Québec, d'hier à aujourd'hui

Place-Royale à Québec, l’image d’une ville

par Couvrette, Sébastien

Les Maisons le Picart (1763) et Dumont (1689), à Place Royale à Québec

La Place-Royale à Québec a fait l’objet d’une reconstruction complète de la fin des années 1960 aux années 1980. Les interventions pratiquées sur les immeubles du site visaient à leur conférer un cachet patrimonial évoquant l’esthétique du Régime français. Ce vaste projet de rénovation, financé par les gouvernements du Québec et du Canada, avait pour principal objectif de faire de la Place-Royale une importante attraction touristique de la ville de Québec. Du même souffle, l’endroit retrouvait une de ses fonctions premières, celle de ville symbolique.

 

Article available in English : Quebec’s Place-Royale, the Reflection of a City

 

Le « berceau de l’Amérique française »

Une scène prise dans la basse-ville, Québec, P.Q.

Attraction touristique majeure de la ville de Québec, la Place-Royale est fréquentée chaque année par des centaines de milliers de personnes. Dans les guides touristiques, la valeur patrimoniale unique du site est fortement soulignée, celui-ci y étant présenté comme lieu de naissance de l’Amérique française. Pour de nombreux visiteurs, le caractère historique de l’endroit ne fait pas de doute et évoque fortement l’époque de la Nouvelle-France. Nombreux sont ceux qui ignorent quel était l’aspect des maisons de la Place-Royale avant les interventions majeures effectuées dans les années 1970 qui ont principalement conféré à l’endroit ses allures de Régime français.

Les projets de restauration de la Place-Royale menés des années 1960 à 1980 ont fait l’objet de nombreuses critiques. Si bien qu’il est davantage approprié de parler de reconstruction, ainsi que de travail d’interprétation, plutôt que de restauration au sens strict, pour qualifier les interventions pratiquées sur les immeubles de ce secteur patrimonial. Toutefois, au-delà des critiques et des remises en question des choix esthétiques qui ont été effectués, il convient de s’interroger sur la valeur patrimoniale actuelle de la Place-Royale. De quelle façon le site s’inscrit-il dans le patrimoine de l’Amérique française? Qu’ont en commun la Place-Royale actuelle et la Place-Royale historique qu’on cherche à y évoquer?

 

Un lieu de commerce

Détail de la maquette de Michel Bergeron reconstituant Québec en 1635 et présentée au Centre d'interprétation de Place-Royale

Sous le Régime français, la Place-Royale est d’abord et avant tout une place de marché et de commerce. En 1608, avec la construction d’une Habitation devant servir de comptoir pour le commerce des fourrures, Samuel de Champlain consacre la fonction commerciale des lieux. Ce premier bâtiment de bois est remplacé en 1624 par une deuxième Habitation érigée en pierres au même endroit. À l’emplacement de ces constructions s’élève aujourd’hui l’église Notre-Dame-des-Victoires.

La localisation géographique de la pointe de Québec, où se situait l’Habitation, en fait un endroit stratégique propice aux échanges et au commerce. En 1633, s’y tient pour la première fois une grande foire annuelle des fourrures, où se rencontrent Européens et Amérindiens. À partir du milieu du XVIIe siècle, Place-Royale attire de nombreux marchands qui peuvent y commercer librement et bénéficier de la proximité du port. Aux yeux des administrateurs coloniaux, l’endroit doit avoir plus qu’une vocation commerciale; il doit également servir de symbole du pouvoir de la monarchie française outre-Atlantique. Plaque tournante du commerce dans la colonie, la place du marché de Québec doit devenir une place royale.

 

La création de la Place-Royale 

Détail d'une carte montrant Québec en 1688: on distingue nettement la Place-Royale et le buste de Louis XIV sis en son centre

 Inscrite dans le patrimoine bâti urbain de la France du XVIIe siècle, la place royale d’une cité se veut un lieu de commémoration de la royauté (NOTE 1). Dans cet esprit, l’intendant Jean Bochart de Champigny fait installer un buste de Louis XIV sur la place du marché de Québec en 1686. Cet acte fondateur confère au lieu sa signification symbolique de place royale et détermine un point central du développement de la ville, un signe tangible d’organisation urbaine à la française. L’importance de la présence de ce buste apparaît notamment dans les représentations iconographiques de la ville à cette époque. Dans une carte de la Nouvelle-France dressée par le cartographe du roi Jean-Baptiste-Louis Franquelin en 1688, le monument royal, vu du fleuve, est mis bien en évidence au centre d’une allée bordée par deux ensembles de maisons.

Mais la présence du buste ne fait pas l’affaire de tous. Rapidement, des conflits surviennent entre les marchands et les autorités coloniales, car selon les premiers le monument nuirait aux activités commerciales de la Place-Royale en encombrant l’espace du marché (NOTE 2). Cette mésentente entraîne le retrait du buste qui sera alors relogé au palais de l’intendant (situé dans un autre secteur de la ville) en attendant le règlement du litige. Il ne sera finalement pas réinstallé à Place-Royale. Il semble, selon toute vraisemblance, qu’il aurait été emporté en France par Bochart de Champigny lors de son départ en 1702, ou encore détruit dans l’incendie du palais de l’Intendant qui survient en 1713.

 

La Place-Royale redevient une place royale

Hôtel Blanchard à Place-Royale près de la fontaine, vers 1925

Au cours des XVIIIe et XIXe siècles, la Place-Royale sera notamment désignée sous le nom de place du marché ou place de la Basse-Ville; le vocable de «Place-Royale» ne sera réintroduit qu’au XXe siècle. Au fil du temps, la mémoire collective avait oublié l’épisode du buste de Louis XIV. Ce n’est qu’au tournant du XXe siècle que la présence de ce buste sur la Place-Royale sera révélée par l’archiviste Pierre-Georges Roy. Jeune historien, Roy prend connaissance de ce fait historique lors de recherches menées en 1890 dans les archives du Conseil souverain de la Nouvelle-France et publiera quelques articles sur le sujet (NOTE 3). En 1931, une copie du buste de Louis XIV, offert par la France, est installée sur la Place-Royale à l’endroit où une fontaine avait été aménagée au XIXe siècle (NOTE 4). L’endroit reçoit officiellement le toponyme de Place-Royale en 1937.

 

Un premier projet de restauration

La Maison Chevalier, Québec

Au début des années 1950, l’historien de l’art Gérard Morisset, alors directeur de l’Inventaire des œuvres d’art de la province de Québec, attire l’attention du public et du gouvernement du Québec sur l’importance de restaurer l’hôtel Chevalier, un édifice en pierres situé à deux pas de la Place-Royale sur la rue du Marché-Champlain, connu au XIXe siècle sous le nom de London Coffee House, afin de lui redonner son caractère français (NOTE 5). L’immeuble est classé monument historique en 1956 et devient ainsi le deuxième édifice de ce quartier à être officiellement désigné après l’église Notre-Dame-des-Victoires (NOTE 6). L’année suivante, le gouvernement provincial en fait l’acquisition et en assure la restauration (sur la base de brèves informations historiques) qui sera achevée en 1960 (NOTE 7). Une fois la reconstruction de la maison Chevalier terminée, le projet devient une référence en matière de conservation du patrimoine bâti et dicte la marche à suivre du vaste programme de revitalisation de la Place-Royale (NOTE 8). Le style de restauration qui est alors préconisé s’inscrit dans la pensée de l’architecte français du XIXe siècle Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, à laquelle adhère Gérard Morisset, pour qui « restaurer un édifice, ce n’est pas l’entretenir, le réparer ou le refaire, c’est le rétablir dans un état complet qui peut n’avoir jamais existé à un moment donné » (NOTE 9).

 

La revitalisation de la Place-Royale

La Maison Leber avant les travaux de restauration de Place-Royale en 1970

Les premiers travaux réalisés sur un édifice donnant directement sur la Place-Royale se déroulent au début des années 1960. La maison Fornel, nommée ainsi en l’honneur de l’un de ses propriétaires sous le Régime français, est entièrement reconstruite de 1960 à 1964 en raison des dommages importants qu’elle a subis lors d’un incendie, et parce que son architecture devait être modifiée pour correspondre à l’idéal du Régime français qu’on voulait évoquer à cet endroit. Malgré les transformations apportées à l’édifice, il conserve néanmoins d’importants éléments architecturaux des XVIIe et XVIIIe siècles. On y retrouve les fondations et le puits intérieur d’une première maison construite en 1658, ainsi que des voûtes en pierres aménagées en 1735, dont une partie se situe sous la Place-Royale.

Œuvre de l’architecte André Robitaille, cette « nouvelle » maison Fornel est classée monument historique en 1964 et devient le modèle à suivre pour les interventions à venir dans le secteur de la Place-Royale (NOTE 10). Robitaille reprend dans son essence la doctrine de Viollet-le-Duc, prêchant en faveur d’une homogénéité architecturale et d’une unité de style dans les programmes de restauration. Dans cet ordre d’idées, il suggère de travailler sur des ensembles patrimoniaux plutôt que d’intervenir successivement sur des bâtiments isolés.  

À la suite des travaux menés sur la maison Fornel et sur la base des recommandations formulées par Robitaille, le gouvernement du Québec met sur pied une politique d’intervention globale du secteur de la Place-Royale dont certains édifices sont en mauvais état ou abandonnés. La Loi concernant Place-Royale, votée en 1967, donne le coup d’envoi du vaste projet de restauration des immeubles du secteur de Place-Royale. Les grands travaux s’amorcent en 1968 avec la mise en chantier de l’église Notre-Dame-des-Victoires.

 

Entre héritage français, identité et tourisme

Dans les années 1970, la ligne directrice du projet de revitalisation de la Place-Royale se précise. À cet effet, une entente entre Québec et Ottawa, conclue en 1970, prévoit un investissement important du gouvernement fédéral pour certains projets à teneur touristique. Afin de superviser les travaux de reconstruction, le gouvernement du Québec met alors sur pied le Bureau de coordination de Place Royale (BCPR). Ce Bureau veillera notamment au respect des intentions gouvernementales, en ayant comme priorité de conférer au lieu une vocation touristique. Tout en mettant en valeur certains éléments du patrimoine architectural, archéologique et historique, des bâtiments seront démolis et rebâtis dans un style architectural évoquant le Régime français. De plus, aspect non négligeable, l’envergure du chantier de restauration et les budgets alloués à sa réalisation servent également à stimuler la création d’emploi dans la région de Québec. Ainsi, ce sont les considérations économiques et budgétaires qui détermineront le processus de reconstruction, et non la réalité historique.

La Maison Barbel avant (en 1970) et après les travaux de restauration (en 2009)

Outre l’apport à l’industrie touristique, les interventions qui y sont pratiquées répondent principalement à des impératifs idéologiques et politiques. Dans le contexte d’affirmation identitaire du Québec des années 1960 et 1970, la Place-Royale devient le symbole du caractère distinct de la nation québécoise et de ses origines francophones. En élaborant cette architecture d’inspiration française, le projet de la Place-Royale a fait de ces lieux authentiquement symboliques un site en apparence préservé des aléas de l’histoire, porteur de l’héritage du patrimoine urbain de la France d’Ancien Régime sur les rives du Saint-Laurent. Dans les années 1970, cette façon de faire est conforme aux pratiques de rénovations des maisons anciennes qui valorisaient les vestiges de la Nouvelle-France et gommaient volontiers les traces de l’architecture britannique. Il est à noter que, malgré la forte influence de l’architecture victorienne au Québec, l’héritage français a continué de dominer dans la réalisation de nombreuses nouvelles constructions dans la ville de Québec à la fin du XIXe siècle (NOTE 11).

 

Penser le futur de Place-Royale

Buste de Louis XIV au centre de Place-Royale, 2011

Dans l’esprit de la Loi sur les biens culturels, Place-Royale représente un point d’ancrage identitaire de la société québécoise (NOTE 12). Cette conception du site renvoie à sa vocation ancienne de place royale, de centre urbain imaginé et symbolique. Au XVIIe siècle, cette place incarne la suprématie du pouvoir monarchique sur la ville et sur la société en devenir avec l’établissement d’un monument à l’effigie du roi. Dans les années 1970, le projet de reconstruction vise à faire des lieux le symbole des origines françaises de l’identité québécoise. À l’heure actuelle, les réflexions sur la vocation de la Place-Royale s’inscrivent dans une volonté d’en faire un lieu animé qui soit à la fois idéel et fonctionnel.

Depuis le début du XXIe siècle, le plan de développement de la Place-Royale vise en effet à redonner au lieu sa vocation commerciale et résidentielle première. Chapeauté par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC), en collaboration avec la Commission de Place-Royale, ce plan a pour objectif d’assurer le développement du secteur de la Place-Royale dans une perspective économique. Concrètement, l’actualisation de la Place-Royale passerait par l’aménagement de devantures commerciales d’inspiration française. Les travaux de réaménagement exigeraient certaines interventions architecturales telles des modifications aux ouvertures en façade. De cette façon, la Place-Royale pourrait bénéficier d’une animation à l’image de celle qu’on peut observer dans le secteur adjacent du Petit Champlain. Ainsi, le double rôle commercial et symbolique que revêtent ces lieux depuis l’époque de la Nouvelle-France pourrait ainsi se concrétiser, restituant à Place-Royale toute sa vitalité des siècles derniers.

 

Sébastien Couvrette
Historien, Université Laval

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Vidéo
  • Entrevue avec Denis Vaugeois sur la Place-Royale, à Québec Denis Vaugeois, ex-ministre responsable du dossier au tournant des années 1970 et 1980, relate une période marquante des rénovations effectuées à Place-Royale et donne son point de vue sur l’intégration actuelle de cette place éminemment touristique dans la trame urbaine environnante. Séquences d'archives, photographies anciennes et prises de vue récentes viennent appuyer les propos de Denis Vaugeois sur ce ce projet d'envergure qui a suscité de nombreux débats.
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Médias 360
  • Place Royale au printemps
  • Place Royale en été
  • Fêtes de la Nouvelle-France 2011
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Notes

1. En France, les plus anciennes places royales apparaissent au début du XVIIe siècle sous Henri IV, avec la place des Vosges et la place Dauphine. Par la suite, sous Louis XIV et Louis XV, le procédé se répandra et se codifiera (Richard L. Cleary, The Place Royale and Urban Design in the Ancien Régime, Cambridge (R.-U.), Cambridge University Press, 2011 [1999]).

2. Un discours similaire sera tenu à l’égard de l’église Notre-Dame-des-Victoires dans la première moitié du XIXe siècle.

3. En 1890, il écrit un premier article dans sa revue historique, Le Glaneur. Il récidive en 1915 dans le Bulletin des recherches historiques, dont il est également le maître d’œuvre.

4. Cette fontaine se situait vers le centre de la place. Le buste sera déplacé à l’endroit qu’il occupe actuellement dans les années 1980. Pour les détails entourant la découverte de l’existence du buste original et la mise en place du second buste, voir Luc Noppen et Lucie K. Morisset, « De la ville idéelle à la ville idéale : l'invention de la place Royale à Québec », Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 56, no 4, 2003, p. 453-479.

5. À partir de 1937, l’Inventaire des œuvres d’art de la province de Québec remplace la Commission des monuments historiques comme institution responsable de la mise en valeur patrimoniale de l’architecture québécoise. Voir Lucie K. Morisset, Des régimes d’authenticité : essai sur la mémoire patrimoniale, Québec, Presses de l’Université du Québec; Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009, p. 113; Gérard Morisset, « L’hôtel Chevalier à Québec », La Patrie, 1er mars 1953, p. 36-37; et id.Mémoire sur l’hôtel Chevalier à Québec, Québec, Commission des monuments historiques, 1955.

6. Pour des informations concernant la maison Chevalier, voir Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, « Maison Jean-Baptiste-Chevalier », Répertoire du patrimoine culturel du Québec [en ligne], http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/RPCQ/detailBien.do?methode=consulter&bienId=92635.

7. Cette acquisition se fait en vertu des modifications apportées au début des années 1950 à la loi sur les monuments historiques de 1922. L’hôtel Chevalier est le premier édifice à être acquis par le gouvernement à la suite des changements apportés à la loi (Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, « Monuments et sites historiques », Secteurs d'intervention : patrimoine – thèmes et fonctions [en ligne], http://www.mcccf.gouv.qc.ca/index.php?id=819).

8. L’actuelle maison Chevalier constitue un ensemble domiciliaire comportant deux autres maisons : la maison Chesnay et la maison Frérot (Québec, Commission des biens culturels, Les chemins de la mémoire, t. I : Monuments et sites historiques du Québec, Québec, Publications du Québec, 1990; Lucie K. Morisset, op. cit., p. 114).

9. Eugène-Emmanuel Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné de l'architecture française du XIe au XVIe siècle, Paris, A. Morel, t. 8, 1875, p. 14.

10. Sur la maison Fornel, voir Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, « Maison Louis-Fornel », Répertoire du patrimoine culturel du Québec [en ligne], http://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/RPCQ/detailBien.do?methode=consulter&bienId=92647.

11. À la suite de l’avènement de la Confédération canadienne en 1867, des architectes québécois comme Eugène-Étienne Taché et Joseph-Ferdinand Peachy, encouragés par le gouvernement du Québec, vont chercher à affirmer l’identité française de l’architecture québécoise à travers la conception d’édifices et de maisons du Vieux-Québec et de ses environs. L’hôtel du Parlement (1877-1886) et le pavillon Camille-Roy (1855-1875) du Séminaire de Québec (anciennement le pavillon central de l’Université Laval) s’inscrivent dans cette mouvance (Luc Noppen, « L’image française du Vieux-Québec », Cap-aux-Diamants, vol. 2, no 2, 1986, p. 13-17).

12. À partir des années 1920, à la suite de l’élection du premier ministre Louis-Alexandre Taschereau, le gouvernement provincial fait preuve d’une volonté implicite de refrancisation et de préservation du patrimoine francophone de la ville de Québec. En 1922, le gouvernement vote une loi qui donnera naissance à la Commission des monuments historiques, étape décisive vers une protection juridique du patrimoine. Cette loi, modifiée en 1952 et en 1963, sera remplacée en 1972 par la Loi sur les biens culturels, qui augmentera considérablement le pouvoir d’intervention de l’État sur la valorisation et la préservation des biens patrimoniaux. Muni de cet important outil légal, le gouvernement du Québec sera le véritable maître d’œuvre du projet de reconstruction de la Place-Royale. Son intervention redonnera au « berceau de l’Amérique française » son caractère francophone, effaçant par la même occasion, à cet endroit, toute référence à son passé de ville anglaise. Pour un aperçu de l’historique de la protection du patrimoine par le gouvernement du Québec, voir Québec, Ministère de la Culture, des Communications et de la Condition féminine, « Historique de la Loi sur les biens culturels », Secteurs d'intervention : patrimoine – biens culturels [en ligne], http://www.mcccf.gouv.qc.ca/index.php?id=2398.

Bibliographie

Côté, Renée, Place-Royale : quatre siècles d'histoire, Québec, Musée de la civilisation; Montréal, Fides, 2000.

Cousson, Claire, « La constitution de Place-Royale en lieu symbolique : entre construction identitaire et promotion touristique », Rabaska, vol. 8, 2010, p. 19-28.

Faure, Isabelle, « La reconstruction de Place-Royale à Québec », Cahiers de géographie du Québec, vol. 36, no 98, 1992, p. 324-325.

Faure, Isabelle, « Critique du projet de Place Royale à travers les valeurs investies dans sa politique de conservation », Revue d’histoire urbaine / Urban History Review, vol. 25, no 1, 1996, p. 48.

Morisset, Lucie K., Des régimes d’authenticité : essai sur la mémoire patrimoniale, Québec, Presses de l’Université du Québec; Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2009.

Noppen, Luc, « L’image française du Vieux-Québec », Cap-aux-Diamants, vol. 2, no 2, 1986, p. 13-17.

Noppen, Luc, et Lucie K. Morisset, « De la ville idéelle à la ville idéale : l’invention de la place Royale à Québec », Revue d’histoire de l’Amérique française, vol. 56, no 4, 2003, p. 453-479.

Noppen, Luc, et Lucie K. Morisset, Au cœur de la ville marchande, Place-Royale : la valorisation architecturale de la fonction commerciale, Montréal, SODEC, 2003.

Québec, Commission des biens culturels, Les chemins de la mémoire, t. I : Monuments et sites historiques du Québec, Québec, Publications du Québec, 1990.

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