Saint-Jean-Port-Joli et son patrimoine religieux

par Bourgault, Nicole et Simard, Jean

La Province de Québec. Affiche publicitaire montrant Médard Bourgault qui sculpte une statuette devant un paysage où navigue une goélette du Saint-Laurent, vers 1950.

Saint-Jean-Port-Joli est situé sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent à quelque 120 kilomètres à l’est de Québec. Comme tous les villages de la Côte-du-Sud, ses origines remontent au XVIIe siècle et son patrimoine religieux au XVIIIe siècle. Plus récemment, Saint-Jean-Port-Joli s’est taillé une réputation nationale dans le champ de l’art religieux populaire que symbolise la figure emblématique de Médard Bourgault, sculpteur sur bois, dont les œuvres ornent le temple paroissial et maints endroits du territoire. Ce patrimoine du XXe siècle est tout à la fois paysager, immobilier, mobilier et immatériel.

 

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Un paysage typique du Québec religieux traditionnel

Place de l’église de Saint-Jean-Port-Joli, 1995

Au regard du visiteur attentif, Saint-Jean-Port-Joli donne à voir tous les éléments de l’organisation traditionnelle de la paroisse catholique du Québec. Du village aux champs, entre l’église et les dernières habitations qui en dépendent, un espace sacré se reconnaît aisément. Il se compose d’un centre et d’une périphérie. Au centre, le temple paroissial et ses dépendances, structures de la rationalité du gouvernement spirituel. À la périphérie, des lieux de culte populaires qui se distribuent de façon un peu anarchique le long des routes et sur des terrains privés. Le patrimoine paysager du centre inclut, outre l’église et le cimetière ancien, le presbytère construit par Joseph-Ferdinand Peachy en 1872, un monument au Sacré Cœur installé en 1916 avec grande solennité, une grotte de Notre-Dame de Lourdes érigée à l’occasion de l’Année mariale (1954) et pour laquelle Médard Bourgault (NOTE 1) a fourni les statues de L’Immaculée Conception et de Sainte Bernadette Soubirous, et enfin, derrière la grotte, dans le parc Chanoine-Fleury, un calvaire du même sculpteur complète l’ensemble. Le patrimoine paysager de la périphérie comprend pour sa part de modestes structures érigées pour la dévotion d’individus et de familles : il s’agit de chapelles, de croix, de grottes, de niches et de statues. Ces lieux de culte et de souvenir appartiennent généralement à des propriétaires privés et donnent la juste mesure de la religiosité vécue au quotidien par les habitants de la paroisse.

 

L’église classée monument historique pour sa valeur architecturale

St. Jean Port Joli, P.Q. L'église, érigée en 1787.

La place de l’église de Saint-Jean-Port-Joli s’est formée progressivement autour d’un bâtiment qui doit à diverses interventions architecturales exercées au long du temps la configuration exceptionnelle qu’on lui connaît maintenant. Le projet de construire une église remonte à 1756 quand le seigneur du lieu, Ignace Aubert de Gaspé, réserve un terrain à cette fin. On entreprend les travaux de construction en 1779 selon les directives de l’archevêque de Québec, monseigneur Jean-Olivier Briand, et le lieu est ouvert au culte en 1781. L’église, en forme de croix latine, se compose d’une nef à vaisseau unique et d’un transept muni de deux chapelles latérales que prolonge un chœur plus étroit et fermé par une abside en hémicycle.

En 1815, à peine 35 ans après son inauguration, le temple est agrandi en allongeant sa façade de 11,6 mètres et en remplaçant sa sacristie de bois par une nouvelle en pierre. C’est de cette même année que datent les deux clochers à double lanternon qui surmontent la façade et le chœur. Cette nouvelle façade est dotée d’un portail central qu’encadrent deux niches et que surmontent des oculi, c’est-à-dire des ouvertures rondes. En 1861, de nouveaux travaux donnent à la façade sa grande fenêtre de style palladien, et à la toiture sa forme cintrée. En 1875 enfin, une chapelle de forme polygonale est ajoutée à la sacristie et complète l’apparence extérieure si élégante et aux proportions si justes de l’église de Saint-Jean-Port-Joli. Cette construction illustre la persistance de l’architecture religieuse d’inspiration française pendant les premières années du Régime britannique et c’est pour cela qu’elle sera classée monument historique par le gouvernement du Québec en 1963.

 

L’intérieur de l’église, comme une antichambre du ciel

Conformément à la théorie du luxe dans les arts sacrés, professée par l’abbé Jean-Joseph Gaume en 1839, le décor intérieur de cette église classée peut être allégoriquement qualifié d’antichambre du ciel. « Il faut, écrivait-il, qu’il y ait un certain luxe dans nos églises parce qu’il est nécessaire de donner aux hommes une haute idée de la Majesté divine et de rendre son culte respectable » (NOTE 2). Les responsables de l’aménagement intérieur de l’église de Saint-Jean-Port-Joli ne ménageront rien pour conférer aux paroissiens « une haute idée de la Majesté divine ».

Église de Saint-Jean-Port-Joli, chœur, 2000

Plusieurs artistes de renom ont contribué à l’aménagement intérieur de l’église dédiée à saint Jean-Baptiste. Jean Baillairgé (1726-1805) et son fils Pierre-Florent (1761-1812) lui donnent son premier décor, terminé en 1797 : un retable à trois volets qui épouse l’abside du sanctuaire. Devant ce retable se dresse le maître-autel dont le tabernacle doré est attribué à Pierre-Noël Levasseur (1690-1770), qui l’aurait sculpté en 1740 pour une première chapelle construite plus à l’ouest sur les terres du seigneur; ce retable est l’un des plus anciens à subsister au Québec. Le tombeau doré et peint de marbrures qui le soutient a été exécuté en 1805 par François Baillairgé (1759-1830), un autre fils de Jean, qui fera aussi le grand crucifix suspendu à l’entrée du chœur. David Ouellet (1844-1915) et Chrysostôme Perrault (1793-1829) se sont partagés pour leur part le travail des autels latéraux : Ouellet en sculptera les tabernacles, Perrault les tombeaux. C’est aussi à ce dernier que l’on doit la fausse voûte (1816-1820), dominée à son sommet d’une gloire enlacée de sarments de vigne et garnie de multiples petits caissons ornés de rosettes, qui donneront au visiteur cette impression de pénétrer dans l’antichambre du ciel. Amable Charron (1785-1844) complétera ce décor en 1839. Tout aussi caractéristiques de cette église sont les galeries latérales construites en 1845-1846 par François Fournier (1790-1864) : rare exemple subsistant du premier type de galeries qui étaient indépendantes de la structure du bâtiment.

Saint Zacharie, sculpture de Médard Bourgault, façade ouest de l’église, 2011

Plus tard, au milieu du XXe siècle, Médard Bourgault est appelé pour sa part à fournir l’essentiel de la statuaire de l’église. Pour le sommet du retable, ce sculpteur de Saint-Jean-Port-Joli taille un Saint Jean-Baptiste (1948) ; pour l’ambon de la chaire (1937), ce sont les figures de Saint Paul et de Saint Pierre, puis de Moïse et d’Élie (NOTE 3) ; pour le vestibule d’entrée, Saint François d’Assise (1953) et le Christ Roi (1955) ; pour les deux niches de la façade extérieure, Saint Zacharie et Sainte Élisabeth (1950), père et mère de saint Jean-Baptiste. Son fils, Jacques Bourgault, donne quant à lui un Saint Joseph, artisan. D’autres artistes attacheront leur nom à l’église de Saint-Jean-Port-Joli, notamment le peintre Louis Dulongpré (1759-1843) qui y laisse trois grands tableaux : Le Baptême du Christ au maître-autel, qui dans les faits honore saint Jean-Baptiste, ainsi que L’Immaculée Conception et Sainte Catherine de Sienne au-dessus des autels latéraux. Antonio Masselotte peint pour sa part le chemin de croix en 1925.

Saint-Jean-Port-Joli est l’une des rares églises du Québec qui ait conservé son banc seigneurial. Le 1er février 1871, Philippe Aubert de Gaspé, dernier seigneur du lieu et auteur du roman Les Anciens Canadiens, se fait enterrer sous le banc familial, parmi ses prédécesseurs. En 1960, la paroisse décide de remplacer le vieux plancher de bois par un nouveau en béton. Seuls le dernier seigneur et six prêtres auront le privilège d’y demeurer inhumés : les quelque 209 autres dépouilles seront exhumées et transférées dans un nouveau cimetière situé le long de la route de l’Église.

 

Un cimetière de type urbain dans une paroisse rurale

Cimetière ancien de Saint-Jean-Port-Joli, 1995

Au milieu du XIXe siècle, pour des raisons de salubrité publique, les cimetières quittent le cœur des cités pour être relogés à leur périphérie. Deux grands modèles se répandent alors : le cimetière « rural », qui se caractérise par une topographie irrégulière où des monuments et des plantations bordent des chemins sinueux qui imitent la nature ; et le cimetière « bâti », ou « urbain », qui emprunte au jardin classique français sa grille orthogonale où priment la monumentalité et la densification. Le cimetière situé à l’ouest de l’église appartient à cette dernière catégorie. La paroisse rurale de Saint-Jean-Port-Joli a donc un cimetière de type urbain. Ouvert en 1883, il est le troisième de quatre qui s’y sont succédé au fil du temps (NOTE 4).

Le 22 novembre 1882, l’évêque de Québec écrivait au curé : « Pendant ma dernière visite pastorale, j’ai constaté que le cimetière de votre paroisse est tellement rempli de cadavres à plusieurs rangs qu’on ne peut plus y enterrer sans déranger plusieurs cercueils. Je suis informé qu’il en est de même sous le plancher de la nef de l’église. Il est donc nécessaire de remédier à cet état de chose […] En vertu de la Loi 38 Vic. Ch. 34, je défends d’enterrer dans le cimetière ou dans la nef de votre église après le 31 juillet 1883 » (NOTE 5). Un nouveau cimetière sera donc implanté à quelques dizaines de mètres à l’ouest de l’église. « Ce terrain, peu profond, rochus et sourceux, était peu convenable pour en faire un cimetière », écrit en 1923 dans son Mémorial de Saint-Jean-Port-Joli le chroniqueur local J.-Arthur Fournier, témoin des événements, qui ajoute : « de nombreux paroissiens […] protestèrent contre la triste obligation où on était, surtout au printemps dans l’abondance des eaux, de jeter les cercueils non pas dans une fosse convenable mais dans un trou à demi plein d’eau, de sable et de boue » (NOTE 6). Dans les années qui suivirent, on charroya d’importantes quantités de sable pour relever ce terrain « rochus et sourceux » et permettre d’y ensevelir convenablement les défunts, ce qui explique l’usage de caveaux et leur élévation particulière qui surprend toujours les visiteurs.

Le cimetière occupe une superficie que partagent en quatre parties égales deux allées se croisant au centre. Parmi des centaines d’ouvrages funéraires que compte le cimetière, certains attirent davantage l’attention en raison de la personnalité des défunts qu’ils signalent (NOTE 7). À l’extrémité nord de l’allée transversale se dresse un calvaire protégé par un édicule et dont le Christ en croix a été sculpté en 1933 par Médard Bourgault.

 

Le patrimoine de la périphérie : entre religion de clercs et religion populaire

Oratoire Sainte-Anne, 520, chemin du Moulin, Saint-Jean-Port-Joli, vue générale de l’intérieur, 2011

Il convient de distinguer deux catégories de lieux de culte que l’on retrouve en périphérie de l’espace sacré : ceux qui sont situés le long des routes et offrent une vitrine publique, et ceux qui, au contraire, sont à l’abri des regards et relèvent de la sphère privée (NOTE 8). Plus ils s’éloignent des regards, plus ils échappent au contrôle du curé et permettent l’expression de la religion populaire. Deux chapelles, un rocher de la Vierge, une croix de Tempérance et six croix de chemin bordent les routes de Saint-Jean-Port-Joli.

L’élégante chapelle située à l’est du village a été érigée par la fabrique paroissiale en 1890 sur les ruines d’une précédente datant de 1844. Elle servait normalement aux processions du saint sacrement le jour de la Fête-Dieu. L’architecte Charles Bernier, qui habitait dans son voisinage, en aurait donné le plan. Seul un autel fabriqué par des artisans locaux en meuble l’intérieur : le tabernacle en est de François Lemieux et le tombeau de Jean-Baptiste Legros. La chapelle de l’ouest, située aux abords de la rivière Trois-Saumons, appartient quant à elle à une famille et bénéficie du statut d’oratoire public. « L’oratoire public, écrit la Discipline diocésaine, est celui qui a été érigé pour des particuliers ou pour un certain groupe, mais avec droit légitimement établi pour tous les fidèles d’y assister aux offices » (NOTE 9). Attala Bourgault lance en 1910 une corvée de construction et ouvre en 1919 le lieu de culte dédié à sainte Anne. Cet oratoire contraste de façon saisissante par rapport à la chapelle de procession de l’est, presque vide et délaissée depuis longtemps par la fabrique et les paroissiens (NOTE 10). Le 26 juillet de chaque année, fête de sainte Anne, un groupe significatif de fidèles converge vers l’oratoire pour la célébration d’une messe. Ils y retrouvent un décor composite : la grande statue de L’Éducation de la Vierge par sainte Anne dominant l’autel, une dizaine de statuettes de saints, dont une œuvre de Médard Bourgault, Saint Joseph présentant un couple de tourterelles pour la Présentation de Jésus au temple, ainsi qu’une Notre-Dame du Rosaire provenant de l’atelier de Joseph et Jean-Marie Gagnon, fabricants locaux de statuettes de plâtre qui passeront ensuite au plastique. Enfin, s’y trouvent un ex-voto (béquilles) laissé par Thérèse Bourgault en reconnaissance de sa guérison obtenue en 1930, et divers documents, dont une lettre du cardinal Louis-Nazaire Bégin accordant cent jours d’indulgence à qui visitera l’oratoire et dira quelques prières à la bonne sainte Anne.

Rocher de la Vierge, tantôt nommée Notre-Dame du Port-Joli, Notre-Dame de la Prospérité ou Notre-Dame de la Guérison, situé en face du Musée de la mémoire vivante, 2011

Non loin de là, consécutivement à une promesse faite à la Vierge si elle l’aidait à « lutter contre l’alcool » (NOTE 11), Maurice Leclerc commande en 1948 à Médard Bourgault une statue qu’il installe sur les flancs d’un promontoire rocheux en face de chez lui. La Vierge est tantôt nommée Notre-Dame du Port-Joli, Notre-Dame de la Prospérité ou Notre-Dame de la Guérison. Plusieurs années après, l’œuvre d’origine est remplacée par une nouvelle mais des gens viennent régulièrement déposer aux pieds de la statue des bouts de papier, des photos, des fleurs de plastique, des chapelets (NOTE 12) et d’autres formes d’ex-voto qui gardent bien vivant ce lieu de culte.

Entre la rivière Trois-Saumons et le village, du côté nord du chemin, se dresse une croix monumentale, dite de Tempérance, qu’érige le clergé local en 1939. Le parcours des lieux de culte populaires qui offrent une vitrine publique s’achève avec la visite de six croix de chemin que compte le territoire. Deux sont situées le long de la route principale qui traverse Saint-Jean-Port-Joli : à l’ouest, la croix Toussaint ; à l’est, la croix de la Demi-Lieue. Les quatre dernières appartiennent à des propriétaires du deuxième rang : à l’ouest, les croix Robichaud et Deschênes ; à l’est les croix Leclerc et Caron.

 

Un paysage culturel et historique à découvrir

Médard Bourgault, artiste, 1957

Le patrimoine religieux de Saint-Jean-Port-Joli, bien que bicentenaire, a été fortement marqué au milieu du XXe siècle par l’empreinte de Médard Bourgault, l’aîné et le guide d’une famille de sculpteurs sur bois qui a donné à ce village de la Côte-du-Sud le renom qu’on lui connaît. Celui que le dominicain Benoît Lacroix nomme affectueusement « saint Médard », confiait sa foi dans une entrevue donnée en 1948 en ces termes : « Vous conviendrez comme moi que tout honneur revient à Dieu et non pas à moi, que le Bon Dieu soit glorifié mais non pas moi, car tout ceci lui appartient » (NOTE 13). Au final, le patrimoine religieux que l’on découvre en traversant le paysage culturel historique de Saint-Jean-Port-Joli porte à juste titre la signature particulièrement marquante de Médard Bourgault.

 

Jean Simard
Professeur retraité d’ethnologie
Université Laval

Nicole Bourgault
Consultante en ethnologie

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Notes

1. Médard Bourgault naît à Saint-Jean-Port-Joli le 8 juin 1897 et y décède le 21 septembre 1967. Il est d’abord marin au long cours, visitant la France, l’Angleterre, l’Espagne, le Portugal et même l’Afrique. En 1918, il rentre à la maison et s’exerce à la sculpture en prenant exemple sur son ancêtre Amable Charron, dont il admire les œuvres dans l’église paroissiale, et profite des leçons que lui donne J.-Arthur Fournier, sculpteur au canif, fabriquant de monuments funéraires et chroniqueur. En 1926, Médard Bourgault fait la connaissance de l’ethnologue Marius Barbeau qui le conforte dans sa vocation. Il s’intéresse d’abord à l’art paysan, qu’il délaisse dans les années 1930 pour l’art religieux et qui lui vaudra la faveur du clergé catholique et même une bonne célébrité médiatique. Travaillant sans relâche pour nourrir une famille de quatorze enfants, il aurait laissé 88 chemins de croix au Québec, au Nouveau-Brunswick, en Ontario et aux États-Unis. En 1940, il ouvre avec son frère Jean-Julien la première école de sculpture sur bois subventionnée par le gouvernement du Québec. C’est là que les Bourgault transmettront leur savoir-faire à des dizaines de jeunes gens de tout le Québec et qui feront connaître Saint-Jean-Port-Joli sur le plan national.

2. Jean-Joseph Gaume, Catéchisme de persévérance ou Exposé théorique, dogmatique, moral, liturgique, apologétique, philosophique et social de la religion depuis les origines du monde jusqu’à nos jours, Bruxelles, 4e édition, 1842

3.  Jean-Julien Bourgault, frère de Médard, a fabriqué l’ambon de la chaire tandis que son fils Gilles est l’auteur du Pélican nourrissant ses petits (1987), œuvre située au-dessus du meuble.

4. Un premier (1738-1781) était situé près de la primitive chapelle, à un kilomètre plus à l’ouest ; un deuxième (1781-1883) prenait place dans un enclos qui jouxtait le mur nord de l’église et se prolongeait en quelque sorte sous l’église (1786-1883) ; un dernier enfin, érigé le long de la route de l’Église et familièrement nommé « Sous-les-étoiles », a été ouvert en 1963 quand le cimetière ancien, aussi familièrement nommé « Au-bord-de-l’eau », n’offrait plus assez d’espaces pour de nouvelles sépultures.

5. Cité par Angéline Saint-Pierre, Promenades dans le passé. Les paroissiens et l’église, Saint-Jean-Port-Joli, 1997, p. 48.

6. J.-Arthur Fournier, Mémorial de Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Jean-Port-Joli, 1923, p. 416.

7. À l’entrée, dans le quadrilatère sud-est, à la limite même de l’espace consacré, se cache la stèle du dissident Georges Tétu, mort en 1904 à l’âge de 79 ans, qui passa 55 ans de sa vie à New York où il se convertit au protestantisme ; dans le même quadrilatère, Émélie Caron, mieux connue sous le nom d’Émélie Chamard (1887-1981), célèbre artisane du textile. Dans le quadrilatère sud-ouest, l’on reconnaîtra aisément la stèle de J.-Arthur Fournier (1863-1931), sculptée longtemps après son décès par Jean-Raymond Bourgault (1924-2010), fils de Médard, dont l’épitaphe a été rédigée par l’historienne locale Angéline Saint-Pierre. Dans le quadrilatère nord-ouest, un monument signale la dépouille d’Éliza-Emma Michaud, décédée en 1942 à l’âge de 70 ans. Elle avait publié, sous le pseudonyme de Marie Bonenfant, Canadiennes d’hier (1941), un roman qui serait, d’après Gaston Deschênes, éditeur et préfacier de la réédition de 1994 aux Éditions Septentrion, « le pendant féminin des Anciens Canadiens ». Dans le même quadrilatère : l’historien Gérard Ouellet (1906-1981) ; Eugène Leclerc (1885-1968), maquettiste de bateaux. Dans le quadrilatère nord-est, le long de l’allée centrale, le lot de la famille Bourgault regroupe, parmi de nombreux noms, Médard (1897-1967) et Jean-Julien (1910-1996), du célèbre groupe des frères sculpteurs. Le dernier du trio, André (1898-1957), repose pour sa part dans le quadrilatère sud-ouest.

8. Précisément parce qu’il relèvent de la sphère privée, ces lieux de culte ne sont pas ici consignés.

9. Jean-Marie-Rodrigue Villeneuve, archevêque de Québec, Discipline diocésaine, Québec, L’Action catholique, 1937, p. 445.

10. J.-Arthur Fournier écrit déjà en 1923 : « Autrefois la procession s’y rendait ordinairement chaque fois qu’elle sortait de l’église, mais depuis une vingtaine d’années elle ne s’y rend que très rarement. », op. cit., p 413.

11. D’après une note rédigée le 14 février 1952 par monseigneur Léon Bélanger à la suite d’une conversation qu’il a eue avec Maurice Leclerc (Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, fonds Société historique de la Côte-du-Sud : F001/10/20). Communication de Judith Douville (Musée de la mémoire vivante, Saint-Jean-Port-Joli).  

12. Communication de Judith Douville.

13. Blanche Gagnon, Autour de Manrèse. Histoire et monographies, impressions et souvenirs, Québec, Villa Manrèse, 1948.

Bibliographie

Fournier, J.-Arthur, Mémorial de Saint-Jean-Port-Joli, Saint-Jean-Port-Joli, 1923, 570 p. Tapuscrit conservé aux Archives de la Côte-du-Sud et du Collège de Sainte-Anne, La Pocatière. Le travail de Fournier est maintenant publié et distribué par le Musée de la mémoire vivante de Saint-Jean-Port-Joli.

Gagnon, Blanche, Autour de Manrèse. Histoire et monographies, impressions et souvenirs, Québec, Villa Manrèse, 1948, 288 p.

Gaume, Jean-Joseph, Catéchisme de persévérance ou Exposé théorique, dogmatique, moral, liturgique, apologétique, philosophique et social de la religion depuis les origines du monde jusqu’à nos jours, Bruxelles, 4e édition, 1842.

Gauvreau, Jean-Marie, Artisans du Québec, Trois-Rivières, Les Éditions du Bien public, 1940, 224 p.

Noppen, Luc, « Église Saint-Jean-Baptiste », Les Chemins de la mémoire. Monuments et sites historiques du Québec, tome 1, Québec, Les Publications du Québec, 1990, pp. 391-392.

Ouellet, Gérard, Ma Paroisse. Saint-Jean-Port-Joly, Saint-Jean-Port-Joli, Les Éditions du Pilier, 1946, 348 p. (Réimprimé en 2001 avec index des sujets et des noms propres de personnes ; disponible au bureau municipal de Saint-Jean-Port-Joli)

Saint-Pierre, Angéline, L’église de Saint-Jean-Port-Joli, Québec, Les Éditions Garneau, 1977, 217 p.

Saint-Pierre, Angéline, Médard Bourgault, sculpteur, Montréal, Fides, 1981, 139 p.

Saint-Pierre, Angéline, Promenades dans le passé. Les paroissiens et l’église, Saint-Jean-Port-Joli, 1997, 127 p.

Simard, Jean, Les Arts sacrés au Québec, Boucherville, Les Éditions de Mortagne, 1989, 319 p.

Villeneuve, Jean-Marie-Rodrigue, archevêque de Québec, Discipline diocésaine, Québec, L’Action catholique, 1937, 676 p.

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