Traditions de Noël en Acadie

par Arsenault, Georges

Messe de minuit, 1996

La fête de Noël a significativement évolué chez les Acadiens depuis le milieu du XIXe siècle. D'une fête simple, essentiellement religieuse, elle est devenue, comme partout ailleurs en Amérique du Nord, une grande célébration de la consommation. C'est dans les années 1870 que cette transition s'est enclenchée avec l'introduction graduelle dans les mœurs acadiennes de Santa Claus, de l'arbre de Noël, du bas de Noël et de l'échange de cadeaux. Ces nouvelles traditions sont venues directement ou indirectement de la Nouvelle-Angleterre où elles se sont développées à partir du début du XVIIIe siècle. De nos jours, à l'exception de certaines traditions alimentaires, peu de choses distinguent le Noël acadien de celui célébré dans les autres communautés culturelles de l'Est canadien.


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Les traditions d'autrefois

La fête de Noël est rarement évoquée dans les sources documentaires traitant des Acadiens de la période précédant la Déportation ni même du siècle qui l'a suivi. Tout au plus existe-t-il quelques références à la messe de minuit et aux débordements qu'entraînait la consommation d'alcool pendant ce jour de fête, pratique que le clergé condamnait énergiquement. Aucun document ne nous décrit avec précision les traditions observées à Noël au sein des familles acadiennes pendant toute cette période.

Sénateur Pascal Poirier (1852-1933)

L'écrivain, patriote et sénateur acadien Pascal Poirier (1852-1933) semble avoir été le premier à écrire sur Noël en Acadie. Dans un article intitulé « Souvenir de l'Acadie », publié en 1883 dans  Le Moniteur acadien (NOTE 1), il nota que l'essentiel de la fête de Noël chez les Acadiens tournait autour de la messe de minuit et de la crèche de l'Enfant Jésus à l'église. D'après Poirier, le peuple acadien avait perdu beaucoup de ses traditions populaires pendant la Déportation et les années difficiles qui l'ont suivie, croyant même, à tort, que ses ancêtres avaient connu certaines traditions comme le sapin et le bas de Noël. Il écrivait effectivement : « La messe de minuit les trouve toujours réunis autour de la crèche où est né l'Enfant des douleurs, mais au retour on n'entend plus les joyeux refrains d'autrefois, l'arbre de Noël ne se charge plus de fruits bénits, et les enfants, à leur réveil, ne trouvent pas de jouets, ni de bonbonnières suspendusau manteau de la cheminée ».

Un contemporain de Pascal Poirier, le père André T. Bourque (1854-1914), confirme que l'aspect religieux de Noël dominait chez les anciens Acadiens : « Point de Santa Claus, point de bas pendus à la cheminée, d'étrennes, d'échange de présents, et autres coutumes qui existent chez certaines nations. » Il ajoute que le Jour de l'an, tout comme en France et au Québec à cette même époque, était chez les Acadiens « la fête de famille par excellence, le jour le mieux chômé de toute l'année. » C'était, précise-t-il, l'occasion des étrennes, des visites et des meilleurs repas de l'année. (NOTE 2)

Le Noël simple que le père Bourque et le sénateur Poirier ont connu dans leur enfance ressemblait donc probablement beaucoup à celui de leurs ancêtres des XVIIe et XVIIIe siècles. Il y a pourtant lieu de croire qu'en plus de la messe de minuit et de la crèche de l'enfant Jésus, des traditions de Noël apportées de France par les premiers colons aient été implantées tôt en Acadie et qu'elles se soient perpétuées pendant très longtemps et même jusqu'à aujourd'hui dans certains cas, malgré l'importance grandissante des nouvelles formes de célébration orientées vers la consommation qui se sont développées au cours du XXsiècle.

 

L'évolution du patrimoine culinaire associé à Noël

Eileen Chiasson-Pendergast et ses pâtés à la viande

Une pâtisserie qui a traversé les années et que l'on préparait probablement pour Noël dans l'ancienne Acadie était le croquecignole ou croquignole, une pâte frite de la famille du beignet. Dans certaines régions, ce genre de beigne était réservé à Noël, commele rappelle Émery LeBlanc dans son histoire de Sainte-Marie-de-Kent, au Nouveau-Brunswick : « Il y avait aussi un dessert spécial qu'on ne servait qu'à Noël et qu'on appelait des "croquecignoles". Une pâte à beigne était roulée dans le sens de la longueur, puis coupée en bouts de six pouces que l'on tordait et que l'on faisait cuire dans de la graisse fondue. » (NOTE 3) Éventuellement, le croquecignole a pris la forme d'un simple beigne en rondelle et le terme anglais « doughnut » lui a été substitué, mais il est demeuré une pâtisserie obligatoire pour le temps des fêtes. Le croquecignole cuit dans de l'huile de loup-marin demeure une pâtisserie toujours populaire aux Îles de la Madeleine. Il se déguste même en tout temps de l'année.

La popularité du pâté à la viande dans la plupart des communautés acadiennes, comme le plat par excellence de Noël, nous laisse croire qu'il s'agit là aussi d'une tradition qui remonte à l'ancienne Acadie et même en France. Ce met traditionnel, cousin de la tourtière québécoise, se prépare avec de la viande de porc à laquelle on mélange le plus souvent du poulet ou du lièvre, et parfois du bœuf ou du chevreuil. Dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, au lieu du pâté à la viande c'est la poutine râpée qui règne en maître, un plat introduit chez les Acadiens après la Déportation. Il est composé de pommes de terre crues râpées finement et façonnées en boules autour d'un noyau de viande de porc et qu'il faut faire mijoter pendant quelques heures dans un chaudron d'eau salée. Ces mets sont toujours dégustés lors du réveillon ou lors d'un des repas du jour, parfois à plusieurs reprises. Soulignons que d'une façon générale, en Acadie, le réveillon était et demeure dans bien des familles un simple goûter servi au retour de la messe de minuit.

 

Présents et croyances traditionnelles associés à Noël

Un naulet

Il est probable que les Acadiens aient connu la bûche de Noël. Cette ancienne tradition bien répandue en France et dans d'autres pays européens consistait à faire brûler une très grosse bûche dans la cheminée la veille de Noël. Plusieurs croyances y étaient associées. Les témoignages de cette pratique sont très rares en Acadie où l'usage des foyers a disparu pendant la seconde moitié du XIXe siècle (NOTE 4).

D'autres traditions, pour l'essentiel disparues aujourd'hui, se sont par ailleurs maintenues pendant une très longues période dans les célébrations de Noël en Acadie. C'est le cas notamment de la préparation du naulet (ou aulet), une pâtisserie ou espèce de gros biscuit, le plus souvent en forme de petit  bonhomme, que la marraine et le parrain offraient aux enfants à Noël. Cette pâtisserie traditionnelle était autrefois très répandue en Acadie où elle était encore présente au début du XXe siècle dans plusieurs régions. En France, le naulet était, là aussi, une galette ou un petit pain qui avait la forme d'un enfant et qui était associé à la fête de Noël. Il se mangeait au réveillon de la nuit de Noël ou on le vendait le jour de la fête (NOTE 5). Comme en Acadie, il pouvait constituer le cadeau de la marraine à son filleul (NOTE 6).

La tradition du naulet semble s'être élargie en terre acadienne vers la fin du XIXesiècle de sorte que dans plusieurs régions les enfants pouvaient aussi en recevoir un de leur mère. Dans certaines familles, on insérait même ces pâtisseries dans le bas de Noël des enfants. De toute évidence, le déclin du naulet comme cadeau de Noël aurait commencé avec l'arrivée de Santa Claus et des bas de Noël. Cependant, il a survécu dans des familles des Îles de la Madeleine et dans la région ouest du comté de Prince, à l'Île-du-Prince-Édouard, jusque dans les années 1920.

Si on trouve en France une foule de présages et de dictons associés à la fête de Noël (dont plusieurs servaient à prédire les récoltes et le temps pour la nouvelle année), peu de traces de ces croyances subsistent en Acadie. Notons cependant celle où il est question des douze jours de Noël, c'est-à-dire du 26 décembre au 6 janvier, comme indicateurs du temps prédominant qu'il fera chaque mois de l'année. Ainsi, s'il faisait beau le 26 décembre, le mois de janvier serait agréable; s'il faisait froid le 27, le mois de février le serait aussi, et ainsi de suite. Cette croyance bien connue en France était répandue dans toute l'Europe (NOTE 7). À la Baie-Sainte-Marie, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, une tradition semblable voulait que le temps des quatre premiers mois de l'année puisse être prédit par celui qui prévalait au cours des quatre semaines de l'Avent (NOTE 8). On relève aussi dans la péninsule Acadienne les présages suivants : « Pleine lune à Noël, belle année de Providence » et « Pas de belles récoltes si le temps est couvert la nuit de Noël (NOTE 9) ».

Les animaux qui parlent à minuit à Noël

Une légende de Noël répandue dans plusieurs pays d'Europe, en particulier en France, fait partie du légendaire acadien comme de celui de plusieurs autres groupes culturels au Canada. Selon la tradition, les animaux s'agenouillaient et parlaient à minuit le jour de Noël. Il était cependant interdit d'aller les écouter : le curieux qui osait commettre cette indiscrétion serait puni en entendant un animal annoncer sa mort prochaine.

 

De nouvelles traditions prennent racine

Jusqu'aux années 1870, la fête de Noël chez les Acadiens se déroulait assez simplement. On s'en rend compte en parcourant le premier journal acadien, fondé en 1867 à Shédiac, au Nouveau-Brunswick. Pendant les premières années de la publication, les seules références à Noël concernaient la messe de minuit. On ne trouve ni annonces publicitaires ni vœux de Noël. Lorsque le journal a commencé à souhaiter un joyeux Noël à ses lecteurs, il le faisait en anglais seulement: Merry Christmas! Il faudra attendre la fin du siècle avant que les journaux acadiens traduisent le Merry Christmas par Joyeux Noël!

Le Moniteur acadien, 22 décembre 1881

Il faut se rappeler que Noël a été une grande fête populaire chez les Canadiens anglais, et surtout chez les Américains, avant de l'être chez les Canadiens français. Elle commença à se développer comme une fête familiale en Nouvelle-Angleterre au début du XIXe siècle. Elle prendra beaucoup d'ampleur au cours de la deuxième moitié du siècle avec la propagation de l'arbre de Noël et de Santa Claus, ainsi que la commercialisation des cadeaux et des cartes de souhaits (NOTE 10). C'est aussi à cette période que les Acadiens, comme les anglophones des Maritimes et les Québécois, émigrèrent en grand nombre aux États-Unis, principalement en Nouvelle-Angleterre, en quête d'emplois. Par conséquent, ce va-et-vient entre le Canada et les États-Unis a favorisé ainsi l'emprunt de nouvelles traditions.

Les journaux nous permettent de suivre l'arrivée de ces coutumes au sein de la communauté acadienne. À titre d'exemple, Le Moniteur acadien a publié sa première annonce commerciale du temps des fêtes en 1873, une publicité pour le magasin Melanson & Poirier de Shédiac et qui s'intitulait « Les Fêtes! Noël et le Jour de l'An! Assortiment spécial d'hiver (NOTE 11) ». En 1880, le même journal a publié sa première annonce pour des cartes de Noël disponibles chez Mlle A.D. Chapman de Shédiac (NOTE 12).

L'arbre de Noël chez Télesphore Arsenault, Richibouctou (Nouveau-Brunswick), en 1931

Quant à Santa Claus ou saint Nicolas - il n'est pas encore question du Père Noël - il  faisait timidement son apparition dans les journaux acadiens. Le 24 décembre 1884, son nom est mentionné pour la première fois dans Le Moniteur acadien dans une publicité annonçant que « Santa Claus tient ses quartiers à la Librairie de Beverly » à Moncton. Quelques années plus tard, un correspondant du village acadien de Wedgeport, dans le sud-ouest de la Nouvelle-Écosse, écrivait dans L'Évangéline que « St Nicolas a déjà fait son apparition dans quelques places, et les petits enfants joyeux ne seront pas oubliés par lui, surtout ceux qui auront fait preuve d'obéissance » (NOTE 13).

Tout doucement, des traditions civiles anglaises et américaines se sont taillé une place dans la Noël des Acadiens, à côté des traditions religieuses comme la messe de minuit et la crèche de l'Enfant Jésus à l'église. L'adoption de coutumes séculières s'est faite tellement doucement que l'éditorialiste de L'Évangéline ne semble pas s'en être rendu compte. C'est du moins l'impression qu'il donnait dans un article publié le 22 décembre 1892 intitulé « Noël! Noël! » : « Noël est pour nous, Acadiens-Français, une fête purement religieuse, et religieuse de premier ordre; nous n'y mêlons rien des coutumes particulières au Jour de l'An. Noël est le plus grand jour de l'année chrétienne; le Jour de l'An est le plus grand jour de l'année mondaine. L'un tout à Dieu; l'autre en grande partie aux hommes. » Ironiquement, dans la même livraison, le journal annonçait que « E. E. Comeau vient de recevoir un lot de belles chaises pour cadeaux de Noël » !

Les nouvelles traditions, tels Santa Claus et surtout l'arbre de Noël, ont pris du temps avant de s'implanter dans tous les foyers acadiens. Elles ont sans doute fait leur apparition d'abord chez les Acadiens vivant en milieu urbain ou près des villes, chez les familles aisées et chez les Acadiens qui côtoyaient des Américains ou des Anglo-Saxons.

 

Noël dans l'Acadie d'aujourd'hui

La commercialisation de Noël est devenue plus flagrante en milieu acadien après la Grande Dépression économique et la Seconde Guerre mondiale. L'économie s'améliorait et favorisait la consommation de biens. Ainsi, le Père Noël s'enrichit et laissa aux enfants de plus en plus de présents. L'échange de cadeaux entre les membres de la famille prenait également de l'ampleur.

Noël chez la famille Arsenault à Abram-Village (Île-du-Prince-Édouard), 1987

La fête de Noël demeure la fête de famille par excellence et, bien sûr, celle des enfants. On assiste encore en grand nombre à la messe de minuit ou plus généralement à celle célébrée en soirée la veille de Noël. Les familles se réunissent toujours, sinon pour le réveillon, du moins pour le repas de Noël. Les mets traditionnels figurent encore au menu, tels le pâté à la viande et les poutines râpées. Par ailleurs, de nouvelles traditions alimentaires se créent, comme celle de servir du poisson et des fruits de mer, des aliments jadis associés à la pauvreté mais qui aujourd'hui sont presque considérés comme des produits de luxe.

Noël n'a jamais été aussi fêté en Acadie. On prend beaucoup de plaisir à décorer l'extérieur et l'intérieur des maisons, le calendrier familial est chargé de fêtes sociales, de tournées de magasinage, de concerts de Noël, sans oublier le temps passé à faire la cuisine.  Les cadeaux sont nombreux. Mais comme partout ailleurs, de nombreux Acadiens et Acadiennes rêvent d'un Noël plus simple, plus authentique, moins entaché du sceau de la consommation. C'est notamment le désir des aînés qui ont connu l'époque où une simple orange comme cadeau représentait un luxe et qui s'accordent pour dire avec Johnny Boudreau, de Petit-Rocher, au Nouveau-Brunswick : « C'est Noël à longueur d'année, asteure. » (NOTE 14).

 

Georges Arsenault
Folkloriste acadien et historien

 

 

NOTES

1. Le Moniteur acadien, 11 janvier 1883, p. 1.

2.  A. T. Bourque, Chezl es anciens Acadiens. Causeries du Grand-Père Antoine, Moncton, L'Évangéline, 1911,p. 143. 

3. Emery LeBlanc, La vie à Sainte-Marie. 1984, p. 50.

4. Bernard V. LeBLanc et Ronnie-Gilles LeBlanc, « La culture matérielle traditionnelles en Acadie », dans L'Acadie des Maritimes, Moncton, Chaire d'études acadiennes, 1993, p. 635.

5. Geneviève Massignon, Les Parlers français d'Acadie. Enquête linguistique, tome II, Paris, LibrairieC. Klincksieck, [1962], p. 692.

6. Arnold Van Gennep, Le Folklore français. Cycle des douze jours. De Noël aux Rois, Paris, Éditions Robert Laffont S.A., 1999, p. 2547.

7. Arnold Van Gennep, op.cit., p. 2728-2730.

8. J. Alphonse Deveau, « Les Coutumes des fêtes de l'année au sud-est de la N.É. », conférence donnée au Club Richelieu et aux représentants de la Société historique acadienne en 1966. Manuscrit consulté aux Archives de folklore du Centre d'études acadiennes Anselme-Chiasson de l'Université de Moncton. p. 1-2.

9. Marielle Cormier-Boudreau, « Des prévisions du temps qui se superposent à des rythmes saisonniers », dans Mélanges Marguerite Maillet, Moncton, Chaire d'études acadiennes/Éditions d'Acadie, 1996, p. 468.

10. Tanya Gulevich, Encyclopedia of Christmas, Detroit, Omnigraphics, 2002, p. 17-25.

11. Le Moniteur acadien, 4 décembre 1873.

12. Le Moniteur acadien, 16 décembre 1880.

13. L'Évangéline, 2 janvier 1889.

14. Centre d'études acadiennes Anselme-Chiasson, coll. Lauraine Léger,  enreg. 2011.

 

BIBLIOGRAPHIE

Arsenault, Georges, Noël en Acadie, Tracadie-Sheila, La Grande Marée, 2005, 164 p.

Aucoin, Réjean et Jean-ClaudeTremblay, Le tapis de Grand-Pré, Moncton, Éditions de la Francophonie, 2002, 53 p.

Boudreau, Marielle et Melvin Gallant, La cuisine traditionnelle en Acadie, Moncton, Les Éditions d'Acadie, 1975, 181 p.

Couturier-Cormier, Lucie-Anne, Il était une fois... dans un coin du Madawaska. La vie au Rang des Couturier. Revue de la Société historique du Madawaska, vol. XIII, nos 2-3-4, avril-décembre 1985, 104 p.

Desdouits, Anne-Marie, La vie traditionnelle au pays de Caux et au Canada français. Le cycle des saisons, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1987, 439 p.

Dupont, Jean-Claude, Héritage d'Acadie, Montréal, Leméac, 1977, 376 p.

Gibbs, Astrid, Skopenos. Contes et récits, Moncton, Éditions de la francophonie, 2002, 113 p.

 

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