Drapeau du Québec : le fleurdelisé

par Bouvier, Luc

Drapeau du Québec porté par un citoyen, 2007

Des lendemains des Troubles de 1837-1838 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, les Canadiens français arborent le plus souvent le drapeau de la France, le tricolore bleu-blanc-rouge, qui, à leurs yeux, représente le mieux leur caractère distinct.  Mais, au tournant des XIXe et XXsiècles, émerge chez les francophones le désir de se doter de leur propre drapeau, plus en accord avec leur identité nord-américaine. Plusieurs projets soumis dans les années 1901 à 1905 participent à la genèse du drapeau actuel, tout particulièrement le fleurdelisé du curé Elphège Filiatrault et le Carillon-Sacré-Cœur. Après bien des péripéties, le fleurdelisé, tel que nous le connaissons aujourd’hui, devient, le 21 janvier 1948, drapeau officiel du Québec. Depuis, il constitue un symbole fort de l’identité des Québécois, flottant sur les bâtiments officiels du Québec, ainsi que devant bien des résidences privées, ou encore fièrement hissé par la population en diverses circonstances, particulièrement lors des moments forts de son histoire.


Article available in English : Quebec’s Flag, the Fleurdelisé

 

Drapeau actuel

Le drapeau de la province de Québec flottant sur le Parlement, Québec, 1948

Sur le coup de 15 h, le 21 janvier 1948, un drapeau bleu traversé d’une croix blanche et dont les quatre fleurs de lys pointent vers le centre est hissé à la tour centrale du Parlement. Aucun exemplaire du fleurdelisé, tel qu’il vient d’être adopté, n’existe alors. Ce n’est en effet que le 2 février 1948 que sera achevée l’esquisse officielle du drapeau national du Québec avec les fleurs de lys redressées. Le motif floral choisi est la fleur de lys de la Renaissance, en vigueur à l’époque du règne de François 1er en France, de 1515 à 1547, au moment où Jacques Cartier effectue ses voyages au Canada. La fleur de lys retenue a été proposée par Maurice Brodeur pour le drapeau de la Société nationale Jacques-Cartier, conçu pour le 400e anniversaire de la venue de Jacques Cartier, et présenté à trois reprises en 1936, dans  La Nation, Le Terroir et La Voirie sportive (NOTE 1). En avril 1949, Burroughs Pelletier donne la description héraldique du nouveau drapeau québécois: « D’azur, à la croix d’argent cantonnée de quatre fleurs de lys du même » (NOTE 2). Le 9 mars 1950, la Loi concernant le drapeau officiel de la province est finalement sanctionnée. Depuis cette date, le drapeau fleurdelisé symbolise officiellement le Québec.

 

Religion et patrie : les précurseurs

Drapeau des Canadiens Français

Le 26 septembre 1902 flotte sur le presbytère de Saint-Jude un fleurdelisé confectionné par le curé Elphège Filiatrault qui affirme : « Nous sommes un peuple nouveau sur la terre d’Amérique; or, à un peuple nouveau, il faut un drapeau nouveau» (NOTE 3). Empruntant à la bannière de Carillon son champ azur, sa couleur bleue qu’on croyait sienne à l’époque, et ses quatre fleurs de lys, et remplaçant les armes royales et la madone par une croix blanche évoquant la France, l’étendard de Filiatrault se veut représentatif des valeurs canadiennes-françaises.

À la même époque, deux Comités du drapeau sont formés, l’un à Québec, l’autre à Montréal. Ces comités aussi proposent l’adoption du drapeau azuré aux fleurs de lys inspiré de la bannière de Carillon, mais ils insistent sur l’ajout au centre d’un Sacré-Coeur, entouré de feuilles d’érable et portant la devise « Je me souviens » (NOTE 4). Sous le nom de L’œuvre du drapeau national, les comités se livrent à une intense promotion de l’étendard qu’on appelle le Carillon-Sacré-Cœur : en deux ans, il se vendra 8 500 brochures, 15 000 cartes postales, 60 000 écussons, 20 000 gravures, 150 000 boutons et insignes et 76 500 drapeaux de dimensions diverses.

Page titre du fascicule «Le drapeau national des Canadiens français. Un choix légitime et populaire» publié par le Comité de Québec en 1904

Devant la campagne menée par les promoteurs du Carillon-Sacré-Coeur, l’abbé Filiatrault fait paraître en février 1905 une autre brochure, intitulée Nos couleurs nationales. Il y affirme que « vouloir fondre deux emblèmes différents, l’un de la religion comme le Sacré-Coeur, l’autre de la patrie comme les couleurs de Carillon, en un seul et même emblème, c’est les affaiblir l’un et l’autre », précisant que ces symboles « peuvent fort bien s’unir, mais ne doivent pas se confondre » (NOTE 5). Le 24 juin 1905, jour de la Fête nationale des Canadiens français, le fleurdelisé du curé Filiatrault est hissé à Saint-Jude, au sommet d’un mât de plus de 60 pieds. Ainsi naît ce qui deviendra près de 45 ans plus tard, sauf pour la disposition des fleurs de lis, le drapeau national du Québec.

 

Vers le fleurdelisé

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la campagne en faveur d’un drapeau québécois reprend de plus belle. Cette fois, il y a consensus autour du fleurdelisé, et le retrait du Sacré-Coeur ne soulève plus de vagues au sein du clergé québécois (NOTE 6). La campagne portera sur deux fronts : le front promotionnel, grâce à diverses sociétés, et le front législatif, alors que le député nationaliste René Chaloult parrainera des résolutions à la législature provinciale.

C’est en 1939, avec le Comité du drapeau Carillon-fleurdelisé, que la campagne promotionnelle avait pris son véritable envol. Le Comité offrait alors, en plus des drapeaux, des banderoles, buvards, cartes de bonne année, cartes postales, coussins, décalqueurs, écussons, enveloppes, insignes, mouchoirs, photographies, plaques, tablettes, timbres, cartes aux couleurs du fleurdelisé. En 1945, ce groupe prend finalement le nom de Comité de propagande du drapeau et continue d’offrir divers articles à l’effigie du Carillon-fleurdelisé. Derrière ces comités, trois sociétés agissent : la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, les Jeunes laurentiens et tout particulièrement l’Ordre de Jacques-Cartier, société secrète, qui, au moyen de circulaires adressées à ses membres par l’entremise des commanderies locales, vise à faire connaître « l’origine, l’historique et le sens de notre fleurdelisé » et à « propager dans toutes les paroisses notre drapeau national et [à] le faire arborer fièrement dans toutes les manifestations » (NOTE 7) .

Portraits de Lionel Groulx, René Chaloult et André Laurendeau parus dans un dossier de La Presse consacré au fleurdelisé, 19 juin 1965, p. 14.

Au début de l’année 1947, le front politique bouge également. Sous la pression de René Chaloult, alors député indépendant de Québec-Comté, appuyé d’André Laurendeau, chef du Bloc populaire, un comité spécial composé de douze membres de l’Assemblée législative est formé afin d’étudier la possibilité d’adopter un drapeau québécois. Plusieurs rencontres ne permettent pas de parvenir à un consensus. Laurendeau, appuyé par Chaloult, finit par proposer l’amendement suivant : « 1 – Ils expriment l’opinion qu’il est opportun de choisir immédiatement un drapeau provincial; 2 – Ils expriment le vœu que ce drapeau soit le fleurdelisé, arboré depuis plus de 40 ans par la population du Québec comme un drapeau distinctif ». Malgré l’appui d’Adélard Godbout, chef du parti libéral, l’opposition des membres unionistes majoritaires mène à la dissolution du comité. René Chaloult persiste néanmoins et réinscrit sa motion dans les débats du Parlement en décembre 1947: « Cette Chambre prie le gouvernement de doter cette province, au cours de la présente session et à l’exemple de la Nouvelle-Écosse, d’un drapeau véritablement québécois » (NOTE 8).

 

Projets et négociations

Burroughs Pelletier en 1941

Devant la pression populaire en faveur du fleurdelisé, le Premier ministre Maurice Duplessis décide d’agir. En janvier 1948, il convoque Burroughs Pelletier, alors directeur du Service provincial de l’urbanisme au ministère des Affaires municipales. Interrogé « sur le sujet et le dessin d’un drapeau pour la Province », Pelletier explique que le Québec peut utiliser, à l’instar de la Nouvelle-Écosse, ses armoiries comme drapeau, offrant même au Premier ministre de lui soumettre quelques projets. Quelques semaines plus tard, il lui présente sept modèles de drapeaux, numérotés A, B, C1, C2, C3, D et E (NOTE 9). L’élément commun à ces projets est la présence des anciennes armes du Québec. Burroughs Pelletier insiste alors « sur la beauté de ce drapeau [modèle A] et sur le bel effet qu’il ferait lorsqu’il serait arboré sur la tour principale du Parlement ». Aucune décision n’est alors prise (NOTE 10) . En ce mois de janvier 1948, les partisans du fleurdelisé ignorent l’existence de ces projets et se préparent en vue d’une bataille qui n’aura pas lieu.

Armes de France telles que figurant sur l'une des portes de Québec en 1759

Au même moment, la campagne populaire en faveur du fleurdelisé prend en effet de l’ampleur. Une opération consistant à inonder le Premier ministre et les députés de lettres favorables au drapeau à fleurs de lys, à adopter et à publiciser des résolutions d’appui par l’entremise des journaux, à organiser des délégations auprès des ministres et députés et à faire intervenir les conseils municipaux est lancée. Pendant le mois de janvier 1948, le Comité du drapeau provincial publie donc une première série de lettres et de communiqués visant à mousser la campagne. Si les chiffres divergent selon les sources – 60 000 signatures selon Groulx, 50 000 selon le journal Le Carabin, 75 000 selon les organisateurs –, Louis-Philippe Roy de l’Action catholique, qui suit attentivement cette campagne dans la région de Québec, constate le succès de l’opération (NOTE 11).

Pendant que cette campagne bat son plein, des échanges ont lieu entre Maurice Duplessis et René Chaloult, le premier consultant Burroughs Pelletier et le second, le chanoine Lionel Groulx. Les discussions, et les correspondances qui en témoignent (NOTE 12), portent sur la présence ou non de certains symboles forts : les armoiries de la province, qui arborent notamment un lion, une couronne pouvant passer pour celle de France ou d’Angleterre, selon les allégeances, une feuille d’érable rouge, des fleurs de lys, etc. Selon Groulx, l’apposition d’armoiries fort compliquées sur un drapeau est une fantaisie qui en compliquerait inutilement la fabrication. On envisage aussi de redresser les fleurs de lys, qui pointent alors vers le centre, en hommage au Sacré-Coeur qui s’y trouvait autrefois.

 

Adoption officielle

Plan rapproché du modèle de fleur de lis ornant le drapeau du Québec, 2005

Le 21 janvier 1948 vers 11h, René Chaloult reçoit un appel de Duplessis lui annonçant que le « fleurdelisé flottera aujourd’hui, à trois heures, sur la tour centrale du parlement [...] les fleurs de lys pointeront vers le ciel, idéal de l’Union nationale ». Wheeler Dupont, président de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec, est convoqué d’urgence à la salle du Conseil des ministres et Duplessis lui annonce qu’il doit « trouver un drapeau avant 3 heures moins 5 pour le hisser à la tour centrale du Parlement ». Puisque l’esquisse du fleurdelisé avec les fleurs de lys redressées ne sera finalisée que le 2 février 1948, c’est donc un drapeau aux fleurs de lys pointant vers le centre qui sera hissé en ce jour historique (NOTE 13).

Au début de l’après-midi, lors d’une séance spéciale, le Conseil des ministres adopte le décret ministériel no 72 concernant le drapeau de la province de Québec. Un peu après 15h, Duplessis en fait l’annonce à la Chambre. Plusieurs salves d’applaudissements marquent son intervention. Le chef de l’opposition, Adélard Godbout, exprime quelques réserves concernant le redressement des fleurs de lys, mais admet que le nouveau drapeau « ne peut que rallier toutes les bonnes volontés, tous ceux qui veulent servir la province de Québec et la voir rayonner ».

 

Réception du nouvel étendard

Photographie du drapeau parue dans un dossier de La Presse consacré au fleurdelisé, 19 juin 1965

En choisissant de procéder par décret ministériel, Duplessis empêche tout débat en Chambre et met ses opposants devant le fait accompli. À cause de la force du mouvement en faveur du fleurdelisé, le fait de devenir le père du drapeau québécois sert ses intérêts électoraux, d’autant qu’il projette une élection dans les mois qui suivent. À peu près tout le monde applaudit la décision du Premier ministre du Québec (NOTE 14). Lionel Groulx parle même de la « plus solennelle affirmation du fait français au Canada, depuis 1867 ». Naturellement, l’Ordre de Jacques-Cartier est dithyrambique : « Québec a son drapeau! Voilà, entre un grand nombre, l’une des plus belles victoires de notre Ordre... Le drapeau québécois, voilà un cadeau de l’Ordre à la race française d’Amérique... Une tactique intelligente et sage a été mise en œuvre, et le succès a été éclatant ». Même le monde anglophone accueille avec sympathie le nouveau drapeau du Québec : pour le journal The Gazette, il « tient bien compte des données de la science héraldique, [...] c’est de plus un emblème d’une exceptionnelle beauté » (NOTE 15).

 

Politisation et patrimonialisation 

Drapeaux du Québec flottant à Saint-Malo (Bretagne), France

Même si certains souhaiteraient les dissocier, drapeau et politique sont inséparables,  Toute l’histoire du fleurdelisé, comme celle des bannières qui l’ont précédé, est en effet marquée du sceau de la politique. Avant son adoption, il passe pour un drapeau « séparatiste » aux yeux de Maurice Duplessis, puisque ses partisans les plus fervents sont des nationalistes de l’école de Lionel Groulx. Mais, une fois adopté, le Premier ministre l’utilise en campagne électorale, en en faisant même « son » drapeau et celui de son parti, tant et si bien que lors de la campagne électorale de 1960, les libéraux de Jean Lesage « décor[ent] leurs estrades de banderoles rouges ornées de lys blancs et même de lys rouges sur fond blanc » (NOTE 16) plutôt que du drapeau du Québec. Avec la Révolution tranquille cependant, le fleurdelisé devient petit à petit le symbole de la spécificité de la société québécoise et de son désir d’émancipation.

Le drapeau du Québec est rapidement associé, au cours des années 1960 et 1970, au mouvement souverainiste. L’arrivée au pouvoir du Parti Québécois en 1976 donne d’ailleurs au fleurdelisé une vitrine exceptionnelle. Le nouveau gouvernement réactualise les arrêtés ordonnant que le drapeau du Québec soit hissé sur les édifices gouvernementaux et amende le Code municipal et la Loi des cités et villes pour que l’hôtel de ville de chacune des municipalités arbore aussi le fleurdelisé (NOTE 17). Le drapeau devient de plus en plus associé aux volontés de reconnaissance du Québec, ici et ailleurs. Sur la scène internationale, le fleurdelisé provincial et l’unifolié fédéral (le drapeau canadien arborant une unique feuille d’érable en son centre) s’opposeront même régulièrement quant à la place respective qu’ils doivent occuper dans les manifestations officielles.

Québec: on t'aime! Drapeau du Québec, 2005

En 1980 et en 1995, le fleurdelisé est un acteur important des Référendums sur la souveraineté du Québec. Il devient spontanément le signe de ralliement du OUI à la souveraineté du Québec, tandis que l’unifolié représente le camp du NON. Au lendemain de la première bataille référendaire, afin d’éviter que le Parti Québécois monopolise dorénavant l’usage et l’image du drapeau, le Parti libéral du Québec modifie son sigle en y ajoutant un fleurdelisé à droite du L rouge traditionnel. En 1989, lorsque des manifestants ontariens francophobes de Brockville foulent le fleurdelisé, le geste devient le symbole du refus des Canadiens d’accepter la spécificité québécoise. Et quand sonnera l’échec de l’Accord du lac Meech, qui devait mener le Québec à signer la Constitution canadienne rapatriée et amendée en 1982, sans son accord, c’est naturellement vers son drapeau que se tourne la population québécoise, qui inonde de fleurdelisés le défilé de la Fête nationale, le 24 juin 1990, à Montréal.

L’une des histoires les plus cocasses en ce qui concerne la lutte que se livrent souverainistes et fédéralistes par drapeaux fleurdelisé et unifolié interposés, a lieu le 29 avril 1994 à l’édifice de la Confédération à Ottawa. L’employée d’un député du Bloc québécois, parti nationaliste québécois siégeant au Parlement canadien, décide de faire flotter à sa fenêtre le fleurdelisé qu’elle vient de recevoir afin d’en faire disparaître les plis. Cinq minutes après, plusieurs unifoliés claquent au vent. Les bloquistes répliquent et pendant une heure, la cour intérieure de l’édifice de la Confédération se colore de fleurdelisés, d’unifoliés et même de quelques drapeaux des autres provinces canadiennes! Cette anecdote montre bien qu’un drapeau témoigne de l’identité culturelle des individus et, par le fait même, qu’il est au cœur du patrimoine symbolique des nations.

Depuis son adoption en 1948, le fleurdelisé est ainsi devenu un symbole fort de l’identité québécoise.

 

Luc Bouvier
Directeur du cabinet, mairie de Gatineau

 

NOTES

1. Maurice Brodeur propose un drapeau traversé d'une croix blanche et marqué au centre d'une feuille d'érable portant une fleur de lis or. Les cantons près de la hampe en sont bleus et ceux de la partie flottante, rouges. Sous le titre « Drapeau pour les Canadiens français de toutes les provinces : tricolore canadien-français », une autre version existe sans fleur de lis et où les cantons supérieurs sont bleus et les cantons inférieurs, rouges. Brodeur sera d’ailleurs également le concepteur des nouvelles armoiries du Québec, adoptées par décret le 9 décembre 1939 (Archives nationales du Québec, Fonds Maurice Brodeur, P574/007, dossiers 7.15 et 7.35).

2. Fonds Burroughs Pelletier, lettre de Roméo Lorrain à Burroughs Pelletier, 20 avril 1949; lettre de Burroughs Pelletier à Roméo Lorrain, 27 avril 1949.

3. Un compatriote [Elphège Filiatrault], Aux Canadiens-français : notre drapeau, s. l., s. n., 1903, p. 16.

4. En mars 1903, les comités optent à l'unanimité pour le projet de drapeau comprenant « les quatre fleurs de lys blanches de la précieuse relique nationale, qu'on appelle le drapeau de Carillon, sur champ d'azur, traversé d'une croix blanche, portant au centre l'emblème du Sacré-Cœur ». Voir, dans Le Messager canadien du Sacré-Cœur de Jésus, les articles « Un drapeau national », février 1903, p. 82-83, et « Le Sacré-Cœur et le drapeau national », mai 1903, p. 228.

5. Elphège Filiatrault, Nos couleurs nationales, Saint-Jude (Qc), s. n., février 1905, p. 7-8, 12. Voir aussi, du même auteur, « Notre drapeau national », La Patrie, 14 avril 1904, p. 10. Repris de La Revue ecclésiastique.

6. Dans une lettre à Anatole Vanier du 3 mai 1947, René Chaloult signale en effet qu'à son grand soulagement, « la Fédération des œuvres de charité de Montréal [lui] a écrit qu'elle acceptait la formule du fleurdelisé “avec ou sans Sacré-Cœur” » (Centre de recherche Lionel-Groulx, Fonds Anatole Vanier, P29/K,147).

7. Archives nationales du Canada, MG28/98, vol. 126, dossier « Drapeau fleurdelisé, 1943-1953 ». Parallèlement, en prévision des discussions politiques à venir, on tente de « faire adopter des résolutions par le plus grand nombre possible de corps publics, conseils municipaux, conseils de comté, associations de tout genre, d’obtenir l’appui de la presse, spécialement de la presse rurale, en faveur de l’adoption du fleurdelisé » (ibid., vol. 20, dossier « CPO drapeau fleurdelisé », lettre du secrétaire de la CX (3874) au XC de la province de Québec, 11 décembre 1947).

8. Québec, Assemblée législative, Journaux de l'Assemblée législative de la province de Québec : 3e session, 22e législature de la province de Québec, du 12 février au 10 mai 1947, Québec, s. n., 1947, vol. LXXXII, p. 199, 204, 334, 436-437; « M. René Chaloult et le drapeau québécois », Le Devoir, 29 avril 1947, p. 7.

9. Le modèle A représente les anciennes armes de la province de Québec, telles qu'elles ont été reçues par décret de la reine Victoria le 26 mai 1868 : d'or, à la fasce de gueules chargée d'un lion d'or passant regardant et accompagnées en chef de deux fleurs de lis d'azur et en pointe de trois feuilles d'érable sinoples tigées. En accord avec les principes qu'il défendait depuis une dizaine d'années, c'est le projet que Pelletier favorisait. Le modèle B représente le second choix de Pelletier. Les anciennes armes du Québec se retrouvent dans le canton supérieur gauche sur fond bleu à croix blanche. Le modèle C1 et ses variantes C2 et C3 sont le troisième choix du spécialiste. C1 est sur fond bleu à croix blanche avec, au centre, les anciennes armes du Québec surmontées d'une couronne avec au-dessus la devise : « Je me souviens ». C2 est identique, sauf que la devise a disparu et que les armes empiètent sur les cantons. Quant à C3, il est identique à C2, sauf que la couronne a disparu. En ce qui concerne les deux derniers projets, ils ont été soumis, mais non recommandés. Le premier, D, est sur fond bleu avec les anciennes armes du Québec dans le coin supérieur gauche. Le second, E, est formé de 7 bandes horizontales rouge, blanc, bleu, blanc, bleu, blanc, rouge avec les anciennes armes du Québec dans le coin supérieur gauche.

10. Fonds Burroughs Pelletier, « Mémoire sur la part que j'ai prise en rapport avec le choix du drapeau actuel de la province de Québec », 7 juin 1955, 5 p.

11. « Hé bien! je crois que l'opinion populaire est en train de s'exprimer, et bellement. Les sections de la St-Jean-Baptiste de plusieurs diocèses, les cercles Lacordaire et Ste-Jeanne-d'Arc, des conseils municipaux urbains et ruraux, des commissions scolaires, des cercles de fermières, des cercles d'U.C.C., des sections de l'Union des électeurs, des Ligues du Sacré-Cœur, des Caisses populaires, des ligues de citoyens, un grand nombre de mouvements spécialisés d'Action catholique (L.O.C. et L.O.C.F., J.O.C. et J.O.C.F., J.A.C. et J.A.C.F., J.E.C. et J.E.C.F., etc., etc.), des Guides, des Scouts, la Fédération générale des étudiants de Laval, des syndicats professionnels, plusieurs institutions d'enseignement, autres groupements sportifs, sociaux, patriotiques dont les Jeunesses laurentiennes, et nombre d'autres ont donné dans la campagne avec entrain, sans parler des milliers et des milliers de personnes agissant individuellement » (Louis-Philippe Roy, « Jeunesse, autonomie, fleurdelysé », L’Action catholique, 20 janvier 1948, p. 1).

12. René Chaloult, Mémoires politiques, Montréal, Éditions du Jour, 1969, p. 281-295; Lionel Groulx, Mes mémoires, t. III : 1926-1939, Montréal, Fides, 1972, p. 322-324; Centre de recherche Lionel-Groulx, P1 A/706, lettre de Lionel Groulx à René Chaloult, 25 mars 1947; Fonds Burroughs Pelletier, « Mémoire sur la part que j’ai prise en rapport avec le choix du drapeau actuel de la province de Québec », 7 juin 1955, 5 p.; « Mémoire re article de M. René Chaloult se rapportant à la question du drapeau de la province de Québec », janvier 1963, 2 p.; « Remarques supplémentaires », février 1968, 6 p.

13. « Les moments historiques de l’adoption du fleurdelisé : deux versions », L’Action, 31 janvier 1968, p. 6.

14. Au Conseil législatif, Élysée Thériault, un des rares opposants, soutient que le gouvernement a posé « un geste très indélicat à l’égard des minorités de la province de Québec ». Un jeu de mots marque le peu d’impact de son opposition : « Depuis le discours de M. Élysée Thériault, il est question, à Québec, de changer le drapeau “Fleurdelisé” pour le drapeau “Fleur... d’Élisée” » (« M. Élysée Thériault et notre drapeau », Le Devoir, 29 janvier 1948, p. 1-3).

15. « Un accueil favorable au drapeau québécois », La Presse, 22 janvier 1948, p. 5; « “Le drapeau est une excellente chose” (Me F. Choquette) », La Patrie, 22 janvier 1948, p. 5; Robert Rumilly, Maurice Duplessis et son temps, Montréal, Fides, 1973, t. II, p. 208-212; Le Devoir, 23 janvier 1948; « Le drapeau et la presse anglaise », Le Devoir, 26 janvier 1948; « Drapeau qui n’enfreint aucune loi », La Patrie, 22 janvier 1948, p. 5.

16. Dans le Devoir du 23 octobre 1962, André Laurendeau, lui-même chaud partisan du fleurdelisé lors de la campagne en faveur de son adoption, rappelle cette période : « Au début, le drapeau devint un peu le drapeau de l’Union nationale. Les libéraux le boudaient; ils ne se montraient guère nationalistes, alors, et se moquaient des fleurs de lis comme de la totonomie. Puis ils comprirent que c’était une erreur. [...] Les uns par opportunisme – comme Duplessis –, les autres par conviction – comme plusieurs duplessistes –, ils prirent donc l’habitude de l’utiliser à leur tour. »

17. Les arrêtés du 22 juin 1967 ordonnaient que « le drapeau du Québec soit arboré sur tous les édifices du gouvernement, ainsi que sur les édifices des commissions, régies et autres organismes du gouvernement et sur toutes les écoles et maisons d’enseignement relevant du ministère de l’éducation » et « qu’il soit arboré à la place d’honneur [...] à droite, s’il y a deux drapeaux, ou, au milieu, s’il y en a davantage ». Depuis 1984, le 24 mai est la date de la fête nationale du drapeau au Québec.

 

Bibliographie

Bouvier, Luc, « Histoire des drapeaux québécois : du tricolore canadien au fleurdelisé québécois », L'Héraldique au Canada, mars 1994, p. 30-41; juin 1994, p. 22-33; septembre 1994, p. 25-32; décembre 1994, p. 25-33; mars 1995, p. 25-33; juin 1995, p. 27-33.

Bouvier, Luc, « Histoire des drapeaux québécois : du tricolore canadien au fleurdelisé québécois », L'Action nationale, vol. LXXXVI, no 3, mars 1996, p. 123-134; no 4, avril 1996, p. 83-94; no 6, juin 1996, p. 91-102; no 9, novembre 1996, p. 97-107; no 10, décembre 1996, p. 99-111.

Bouvier, Luc, « Histoire des drapeaux québécois : du tricolore canadien au fleurdelisé québécois », dans Impératif français, L'histoire des drapeaux québécois [en ligne], http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/imperatif-francais/extra/histoire-des-drapeaux-quebecois-du-tricolore-canadien-au-fleurdelise-quebecois.html, consulté le 23 avril 2011.

 

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  • Premier référendum sur la souveraineté du Québec En croissance depuis les années 1960, le nationalisme québécois atteint son paroxysme lors du premier référendum de 1980. Ces images nous rappellent l’effervescence et l’émotivité exceptionnelles qui régnaient tant chez les partisans du « non » que du « oui » à quelques jours du vote, et la journée même du 20 mai 1980. Des extraits des discours de René Lévesque et de Claude Ryan témoignent des résultats de ce vote historique.
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