et des inscriptions très difficile.

Pierre tombale en grès, érigée à la mémoire de Marie Boudreau et de ses deux enfants. Photo D. Trask © S. Ross

Les cimetières des deux autres paroisses de cette région du comté d’Inverness sur l'île du Cap-Breton sont moins vastes et moins exposés aux éléments. On y trouve de belles pierres tombales en grès de fabrication locale très bien conservées. Le village de Magré (East Margaree) a été fondé par des familles acadiennes et écossaises à la fin des années 1780. Toutes les pierres tombales en grès du cimetière Saint-Michel, en usage depuis le début des années 1800, sont enduites de peinture blanche, alors que les inscriptions et les éléments décoratifs ont été peints en noir. La stèle en grès érigée en mémoire de Marie Boudreau et de ses deux enfants offre un exemple de la vieille coutume française selon laquelle une femme est identifiée par son nom de jeune fille – coutume qui a été conservée dans la grande région de Chéticamp jusqu’aux années 1970. Cette coutume s’est maintenue, du moins au XIXe siècle, ailleurs sur l'île du Cap-Breton ainsi qu'à Pomquet et à Tracadie dans l’est de la Nouvelle-Écosse péninsulaire, mais les exemples sont rares dans les 21 cimetières paroissiaux du sud-ouest de la province.

La plupart des cimetières acadiens de la Nouvelle-Écosse ont subi un « nettoyage » intensif vers les années 1960, souvent dans le but de faciliter l’utilisation de la tondeuse. En général, on a nivelé le terrain au bulldozer, rasé les monticules entourés de coquillages marquant les sépultures, enlevé les murets délimitant les lots, aligné toutes les pierres tombales et jeté les croix et les stèles en bois renversées ou délabrées. Malheureusement, les paroissiens et le clergé de l’époque ne percevaient pas la valeur patrimoniale de ces vieilles pièces en bois, souvent vues comme des signes de pauvreté. Malgré cela, un certain nombre de ces croix et de ces stèles ont survécu. Lors de notre étude des cimetières acadiens en 2003, nous avons trouvé une belle paire de croix blanches à Quinin, dans le petit cimetière Sainte-Agnès, qui ne semble pas avoir été réaménagé. Ces croix sont faites de mélèze et sont repeintes régulièrement par les descendants de la famille Doucet. Dans quelques cimetières acadiens de la Nouvelle-Écosse péninsulaire, on trouve de vieilles croix en bois qui remontent aux années 1930, parfois renforcées à l’aide d’une tige de métal. Au grand cimetière Saint-Michel à Wedgeport, les vieilles croix disparues ont été remplacées récemment par de belles croix blanches aux pointes tréflées, munies d’une plaque sur laquelle on peut lire le nom et les dates de naissance et de mort du défunt ou de la défunte.

Une richesse patrimoniale à découvrir

Pierre tombale de Basile Chiasson, décédé en 1819. Chéticamp. Photo D. Trask © S. Ross

Comparés aux autres cimetières catholiques ou protestants en Nouvelle-Écosse, les cimetières acadiens offrent une très grande variété de monuments funéraires de fabrication locale. Cela est dû en grande partie au contexte économique qui obligeait beaucoup de familles acadiennes à choisir des stèles moins coûteuses que celles que les compagnies de monuments funéraires vendaient. Même s’il y avait une stratification sociale dans les villages acadiens, de façon générale la minorité acadienne dispersée aux quatre coins de la Nouvelle-Écosse est restée pendant longtemps marginalisée du point de vue économique et politique. Si on les compare à beaucoup de cimetières québécois, les cimetières acadiens paraissent très modestes. On y trouve quelques belles colonnes de marbre blanc ou de granit rose, mais il n’y a pas de grands monuments ornés de statues magnifiques. Sans opulence, les cimetières acadiens offrent tout de même une richesse culturelle au généalogiste, au touriste et à l’historien.


Sally Ross
Chercheure indépendante

 

 

NOTES

1. Pour une synthèse de l’histoire des régions acadiennes fondées après la Déportation, voir Sally Ross et J. Alphonse Deveau, Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse : hier et aujourd'hui, Halifax, Nimbus Publishing, 2001, p. 110-198 (ou Moncton, Éditions d’Acadie, 1995, p. 110-198).

2. En 2003, l’auteure a fait une étude de tous les cimetières acadiens établis en Nouvelle-Écosse après 1764. Pour les besoins de ce projet, un cimetière acadien était défini comme un cimetière associé à une église catholique dans une communauté peuplée entièrement ou en grande partie par des Acadiens.

3. Deborah E. Trask, Life How Short, Eternity How Long : Gravestone Carving and Carvers in Nova Scotia, Halifax, Nova Scotia Museum, 1978, p. 38, 83-92.

4. Pour un relevé des inscriptions des pierres tombales dans ce vieux cimetière, voir Charles Aucoin, eudiste, Bulletin d’histoire et de généalogie de la Société Saint-Pierre, vol. V, no 4, décembre 1988, p. 3-5.

5. D’après un relevé du cimetière Saint-Pierre fait en 1981, il y avait 2 061 stèles ayant une inscription, dont une cinquantaine seulement étaient en anglais. Le relevé se trouve au Centre de généalogie Père-Charles-Aucoin à Chéticamp.

 

Bibliographie

Chiasson, Anselme, Chéticamp : histoire et traditions acadiennes, Moncton, Éditions des Aboiteaux, 1961, 317 p.

Johnston, A. J. B., La religion dans la vie à Louisbourg, 1713-1758, Ottawa, Direction des lieux et des parcs historiques nationaux, Service canadien des parcs, 1988, 267 p.

Lessard, Michel, « L’espace des défunts au Québec : un aménagement social », Frontières, vol. 7, no 3, 1995, p. 13-17.

Ross, Sally, « Acadian Cemeteries in Nova Scotia : A Survey », Markers : Annual Journal of the Association for Gravestone Studies (Greenfield, Mass.), vol. XXII, 2005, p. 1-33.

Ross, Sally, « Aperçus de quelques vieux cimetières », Le patrimoine religieux de la Nouvelle-Écosse : signes et paradoxes en Acadie. Actes du colloque national organisé les 19 et 20 juin 2006 à l'Université Sainte-Anne, numéro thématique de Port Acadie, nos 10-12, 2006-2007, p. 201-223.

Ross, Sally, et J. Alphonse Deveau, Les Acadiens de la Nouvelle-Écosse : hier et aujourd'hui, Halifax, Nimbus Publishing, 2001, p. 110-198 (ou Moncton, Éditions d’Acadie, 1995, p. 110-198).

Ross, Sally, et Susan Surette-Draper, Le cimetière de Saint-Charles-des-Mines à Grand-Pré : un lieu de mémoire [en ligne], http://www.rootsweb.com/~nsgrdpre/cimetiereSt-Charles.html. Trad. anglaise : Saint-Charles-des-Mines Cemetery in Grand-Pré [en ligne], http://www.acadian-home.org/frames.html.

Trask, Deborah E., Life How Short, Eternity How Long : Gravestone Carving and Carvers in Nova Scotia, Halifax, Nova Scotia Museum, 1978, 100 p.

 


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