Industrie papetière au Canada français

par Bourgeois, Valérie et Lampron-Desaulniers, Catherine

Moulin à papier St. Laurent, Trois Rivières, Québec

Depuis le début du XIXe siècle jusqu’à nos jours, l’exploitation des ressources forestières a joué un rôle déterminant dans l’histoire du Canada. Au Québec, des générations d’hommes ont travaillé à la sueur de leur front à bâtir l’industrie des pâtes et papiers. Des forêts denses et sombres de l’arrière-pays aux rivières glacées, en passant par les machines assourdissantes et la chaleur accablante des papeteries, des régions entières se sont développées au rythme des pâtes et papiers, annonçant la naissance du Québec industriel. Aujourd’hui, à l’heure où l’industrie papetière est appelée à se renouveler et à innover afin de faire face à de nouveaux défis, il importe de sauvegarder les dimensions matérielles mais aussi immatérielles de ce riche patrimoine industriel.

 

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 Reconnaître le patrimoine papetier

International Pulp and Paper Company, 1943

Le 3 août 2006, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada a désigné l’industrie des pâtes et papiers du Québec «Événement historique national» (NOTE 1). Cette nomination souligne le rôle fondamental de l’exploitation des ressources forestières dans le développement socioéconomique et l’histoire du Canada. Grâce à son vaste réseau hydrographique et la richesse de ses forêts, le Canada, et plus particulièrement le Québec, est une terre privilégiée pour l’exploitation des ressources naturelles. Ces éléments favorisent, à la fin du XIXe siècle, non seulement le développement d’une industrie du bois mais aussi l’implantation de papeteries. Le Canada deviendra même le plus grand producteur et exportateur de papier journal au monde!

Aux quatre coins du Québec, on assiste à la naissance de quartiers ouvriers – voire de villes –  qui  se construisent littéralement autour des papeteries. Chicoutimi « Ville de la pulpe » et Trois-Rivières « Capitale mondiale du papier journal » connaissent une urbanisation rapide en plus d’occuper une position stratégique dans le milieu papetier.

Près d’un siècle plus tard, l’industrie papetière montre des signes d’essoufflements. Alors que plusieurs usines ferment, de nombreuses questions sont soulevées quant au maintien et la pérennité de leur patrimoine. À l’instar des autres héritages menacés, le patrimoine industriel papetier, tant matériel qu’immatériel, connait une situation préoccupante, puisqu’il perd peu à peu de ses principaux protagonistes et porteurs de mémoire. La transmission des savoir-faire propres aux générations de bûcherons, draveurs et papetier se retrouve donc au cœur des enjeux de réappropriation de cette mémoire industrielle. S’il existe des vestiges laissés par l’industrie papetière, aucun plan directeur de sauvegarde priorisant les actions : il faut donc s’en remettre aux initiatives locales et régionales de mise en valeur et non aux entreprises elles-mêmes. Ainsi, la transmission de notre histoire ouvrière passe par la découverte des lieux de mémoire, tels que les musées et centres d’interprétation thématique (NOTE 2).

 

Les débuts de la grande aventure

La compagnie de papier Rolland, Saint-Jérôme, P.Q., 1883

L’industrie papetière québécoise tire son origine de l’exploitation forestière destinée au marché britannique. Suite au blocus naval de Napoléon en 1806, l’Angleterre ne peut plus s’approvisionner en matières premières sur le continent européen. Elle se tourne alors vers sa colonie, le Canada, pour avoir accès au bois d’œuvre qui servira, entre autres, à la construction navale. Le Québec découvre à cette époque tout le potentiel commercial de ses forêts et met à profit son vaste réseau hydrographique.

Des quatre coins de la province, on voit des milliers d’hommes monter aux camps, laissant derrière eux femmes et enfants, ainsi qu’une terre en dormance. Ayant bûché tout l’hiver, ils profitent de la crue du printemps pour le flottage du bois. C’est le début de la drave (NOTE 3). Ce moyen de transport efficace et économique permettra d’acheminer annuellement des millions de billots de bois vers les scieries, où ils seront taillés avant d’être exportés.

La paix revenue en Europe, la demande en bois équarri s’effondre. Le Canada doit donc trouver de nouveaux marchés. C’est ainsi qu’il se tourne vers ses voisins du Sud qui connaissent un boum démographique majeur. Les activités d’exportation repartent de plus belle, stimulées par le traité de réciprocité signé en 1854, permettant différents échanges économiques entre les deux pays.

Un campement forestier

Au tournant du XXe siècle, la population américaine se stabilise ce qui entraine à nouveau un ralentissement de la demande et oblige le Canada à trouver un autre marché. Fort heureusement, un nouveau besoin se manifeste : celui de la pâte de bois destinée à être transformée en papier. On passe alors graduellement du règne du pin au règne de l’épinette ; du bois de construction au bois à pulpe. Les scieries laissent place aux papeteries, qui s’établissent près des cours d’eau, bénéficiant des infrastructures laissées sur place. C’est à cette époque que les régions comme l’Outaouais, le Saguenay-Lac-Saint-Jean et la Mauricie se distinguent par leur productivité.

Ces nouvelles réalités amènent de profondes mutations dans la société québécoise, dont un déplacement de la population rurale au profit de la ville, rendant disponible une main d’œuvre qui trouve refuge, entre autres, dans les usines de pâtes et papiers.  Autrefois bercé par le rythme des saisons, le cultivateur devenu ouvrier voit maintenant son cadre de travail régit par le retentissement du sifflet d’usine. Ce dernier l’avertit des changements de quarts, lui dictant quand manger, quand se reposer… Implicitement, il dicte la vie des familles : une autre boîte à lunch à préparer, papa doit faire des heures supplémentaires ! 

 

Se réapproprier la ressource

Paper Mill, Jonquieres, Que. Saguenay River

Les premiers temps, ce sont essentiellement des capitaux étrangers – surtout américains – qui permettent le développement de l’industrie papetière (NOTE 4) : en effet, la hausse croissante de la demande en papier journal, stimulée par la presse à grand tirage, favorise le marché. On s’approvisionne en pulpe au Québec et la transformation finale (de loin l’opération la plus payante) se fait aux Etats-Unis (NOTE 5). Conscient que les bénéfices émanant de l’exploitation de ses ressources lui échappe, l’État québécois adopte, en 1910, une première mesure visant à ramener le contrôle de ses forêts. Avec cette loi, le Premier ministre Lomer Gouin interdit l’exportation de la pulpe aux États-Unis : les entreprises de l’extérieur doivent désormais s’installer et transformer au Québec pour s’assurer un accès à la ressource. Trois ans plus tard, l’adoption de l’Underwood Act par le gouvernement américain marque l’abolition des tarifs douaniers sur le papier afin de stimuler les échanges commerciaux (NOTE 6). Il en résulte qu’au moment de la Première Guerre mondiale, près de 90% de la production canadienne de papier journal prend la route des Etats-Unis (NOTE 7).

Les années 1920 sont marquées par une croissance quasi anarchique, une hausse des investissements étrangers ainsi que des profits rapides et substantiels. Au titre de premier producteur mondial de papier journal, le Canada ajoute celui de premier exportateur (NOTE 8). Le Premier ministre Louis-Alexandre Taschereau (1920-1936) affirme : « nous devons nous servir de l’or de nos voisins pour nous développer » (NOTE 9). Flairant l’opportunité, il s’associe avec l’Église afin d’offrir aux entreprises américains qui s’établissent sur le territoire, une main d’œuvre docile et met en place une série d’avantages, notamment la suspension de taxes. La crise des années 1930 viendra mettre un terme à dix ans de croissance effrénée. Le ralentissement se fait sentir partout au pays, conduisant bon nombre de compagnies au bord de la faillite.

 

« L’or blanc » québécois (1940-1970)

Canadian International Paper : chargement de rouleaux de papier, 1961

La relance d’après-guerre marque une étape importante dans l’histoire des pâtes et papiers considérée comme l’âge d’or de l’industrie (NOTE 10). Celle-ci est caractérisée par des augmentations record de la production, mais aussi par le réaménagement du travail, basé sur la mécanisation des procédés, de la coupe du bois à la fabrication du papier. La spécialisation des métiers vient également donner un air de modernité à l’industrie, avec l’ouverture d’une première école nationale de papeterie à Trois-Rivières. Du côté des ouvriers, les conditions de travail s’améliorent et on observe une percée du mouvement syndical qui n’avait pas réussi jusque là à s’implanter, à cause notamment du paternalisme industriel (NOTE 11).

Les années 1960 amènent leur lot de changements dans la société québécoise. Propulsé par le « Maîtres chez nous » de Jean Lesage, les Québécois veulent se réapproprier leur territoire. Des grands projets tels que la nationalisation de l’électricité voient le jour. C’est le début de l’État-providence. L’industrie papetière est, quant à elle, marquée par de nouvelles stratégies visant à accroître son rôle, tandis qu’on cherche, par la création de sociétés d’État, à mieux contrôler l’exploitation de ses ressources (NOTE 12). Avec la loi 27, adopté en 1974, le gouvernement va encore plus loin en s’assurant une meilleure répartition de la ressource forestière selon les régions, il octroie des subventions pour la modernisation des usines et la réorganisation complète de l’industrie du sciage (NOTE 13). Ainsi, le gouvernement qui était autrefois gardien de la forêt, en devient un gestionnaire actif.

 

La modernisation, un virage difficile à négocier (1980 à aujourd’hui)

Après une période de croissance soutenue, les années 1980 débutent sous le signe de la récession et du chômage. Confronté à l’essoufflement de la ressource forestière (conséquence de la surexploitation et du reboisement insuffisant), le gouvernement privatise et dérèglemente ses sociétés d’État. Le milieu industriel est chambardé. C’est la désindustrialisation, phénomène qui se poursuit durant toute la décennie suivante, alors que le Québec est marqué par une restructuration des industries forestières et papetières ainsi que par  la forte présence de la concurrence étrangère. Une modernisation des équipements est nécessaire afin de faire face aux nouvelles exigences du marché. Malheureusement, plusieurs papetières ne voient pas l’intérêt d’investir des centaines de millions de dollars dans des infrastructures désuètes, alors qu’il est possible de construire ailleurs et à meilleur coût des installations entièrement nouvelles. Le monde industriel fera face au démantèlement de plusieurs de ses grands complexes qui jadis avaient marqués les quartiers ouvriers. Est-ce le début de la fin ?

Machine numéro 4, Kruger-Wayagamack

Certes, avec l’arrivée du nouveau millénaire, certains facteurs ont contribué au déclin de la production de papier journal : hausse du dollar canadien, concurrence des marchés internationaux et arrivée des nouveaux supports électroniques. Paradoxalement, de nouvelles avancées technologiques façonnent le milieu papetier d’aujourd’hui et l’appellent à se réinventer. Alors que jadis il comptait sur sa compétitivité en termes de production (NOTE 14), c’est maintenant dans le domaine de l’économie du savoir qu’il se démarque. Par exemple, de nouveaux procédés de transformation et de valorisation permettent d’axer le travail différemment tant au point de vue de la transformation du bois, des papiers et des cartons que des matières recyclées. L’industrie papetière emprunte dorénavant une voie plus verte et de nouvelles normes environnementales font leur entrée, comme le traitement des eaux usées, tandis que l’on priorise des ressources écologiques à renouvellement rapide, comme le bambou, l’eucalyptus, le chanvre et le lin. Du point de vue de la recherche, on parle de biochimie, de méthicellulose, de bioénergie et de papier intelligent antibactérien (NOTE 15). C’est donc une industrie en constante évolution.

 

Les pâtes et papiers : un patrimoine indissociable de notre histoire

Plaque apposée par la Commission des Lieux et monuments historiques du Canada

Bien que l’on ait commencé à prendre conscience de l’importance de sauvegarder le patrimoine dans les années 1960 au Québec, le patrimoine industriel tardera un peu à s’imposer comme un élément à préserver (NOTE 16). Il faut attendre la fin des années 1970, alors que certaines industries, forestières et papetières, commencent à éprouver des difficultés financières, pour que cette préoccupation surgisse. C’est en effet lorsque les entreprises quittent le territoire, laissant derrière elles des villes et des villages dévitalisés, que des regroupements de citoyens se mobilisent.

Les projets de mise en valeur sont toutefois difficiles à mettre sur pied et rapidement, les citoyens font face à un manque de ressource. Soulignons que, d’une part, l’ampleur et la complexité des sites industriels rendent parfois leur sauvetage particulièrement coûteux par rapport à d’autres types de patrimoine (NOTE 17), car on doit également procéder à une reconversion d’usage afin de transformer le lieu industriel en lieu public. D’autre part, le patrimoine industriel s’inscrivant souvent dans le temps présent, sa sauvegarde peut sembler moins urgente ou importante d’un point de vue historique. Cet ensemble de contraintes explique peut-être pourquoi certaines mises en valeur se font in extremis suite à la menace de démolition de certains bâtiments industriels anciens. Pensons par exemple au Village historique de Val-Jalbert, à la Pulperie de Chicoutimi (NOTE 18) ou encore à Boréalis, centre d’histoire sur l’industrie papetière. Situé dans l’ancienne usine de filtration d’eau d’une des plus grandes papeteries au monde, la Canadian International Paper, Boréalis a été sauvé grâce à la vigilance de l’entrepreneur qui trouvait « dommage » de démolir un bâtiment si bien situé (NOTE 19).

Il arrive aussi que la récupération de lieux industriels passe par une réutilisation de l’espace à des fins commerciales : songeons à l’usine de La Rolland qui abrite maintenant des locaux d’entreprise, ou bien au complexe industriel de l’usine de la Belgo de Shawinigan, dont une partie des infrastructures sert maintenant de lieu d’entreposage (NOTE 20). Quoi qu’il en soit, il existe fort heureusement d’autres projets de mise en valeur davantage axé sur l’interprétation et dont les investissements sont moindres, par exemple le Centre d’histoire William-Price qui loge dans une ancienne chapelle anglicane et qui a comme sujet principal les pâtes et papiers et la famille Price, au Saguenay (NOTE 21). L’apport historique et patrimonial de ces lieux est important car il assure une accessibilité et une diffusion de l’histoire régionale.

 

Un patrimoine à raconter

L’industrie papetière a laissé des vestiges bâtis, des complexes immenses, des équipements et machines venus d’un autre siècle. Mais outre ces éléments matériels, le patrimoine industriel papetier est également immatériel : les savoir-faire, l’organisation à l’usine, les temps de travail, de loisir et de vie… La richesse du patrimoine papetier se trouve davantage dans les histoires de ceux et celles qui l’ont construit que dans les bâtiments qu’ils ont légué. Tout cet héritage intangible représente cependant un défi de conservation, une course contre la montre, avant que le souvenir n’en disparaisse en même temps que les derniers travailleurs porteurs de cette mémoire industrielle. Leurs témoignages réhabilitent ces « histoires de boîtes à lunch » trop longtemps ignorées, parce que jugées banales et peu importantes. Il importe d’agir rapidement afin d’assurer la sauvegarde non seulement du patrimoine industriel bâti, mais aussi de la mémoire et de ces savoir-faire qui ont si fortement marqué la vie quotidienne de milliers de familles québécoises.

 

Valérie Bourgeois, M.A. Historienne
Directrice, Boréalis

Catherine Lampron-Desaulniers, M.A. Historienne
Animatrice, Boréalis

 

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Notes

1. Selon le site suivant http://www.pc.gc.ca/apps/dfhd/page_nhs_fra.aspx?id=11854 , la désignation a eu lieu le 28 novembre 2005. Mais un autre communiqué paru sur le site de Parc Canada parle du 3 août 2006 : http://www.pc.gc.ca/APPS/CP-NR/release_f.asp?id=1026&andor1=nr

2. Selon le concept de lieu de mémoire tel que mis en avant plan par Pierre Nora dans son ouvrage Les Lieux de Mémoire, Gallimard (Bibliothèque illustrée des histoires), Paris, 3 tomes.

3. Le premier flottage du bois au Québec se fait sur la rivière des Outaouais en 1806 et va se poursuivre jusqu’en 1995. Pour en connaître davantage sur l’arrêt du flottage du bois, « Le dépitounage de la rivière Saint-Maurice », site consultée le 06-01-2012 [En ligne], http://www.radio-canada.ca/emissions/tout_le_monde_en_parlait/2011/Reportage.asp?idDoc=166338#commenter

4. Quant aux premières initiatives québécoise, celles-ci ont été à petite échelle; il s’agit majoritairement d’initiatives locales, voir artisanales. Entre 1803 et 1805 la première usine de papier au Québec est construite à Saint-André d’Argenteuil, tandis qu’à Windsor Mills, en 1864, Angus & Logan construisent la première usine de pâte de bois chimique en Amérique du Nord. Face à la production de masse des grandes industries et faute de moyens, ces moulins à papier et leur petite production n’arrivent pas à s’imposer.

5. Dès cette époque, une partie du bois coupé dans ces forêts est exportée à l’état brut dans les usines à papier des États-Unis. Des papetières, comme Glenn Falls Paper, en 1890, et Union Bag and Paper, en 1904, achètent des scieries à Trois-Rivières pour garantir leur approvisionnement en bois à pâte.

6. À cela, nous pouvons ajouter les difficultés de s’approvisionner dans les moulins scandinaves, qui sont aux prises avec des grèves, ralentissant du coup la production.

7. John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, 3e édition, Sillery, Septentrion, 2003, p. 230.

8. Jean-Pierre Charland, Les pâtes et papiers au Québec, 1880-1980, technologies, travail et travailleurs, Institut québécois de recherche sur la culture, 1990, p. 141. En 1938, le Canada contribue pour 63,7% des exportations des onze principaux pays exportateurs. En 1957, il fournit 77,3% du total des exportations, devançant largement la Finlande (7,9%), la Suède (3,7%) et la Norvège (2,1%).

9. John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, 3e édition, Sillery, Septentrion, 2003, p. 273.

10. John A. Dickinson et Brian Young, Brève histoire socio-économique du Québec, 3e édition, Sillery, Septentrion, 2003, p.294.

11. Voir le document pdf incluant des exemples sur le paternalisme industriel

12. Fondée en 1962, la Société générale de financement (SGF) va orienter des actions vers l’industrie papetière. Sept ans plus tard, la création de la Société de récupération, d’exploitation et de développement forestiers (REXFOR) conduit à l’abolition du système de concessions forestières qui prévalait depuis plus d’un siècle au Québec.

13. Cette loi « autorise le gouvernement à révoquer les concessions forestières en versant aux cessionnaires une indemnité pour couvrir la valeur résiduelle des infrastructures.» Jean-Pierre Charland, Les pâtes et papiers au Québec, 1880-1980, technologies, travail et travailleurs, Institut québécois de recherche sur la culture, 1990, p.80

14. En 2011, selon le ministère des Ressources naturelles, de la Faune et de la Flore, le Québec compte 61 usines dont la capacité annuelle est de 12 millions de tonnes métriques et 33% de la production canadienne dans le secteur des pâtes et papiers provient du Québec. Malgré les fermetures récentes d’usines au Québec, la province se trouve à la tête de la production nationale.

15. Pour en savoir davantage sur les nouvelles recherches dans le domaine des pâtes et papiers, voir le site du Centre Intégré de pâtes et papiers de Trois-Rivières : Site consulté le 03/02/2012 [En Ligne], http://www.cipp.ca/

16. Michelle Bélanger, Vestiges industriels montréalais : Appropriations, rôles et enjeux sociaux. Mémoire de Maîtrise, Université de Montréal, Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, facultés des arts et des sciences, juillet 2011, p.1, Ce n’est qu’en 1985 que la Commission des biens culturels commande une étude sur le patrimoine industriel québécois et en 1988, est créée l’Association québécoise pour le patrimoine industriel (AQPI) Site consulté le 09/01/2012 [En ligne], http://www.aqpi.qc.ca/

17. La sauvegarde du patrimoine industriel est encore un dossier chaud. En 2011, on compte au Québec « 46 structures industrielles mises sous la protection de la Loi sur les biens culturels, ce qui fait du patrimoine industriel le type de patrimoine le moins bien protégés de la province […] tandis que le patrimoine religieux en compte 2730 sous protection. » Extrait de Michelle Bélanger, Vestiges industriels montréalais : Appropriations, rôles et enjeux sociaux. Mémoire de Maîtrise, Université de Montréal, Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, facultés des arts et des sciences, juillet 2011, p.2.

18. Avant qu’il soit transformé en Village historique, des élus locaux en sont venu à se demander s’il ne faudrait pas mieux brûler Val-Jalbert. Le musée Boréalis, qui se trouve dans l’ancienne usine de filtration d’eau de la Canadian International Paper à été sauvé de justesse du pic des démolisseurs puisque l’ensemble du complexe industriel était voué à la démolition. Site consulté le 20/12/2011 [En ligne], http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-499/Val-Jalbert,__la_valorisation_touristique_d%E2%80%99un_patrimoine_du_XXe_si%C3%A8cle.html. La Pulperie a aussi connu son lot de difficultés. Site consulté le 20/12/2011 [En ligne], http://www.ameriquefrancaise.org/fr/article-243/Pulperie%20de%20Chicoutimi

19. Boréalis a pour mission de relater l’histoire de la grande aventure des pâtes et papiers au Québec, dans une perspective trifluvienne. Site consulté le 20/12/2011 [En ligne], http://www.borealis3r.ca/

20. Située à Mont-Rolland dans les Laurentides, l’usine ferme ses portes en 1990. Alors que le nouveau propriétaire projette de la démolir, un comité de relance est formé. Des entreprises non polluantes et de haute technologie logent maintenant dans les locaux rénovés de l’ancienne usine.

21. Site consulté le 20/01/2012 [En ligne], http://www.sirwilliamprice.com/

 

Bibliographie

Bélanger, Michelle, Vestiges industriels montréalais : Appropriations, rôles et enjeux sociaux. Mémoire de Maîtrise, Université de Montréal, Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques, facultés des arts et des sciences, juillet 2011.

Bourgeois, Valérie, La capitale mondiale du papier journal, Cap-aux-Diamants : la revue d'histoire du Québec, n° 98, 2009, p. 19-21.

Charland, Jean-Pierre, Les pâtes et papiers au Québec : 1880-1980 : technologies, travail et travailleurs, Institut québécois de recherche sur la culture, 1990, 437 p.

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Lafleur, Normand, La Drave en Mauricie, Histoire Québec, Vol. 7, no 1, 2001, p.24-26. Site consultée le 11/11/2011 [En ligne], http://www.erudit.org/culture/hq1056841/hq1058065/11410ac.pdf

Linteau, Paul-André, René Durocher, Jean-Claude Robert et François Ricard. Histoire du Québec contemporain. Tome 2. Le Québec depuis 1930. Montréal, Boréal, 1986. 739 p.

Niosi, Jorge, « La Laurentide (1887-1928) : pionnière du papier journal au Canada » Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 29, n° 3, 1975, p. 375-415. Site consultée le 03/02/2012 [En ligne], http://www.erudit.org/revue/haf/1975/v29/n3/303464ar.pdf

Nora, Pierre, Les Lieux de Mémoire, Gallimard (Bibliothèque illustrée des histoires), Paris, 3 tomes.

 

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