Beaubassin, vestiges de l’Acadie historique

par LeBlanc, Ronnie-Gilles

Lieu historique national du Canada à Beaubassin, 2007

Pour le voyageur qui passe aujourd'hui dans la région de Fort Lawrence, petit village agricole sis à la frontière qui sépare la province de la Nouvelle-Écosse de celle du Nouveau-Brunswick, il est difficile d'imaginer que cette région a été le théâtre d'événements marquants aux XVIIe et XVIIIesiècles. Pourtant, c'est là que s'est joué le sort d'un grand nombre d'Acadiens et d'Acadiennes de cette époque. Depuis 2007, l'agence Parcs Canada organise des fouilles archéologiques publiques à cet endroit en vue de faire découvrir à toute personne intéressée par cette activité le riche passé de la région. Ce projet permettra de jeter un peu de lumière sur le premier siècle de présence européenne dans cette région connue à l'époque acadienne sous le nom de Beaubassin ou Mésagouèche.

 

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Archéologues d'un jour et trésors patrimoniaux

Lieu historique national du Canada à Beaubassin, 2007

Déjà, en 1923, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada recommandait la désignation de Fort Lawrence comme lieu d'importance historique nationale. Une plaque fut alors érigée tout près du site de l'ancien fort britannique qui donna son nom au village. Cependant, le terrain où se trouvait ce fort, ainsi qu'une bonne partie de l'ancien village acadien de Beaubassin, était privé. Il était donc impossible pour le gouvernement de protéger les vestiges qui se trouvaient sur ce terrain.

En 1991, les travaux de construction d'une grange détruisirent justement une partie des vestiges du fort Lawrence. Dans les années suivantes, répondant aux pressions exercées notamment par la communauté acadienne, l'Agence Parcs Canada multiplia les démarches pour acquérir ce terrain en vue d'en assurer la protection. Ce qui fut fait en 2004. L'année suivante, la Commission des lieux et monuments historiques du Canada reconnut officiellement la grande importance historique du terrain acquis en lui accordant le statut de Lieu historique d'importance nationale. À l'instar d'autres lieux semblables, celui de Beaubassin fut désigné en raison de ses riches vestiges archéologiques qui témoignaient du mode de vie des Acadiens, en plus de la place que ce lieu avait occupé dans la lutte géopolitique que se livraient les deux empires coloniaux français et anglais pour le contrôle de l'Amérique du Nord, au milieu du XVIIIe siècle.

Depuis 2007, l'Agence Parcs Canada a institué un programme de fouilles publiques dans le but de donner aux personnes intéressées l'occasion de se faire archéologue d'un jour et de contribuer à la mise en valeur de l'ancien village acadien des XVIIe et XVIIIe siècles et du fort Lawrence. Depuis son inauguration, ce programme a attiré des centaines de visiteurs venus apprendre les rudiments de l'archéologie, tout en découvrant les trésors que recèle ce site particulièrement riche sur le plan historique.

 

Toponymie de la région

Carte des environs de Beaubassin

La partie sud de l'isthme de Chignectou comprend tout le territoire qui correspond aujourd'hui à la région de Sackville au Nouveau-Brunswick, ainsi que d'Amherst, Maccan, Nappan, River Hebert et Minudie en Nouvelle-Écosse, conformément aux anciens documents français et anglais qui désignent cette région par les mots « Chignectou » et « Chignecto ». Mais les Français donnaient également à cette région le nom de la paroisse religieuse qui comprenait tout ce district, soit Beaubassin, incluant les établissements des Trois-Rivières, c'est-à-dire des rivières Memramcook, Petcoudiac et Chipoudie. Beaubassin correspondait aussi au village connu aujourd'hui sous le nom de Fort Lawrence, que les Acadiens et les Français nommaient plutôt « Mésagouèche », d'après le nom de la rivière du même nom (actuelle rivière Missaguash) qui délimite la frontière entre les provinces du Nouveau-Brunswick et de Nouvelle-Écosse.

 

L'occupation des lieux

De par sa position géographique, l'isthme de Chignectou jouit d'un grand avantage stratégique car il est situé entre deux vastes plans d'eau : la baie de Fundy au sud et le golfe du Saint-Laurent au nord. Or, depuis des temps immémoriaux, les communautés des premières nations utilisaient les cours d'eau qui se jettent de chaque côté de cet isthme, et le portage qui les relie, pour circuler d'un plan d'eau à l'autre. Les premiers Européens qui fréquentèrent la région ont grandement profité de cette pratique traditionnelle des populations autochtones et se sont vite rendus compte de l'importance stratégique de la région.

C'est à partir de la décennie 1670 que des colons originaires de la région de Port-Royal, capitale de l'Acadie située plus à l'ouest sur la rive sud de la baie de Fundy, sont venus s'y établir pour exploiter les immenses marais qui s'y trouvaient. Or, d'autres colons, provenant du fleuve Saint-Laurent ceux-là, donc de la Nouvelle-France, s'y établirent en même temps. Ces colons accompagnaient leur seigneur, Michel Le Neuf de La Vallière, qui avait obtenu une grande concession de la part du gouverneur de la Nouvelle-France qui considérait l'isthme de Chignectou comme relevant de son administration. Ainsi, même avant l'arrivée des Britanniques, il existait une certaine ambiguïté par rapport à cette région chevauchant deux administrations coloniales françaises : la Nouvelle-France au nord et l'Acadie au sud.

 

L'histoire mouvementée de Beaubassin

Cette ambiguïté a persisté lorsque la nouvelle administration britannique s'est établie à Port-Royal à son tour, à la suite du traité d'Utrecht signé entre la France et l'Angleterre en 1713. La distance qui séparait les autorités coloniales britanniques installées à Port-Royal et la région de Beaubassin compliquait la tâche de celles-ci, car la population de Beaubassin avait toujours démontré une grande indépendance par rapport à l'autorité coloniale, qu'elle soit française ou britannique (NOTE 1). Sous l'administration française, en effet, les habitants de Beaubassin commerçaient avec la Nouvelle-Angleterre et maintenant, au grand dam des Britanniques, ils se tournaient volontiers vers les nouvelles colonies françaises établies aux îles Saint-Jean et Royale (l'île du Prince-Edouard et l'île du Cap Breton actuelles) et surtout vers la ville forteresse de Louisbourg, fondée en 1715 sur l'île du Cap Breton .Les enjeux changèrent radicalement à partir de 1744, avec le déclenchement des hostilités qui opposaient une fois de plus la Grande-Bretagne et la France dans leurs colonies d'Amérique du Nord.

Ainsi, à l'automne 1749, des troupes françaises venues de la Nouvelle-France érigèrent un petit fortin à la Pointe-à-Beauséjour, établissement acadien sis juste en face de Beaubassin, sur la rive opposée de la rivière Mésagouèche. Par ce geste, les Français réclamaient tout le territoire situé à l'ouest et au nord de cette rivière comme faisant partie de la Nouvelle-France. Cela ne fit qu'exacerber la méfiance des Britanniques à l'égard des habitants acadiens de cette région, en raison de la neutralité qu'ils avaient affichée lors des expéditions françaises lancées contre Port-Royal quelques années plus tôt. Aussi décidèrent-ils d'exiger d'eux qu'ils prêtent un serment d'allégeance inconditionnel qui les forcerait à porter les armes contre tout agresseur, qu'il fût français ou autochtone. De plus, des fortifications britanniques furent érigées un peu partout dans la colonie, en commençant par la fondation d'Halifax à l'été 1749 : le nouveau siège de l'administration britannique. Des forts furent ensuite construits dans la région de Grand-Pré, puis dans celle de Beaubassin, peu après l'érection d'un premier fortin français à Beauséjour (NOTE 2).

Carte de Beaubassin en 1755, avant la chute de fort Beauséjour

Au printemps 1750, une expédition britannique fut lancée sous le commandement du major Charles Lawrence en vue de chasser les Français de l'isthme de Chignectou. Face à un adversaire bien armé, Lawrence et ses troupes durent rebrousser chemin et accepter temporairement la présence de ces « intrus » sur le territoire qu'ils revendiquaient. Cependant, à l'approche des troupes britanniques, les Français avaient donné l'ordre d'incendier le village de Beaubassin en enjoignant ses habitants de passer sur la rive ouest de la rivière Mésagouèche, dans le territoire considéré comme appartenant à la Nouvelle-France. Cet événement, avec ceux entourant la nouvelle politique coloniale britannique en Acadie, plus agressive, a provoqué l'exode de milliers d'Acadiens et représente le début du Grand Dérangement (c'est-à-dire tous les mouvements de population de cette période), car près du cinquième de la population totale de l'Acadie fut déplacé dès 1749-1750, soit plus de cinq ans avant la Déportation de 1755.

En septembre 1750, le major Charles Lawrence commanda une nouvelle expédition à laquelle les troupes françaises de Beaubassin ne purent cette fois résister, de telle sorte que les Britanniques s'y établirent en maîtres et y érigèrent un fort baptisé fort Lawrence, en face du fortin français de Beauséjour. Les Français ordonnèrent alors d'incendier tous les autres villages situés en territoire britannique, à l'est de Beaubassin, grossissant ainsi les rangs des familles acadiennes déjà réfugiées sur la rive ouest de la rivière Mésagouèche depuis le printemps. Pour comble de malheur, toute la récolte fut brûlée dans les granges et même si les habitants avaient fait traverser leur bétail de l'autre côté de la rivière, ils n'avaient plus de fourrage pour les nourrir. C'est pourquoi  ils durent abattre tout leur cheptel au cours de l'automne et de l'hiver. Privés de cette importante source d'approvisionnement en nourriture, ces 933 réfugiés acadiens furent obligés de vivre à la solde du roi de France durant les cinq années suivantes. Entre temps, cette population de réfugiés acadiens ne cessa de se plaindre auprès des autorités françaises qui les avaient contraints à quitter leurs habitations et leurs terres situées désormais en territoire britannique, sur lesquelles ils désiraient instamment retourner.

Lecture de la déportation dans la paroisse de Grand-Pré en 1755

C'est dans cette pénible situation que se trouvait la population acadienne quand une expédition britannique commandée par le lieutenant-colonel Robert Monckton se présenta devant le fort Beauséjour au début du mois de juin 1755. Le siège qui s'ensuivit ne dura que deux semaines et le 16 juin 1755, les quelque 150 soldats des troupes régulières françaises et les 150 Acadiens assiégés qui participaient au combat rendirent les armes. Peu de temps après, à Halifax, le sort des Acadiens fut scellé par le lieutenant-gouverneur Charles Lawrence et son conseil, qui ordonna que l'ensemble de la population acadienne soit déportée dans les colonies anglo-américaines. Ainsi, dès le 11 août 1755, plus de 400 hommes acadiens furent arrêtés et emprisonnés dans les forts Lawrence et Beauséjour (celui-ci ayant été rebaptisé fort Cumberland). Plus de deux mois plus tard, un peu plus de 1000 hommes, femmes et enfants, soit le tiers seulement des habitants de Beaubassin et des Trois-Rivières (Memramcook, Petcoudiac et Chipoudie) firent voile à bord de navires qui les transportèrent dans les colonies de la Georgie et de la Caroline du Sud. La plupart ne reverraient plus jamais la terre qui les avait vus naître.

Cependant, plusieurs Acadiennes et Acadiens de la région de Beaubassin évitèrent cette déportation et se réfugièrent en territoire français, notamment à l'Île-Saint-Jean (île du Prince-Edouard actuelle), tandis que d'autres se sauvèrent en Nouvelle-France (vallée du Saint-Laurent) ou demeurèrent dans le territoire mitoyen de l'actuelle province du Nouveau-Brunswick, s'adonnant à une guerre de résistance face aux troupes britanniques. De fait, ces Acadiens qui avaient échappé à la déportation de 1755 et ceux qui étaient revenus d'exil dès l'année suivante, organisèrent cette résistance armée, de concert avec des troupes régulières françaises et leurs alliés amérindiens, sous le commandement de l'officier Charles Deschamps de Boishébert, natif de la Nouvelle-France. Toutefois, après la chute de Québec à l'automne 1759, plusieurs centaines de ces résistants se rendirent avec leurs familles aux autorités britanniques. Ainsi, plus de 300 Acadiennes et Acadiens furent gardés prisonniers dans le fort Cumberland, ou dans des abris de fortune érigés près du fort. Ils demeurèrent dans cette situation précaire jusqu'à la fin des années 1760, lorsqu'on leur permit de s'établir dans la région de Memramcook au sud-est du Nouveau-Brunswick et dans le comté de Cumberland, en Nouvelle-Écosse. Ainsi, presqu'un siècle après l'établissement de leurs ancêtres dans la région de Beaubassin, dans les années 1670, ces Acadiennes et Acadiens purent jeter les bases d'une nouvelle Acadie.

Expulsion of the Acadians / La Déportation des Acadiens. George Craig, 1893, Huile sur toile, 223 x 131 cm, © Musée acadien de l'Université de Moncton, TOUTE REPRODUCTION INTERDITE/ALL REPRODUCTIONS PROHIBITED)

Entre temps, le fort et le petit village que les Britanniques avaient érigés sur le site de Beaubassin avaient été abandonnés ou démolis dès 1756, faute de troupes suffisamment nombreuses pour y former une garnison. De fait, les Britanniques avaient à défendre trois forts dans la région de l'isthme, soit le fort Lawrence à Beaubassin, et les deux forts qu'ils avaient capturés aux Français en juin 1755, à savoir le fort Beauséjour, rebaptisé fort Cumberland, et le fort Gaspareau, à Baie Verte, rebaptisé fort Monckton. Jugeant que le fort Cumberland était le mieux construit et le mieux placé sur le plan stratégique, les Britanniques décidèrent d'abandonner les forts Lawrence et Monckton afin de concentrer leurs forces dans le fort Cumberland. Le site de l'ancien village acadien de Beaubassin fut donc complètement abandonné et ce ne fut que vers 1763, après la signature du traité de Paris qui mit fin à la guerre de Sept Ans, que quelques colons britanniques y obtinrent des concessions de terres et s'y établirent. Ce village connu comme Fort Lawrence n'eut jamais autant d'habitants que le village acadien de Beaubassin, ce qui explique l'état presque intact du site, comme l'ont constaté les archéologues qui y ont réalisé des fouilles ou des sondages au milieu des années 1960.

 

La redécouverte d'un site

Acadie. Carte de l'Acadie, Isle Royale et païs voisins, Acadie, 1757.

D'après la tradition locale, il existait encore des vestiges de l'ancien village acadien de Beaubassin et du fort britannique qu'on y avait érigé en 1750, puis abandonné six ans plus tard. Dans une étude des forts français et anglais de l'isthme, le docteur Clarence J. Webster avait identifié le site du fort Lawrence et de l'ancien village acadien de Beaubassin dans les années 1930. Vingt ans plus tard,  Harcourt Cameron, professeur à l'université Acadia, avait préparé une carte d'une partie du village historique de Beaubassin à partir de photographies aériennes à l'infrarouge qui rendaient bien visibles les vestiges des nombreux édifices ayant composé l'ancien établissement acadien et britannique. Cependant, ce n'est qu'une dizaine d'années plus tard que des sondages furent effectués en vue de déterminer en quoi consistaient ces vestiges. Une équipe d'archéologues fut dépêchée sur les lieux par Parcs Canada afin d'effectuer des fouilles à l'intérieur des limites du lieu historique national du Canada de fort Beauséjour, mais avec le mandat de vérifier la présence d'autres sites d'intérêt historique dans les alentours.

Ainsi, durant les étés de 1967 et 1968, des sondages effectués par l'archéologue Pierre Nadon, à différents endroits de l'isthme confirmèrent l'intérêt du site de l'ancien village de Beaubassin. Enfin, en 1986, la province de la Nouvelle-Écosse prit la relève et commanda des sondages sur le même site en vue d'en déterminer l'étendue. Marc Lavoie, l'archéologue responsable de ces sondages, recommandait alors que des démarches soient entamées aussitôt que possible en vue d'effectuer des fouilles sur le site avant que des travaux prévus par le propriétaire du terrain ne l'endommage. Malheureusement le rapport et les recommandations de l'archéologue restèrent lettre morte et les travaux de construction d'une grange endommagèrent une partie du site. Cependant, on fut dès lors persuadé qu'on avait mis à jour les vestiges de l'ancien village acadien de Beaubassin.

 

La mise en valeur actuelle

Lieu historique national du Canada à Beaubassin, 2007

Heureusement, la série de transactions immobilières intervenues entre 1997 et 2007 a permis à Parcs Canada d'acquérir les parcelles de terrain de grande valeur sur le plan archéologique. On a ainsi stoppé la détérioration du site et protégé son intégrité à long terme grâce au statut de lieu historique d'importance nationale qui lui a été accordé en 2005. Ce qui subsiste aujourd'hui du séjour des Acadiens à Beaubassin, ce sont les vestiges de leur village incendié au printemps de 1750, ainsi que ceux du fort Lawrence et du petit village britannique qui s'y trouvaient entre 1750 et 1756. Grâce au programme d'archéologie publique mis en place par Parcs Canada en 2007, il sera possible de mettre progressivement à jour les derniers témoins de cette présence acadienne et britannique à Beaubassin avant 1756. Des programmes d'interprétation et de mise en valeur plus complets pourront ultérieurement être développés à partir de ces fouilles.

 

Ronnie-Gilles Leblanc
Historien
Parcs Canada

 

 

NOTES

1. Ainsi, quand les Britanniques voulurent leur faire prêter un serment d'allégeance au roi d'Angleterre, c'est avec un refus catégorique que ces habitants les accueillirent. Après quelques années de négociations, en 1730, ces derniers finirent par prêter un serment conditionnel les exemptant, entre autres, de porter les armes contre les Français et les autochtones en cas de guerre.

2. Ce fortin sera renforci deux ans plus tard et deviendra le fort Beauséjour.

 

Documents complémentairesCertains documents complémentaires nécessitent un plugiciel pour être consultés

Vidéo
  • Reconstitution de la déportation des Acadiens En 1941, la Société de l’Assomption produit une reconstitution de la Déportation des Acadiens qui a eu lieu à Grand-Pré en 1755. Le long des plages, les soldats anglais guident les files de gens vers les canots qui les mèneront jusqu’aux colonies anglaises. La tristesse et la peur perçues sur les visages des hommes, des femmes et des enfants témoignent de l’intensité de cette tragédie qui est resté gravée dans la mémoire du peuple acadien.
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