Menaud maître-draveur

par Gauthier, Serge

Menaud vu par le peintre Claude Le Sauteur, 1997

Si l’écrivain français Gustave Flaubert (1821-1880) a dit « Madame Bovary, c’est moi », le romancier et poète québécois Félix-Antoine Savard (1896-1982) aurait pu tout autant convenir que Menaud, c’était lui. En effet, Félix-Antoine Savard se laissait souvent désigner sous le nom de « Menaud » par ses amis sans que cela le gêne le moindrement. Rarement a-t-on vu en littérature québécoise un personnage associé aussi étroitement à son auteur, et occupant même presque toute la place dans son œuvre littéraire. De fait, mis à part le roman Menaud, maître-draveur, dont la première édition paraît en 1937, les autres ouvrages de Félix-Antoine Savard demeurent plutôt méconnus. Plus encore, l’histoire et la légende s’entremêlent autour du personnage de Menaud, qui devient presque un être réel dans le discours populaire. Au fil du temps, ce personnage littéraire devenu mythique s'est vu attribuer diverses significations : sociale, culturelle, politique, environnementale. Il a même acquis une fonction touristique.


Article available in English : Menaud Maître-draveur

 

Curé de campagne, écrivain de renom

Pour bien comprendre le roman Menaud, maître-draveur, il convient de résumer la trajectoire sociale de son auteur qui fut, tour à tour, un curé de campagne et un écrivain de renom(1). La vie active de Félix-Antoine Savard semble se diviser en deux épisodes distincts, dont l’un est en quelque sorte négligé et l’autre un peu surexposé, comme s'il était passé de l’ombre à la lumière, pour ainsi dire. Toutefois, ces deux temps de l’évolution personnelle de cet auteur demeurent indissociables si l’on souhaite comprendre le cheminement remarquable du roman, et cela même si « l’écrivain de renom » éclipse l’ancien « curé de campagne ».

Félix-Antoine Savard. © Société historique de Charlevoix.

C’est pourtant en tant que « curé de campagne » que Félix-Antoine Savard a rédigé le roman Menaud, maître-draveur au milieu des années 1930. Il est alors curé de la paroisse Saint-Philippe-de-Clermont dans Charlevoix depuis 1931, un village encore largement agricole où l’industrie papetière s’apprête à prendre toute la place sous la gouverne de la compagnie Donohue Brothers(2). Cette localité rurale paraît fort éloignée de la ville de Québec où Savard est né en 1896, mais sa famille s’installe à Chicoutimi alors que le jeune Félix-Antoine est encore enfant(3). Il fait ses études au Séminaire de Chicoutimi et est ordonné prêtre de ce diocèse en 1922. Après quelques années d’enseignement, Savard songe un temps à la vie monastique. L’évêque de Chicoutimi le nomme finalement vicaire dans une paroisse de la région de Charlevoix qui relève du diocèse de Chicoutimi depuis 1878. Pour Savard, ce sera « son entrée providentielle en Charlevoix », là où (selon ses propres termes) il souhaite désormais « être heureux ». Vicaire à La Malbaie, à Sainte-Agnès puis curé fondateur de Clermont, Félix-Antoine Savard est mis en contact avec la vie des forestiers en se rendant exercer son ministère pastoral dans les « camps de bûcherons » de l’arrière-pays charlevoisien. Les conditions de vie de ces hommes le scandalisent et, s’entremêlant au souvenir de la Compagnie Price qu’il avait vu régner en maître sur la forêt saguenéenne, il y puise l’inspiration de son roman Menaud, maître-draveur, entièrement rédigé pendant ses temps libres en son presbytère de Clermont.

Mais alors qu’il fait publier Menaud, maître-draveur en 1937, le modeste curé de campagne qu’est Félix-Antoine Savard ne peut imaginer qu’il deviendra sous peu un écrivain de renom. Or, l’œuvre est rapidement saluée par la critique et Savard devient professeur de littérature à l’Université Laval en 1940. Cette nouvelle fonction l’amène à délaisser le ministère paroissial et à se consacrer à la vie intellectuelle. Félix-Antoine Savard fait sa marque en milieu universitaire comme fondateur des Archives de folklore en 1944, avec la collaboration de son ami Luc Lacourcière (1910-1989). Il rédige ensuite plusieurs livres dont L’abatis, qui témoigne de son travail à titre de prêtre colonisateur en Abitibi dans les années 1930, les romans La minuit et Le barachois, ainsi que la pièce de théâtre La dalle-des-Morts(4). Pourtant, le roman Menaud, maître-draveur continue d’occuper son esprit. Aussi Savard propose-t-il au moins trois nouvelles versions de cette œuvre en 1944, en 1964 et en 1967(5). Il quitte l’Université Laval en 1964 et s’installe à Saint-Joseph-de-la-Rive (aujourd’hui Les Éboulements) dans Charlevoix, où il fonde la Papeterie Saint-Gilles, spécialisée dans la production de papier artisanal. Il meurt à Québec en 1982. C’est alors tout particulièrement la disparition du « père de Menaud » et peut-être même du « père Menaud » que les journalistes et les spécialistes de la littérature signalent.

Un roman au parcours à la fois calme et tumultueux

Comme celui de la rivière Noire évoquée dans Menaud, maître-draveur, le parcours historique de cette œuvre littéraire s’avère à la fois calme et fort tumultueux. Le roman prend bien vite sa place dans la vie culturelle québécoise et au-delà, puisqu’il est traduit en anglais et même en roumain(6). Le roman est évoqué en lien avec la région de Charlevoix dans un film de l’Office du film du Québec et l’expression « Au pays de Menaud » s’impose bientôt pour désigner la région quand on entreprend de mettre en valeur l’artisanat régional charlevoisien durant les années 1970(7). Un professeur de philosophie, Guy Godin (1924-2007), s’occupe de faire reconnaître divers toponymes associés à l’œuvre de Savard par la Commission de toponymie du Québec de 1994 à 2007, en plus de militer pour la mise en valeur du patrimoine naturel associé au roman, dans le cadre de la création du Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie (8). Ce parc est créé officiellement en 2000 par le gouvernement du Québec, dans l’arrière-pays charlevoisien.

Des peintres comme René Richard (1896-1982), Jean-Paul Ladouceur (1921-1992) et Claude Le Sauteur (1926-2007) évoquent la figure de Menaud dans des œuvres artistiques remarquables(9). L’immuable draveur devient un personnage de légende dépassant largement le simple champ littéraire : pour les nombreux admirateurs de l’œuvre, il s’impose tout aussi bien comme un héros patriotique que comme un personnage aux visées environnementalistes pour sa rivière et son pays. Signalons que l’écrivain Jean Des Gagniers a consacré un livre en hommage à Félix-Antoine Savard et que le professeur Yvan G. Lepage de l’Université d’Ottawa a produit d’impressionnantes recherches au sujet du roman Menaud, maître-draveur, dont une monumentale étude comparative des diverses versions de l’œuvre(10).

La rivière Malbaie, qui correspond vraisemblablement à la rivière Noire dépeinte par par F.-A. Savard dans Menaud, maître-draveur © Steve Fraser

Par ailleurs, le roman de Félix-Antoine Savard connaît aussi un parcours tumultueux. L’œuvre évoque une situation dramatique controversée où l’aspect socio-politique n’est pas éludé et dont la portée nationaliste n’échappe à personne. Si Félix-Antoine Savard se laisse porter par cet élan national lors de la parution de son roman en 1937, il y est plus réticent par la suite. Il est même possible de déceler dans les versions subséquentes du roman une volonté d’atténuer un peu le cri revendicateur de Menaud prenant conscience de la domination qu'exerce l’étranger mais recherchant la liberté pour lui et les siens. Le débat sur la portée politique de ce roman culmine à la veille du référendum québécois de 1980, alors que le cinéaste et écrivain Pierre Perrault (1927-1999) reproche à Félix-Antoine Savard son allégeance fédéraliste, qu’il considère comme une trahison à l'égard du Menaud de l’œuvre littéraire. Encore une fois, l’écrivain Savard semble presque piégé par son personnage et son roman perdra quelque peu de sa portée auprès des nationalistes québécois après le référendum de mai 1980. En 1998, Pierre Perrault écrira : « Menaud c’est moi et Savard est le poète de Dieu(11) ». Voilà donc le personnage de Menaud revendiqué par Perrault, comme si son auteur l’avait mis de côté et n’était plus en mesure d’assumer le poids politique dont il avait initialement été investi. Perrault n’est pas le seul à briguer « l’identité » de Menaud, car différentes versions quant à l’origine de ce personnage ont circulé depuis sa création, faisant porter des identités réelles à cet illustre draveur pourtant issu d’une œuvre de fiction.

Menaud fictif, Menaud réel : de l’histoire au folklore

Encore ici, le cheminement personnel de Félix-Antoine Savard influence son œuvre. Au départ, la trame du roman Menaud, maître-draveur renvoie à un contexte historique et social précis, soit celui de l’exploitation forestière dans le « Royaume du Saguenay ». Toutefois, au fil du temps, le roman prend des allures plus folkloriques, éludant ainsi le ressort initial d’une œuvre posant clairement certains enjeux politiques. C’est que durant sa carrière universitaire, Félix-Antoine Savard va passer d’une préoccupation régionaliste et patriotique (dont la source est historique) à une approche plus ethnologique voire folklorique, notamment dans le cadre de ses recherches aux Archives de folklore de l’Université Laval. Enfin, Savard ne se prive pas de commenter son roman, au point même de lui donner une seconde interprétation au fil du temps.

Édition originale de Menaud, maître-draveur, 1937

Le premier effet de cet effort est d’atténuer quelque peu le discours social et historique présent dans la première version du roman. Le changement d’un passage de l’édition de 1937 indiquant que dans la montagne « il se forgeait des âmes guerrières » qui devient dans l'édition de 1944 « il se faisait des âmes fortes » est quelquefois évoqué pour expliciter cette atténuation. Plus encore, Félix-Antoine multiplie les commentaires complémentaires à son roman, qui tendent à en « folkloriser » le propos. Par exemple, il identifie la rivière Noire du roman à la rivière Malbaie, retirant le roman du contexte dramatique de l’exploitation forestière au Saguenay, qui était pourtant sa source première d’inspiration, pour lui substituer un contexte plus neutre, celui de Charlevoix, où l’industrie ne revêt pas la même importance et où la Compagnie Price n’est pas présente. C’est aussi conformément à la volonté de Savard d’identifier un Menaud réel que le processus historique lié au roman se folklorise et se perd même dans la tradition orale.

D’où vient cette idée d’identifier historiquement Menaud, maître-draveur(12)? On sait qu’à Péribonka (au Lac-Saint-Jean), une dame mêle son identité à celle du personnage principal du roman Maria Chapdelaine de Louis Hémon, l’affaire apportant des dividendes sur le plan touristique. Peut-être était-il naturel que l’on cherche aussi à accrocher une identité réelle à Menaud? Une différence notable s’impose toutefois : si Louis Hémon n’a jamais identifié une Maria Chapdelaine historique, Félix-Antoine Savard l’a fait en ce qui concerne Menaud.

En effet, Félix-Antoine Savard présente Joseph Boies (1887-1963), un paysan et draveur de l’arrière-pays de Charlevoix, dont l’ancienne résidence est aujourd’hui située dans la municipalité de Saint-Aimé-des-Lacs dans Charlevoix, comme étant l’inspiration du personnage de Menaud. Il écarte ainsi un dénommé Onésime Gaudreault (1835-1936) de Sainte-Agnès qui, bien avant la parution du roman, était surnommé le Père Menaud par la population locale et dont Félix-Antoine Savard a tout simplement repris le sobriquet. Cette confusion autour de l’identité historique de Menaud est devenue objet de folklore et s’inscrit aujourd’hui dans la tradition orale de Charlevoix et des environs. Tout cela a ajouté un certain mystère autour du personnage, et a également contribué à orienter le débat autour du folklore relatif à l’œuvre plutôt que sur sa source historique initiale. Dans ce contexte, il semble que Savard a délibérément alimenté le propos autour de son roman : l’auteur a apparemment cherché à l’ancrer dans le folklore de la région de Charlevoix, qui était sa grande préoccupation à la fin de sa carrière universitaire, plutôt que dans l’histoire régionale saguenéenne où il avait pourtant puisé les inspirations initiales de son œuvre.

Une trace encore bien présente

Parc des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie: vue depuis l'Acropole des draveurs, sommet baptisé ainsi en honneur du roman de F.-X. Savard © Steve Fraser

La trace du roman Menaud, maître-draveur demeure aujourd’hui tout particulièrement présente dans le Parc national des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie, dans Charlevoix. On y propose une interprétation touristique de cette œuvre, sous la forme d’un circuit à saveur environnementale. Il est notamment possible de visiter un centre d’interprétation, de parcourir des sentiers naturels ou encore de faire une excursion en bateau sur la rivière, au cours de laquelle on fait fréquemment allusion au roman de Savard. La toponymie du secteur témoigne aussi de cet héritage romanesque, avec des appellations associées à des montagnes situées dans ce Parc national, comme l’Acropole des draveurs ou encore le mont Félix-Antoine-Savard. Le personnage de Menaud s’inscrit ainsi clairement dans le paysage voulu par son auteur à la fin de sa vie. Cela ne saurait toutefois leurrer les chercheurs soucieux d’en saisir une trame plus historique, l’inspiration initiale de l’œuvre étant bel et bien saguenéenne.

Sur le plan littéraire, le roman semble moins présent dans les programmes scolaires des écoles du Québec qu’il ne le fut autrefois, notamment dans les collèges classiques. Même si l’œuvre a pu être un peu délaissée par les nationalistes québécois après la prise de position politique de Félix-Antoine Savard au référendum de 1980, elle fait de nouveau l’objet d’une lecture politique. En 2007, un roman intitulé L’Acropole des draveurs : pour faire suite à Menaud, maître-draveur paraît et tente de poursuivre le débat politique autour de cette œuvre. Deux ans plus tard, une nouvelle introduction de la réédition de la version originale de 1937 du roman relève à nouveau la trace patriotique de l’œuvre(13). L’affaire n’est donc pas close. Le draveur mythique semble se révéler encore dans toute sa force littéraire et politique et son cri en forme « d’avertissement » continue d’inspirer et de soulever des questions.


Serge Gauthier, Ph. D.
Historien, ethnologue et écrivain
Chercheur au Centre de recherche sur l’histoire et le patrimoine de Charlevoix

 

NOTES

1. Nous recommandons aux personnes intéressées : Félix-Antoine Savard, Menaud, maître-draveur, éd. critique par Yvan G. Lepage, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2004, 782 p.

2. Voir Centenaire Félix-Antoine Savard, 1896-1996, numéro thématique de la Revue d’histoire de Charlevoix, no 23, mai 1996, 28 p.

3. Voir à ce sujet Roger Le Moine, « Le sang bleu de Menaud », Cultures du Canada français, no 1, automne 1984, p. 10-32.

4. L’abatis, Montréal, Fides, 1943, 209 p.; La minuit, Montréal, Fides, 1948, 177 p.; Le barachois, Montréal, Fides, 1959, 207 p.; La dalle-des-Morts, drame en trois actes, Montréal, Fides, 1965, 155 p. Pièce créée au Théâtre du Nouveau Monde à Montréal.

5. Nous utilisons ici les versions retenues dans l’édition critique d’Yvan G. Lepage déjà citée.

6. Boss of the River, trad. par Allan Sullivan, Toronto, Ryerson Press, 1947, 131 p.; Master of the River, trad. par Richard Howard, Montréal, Harvest House, 1976, 135 p.; Menaud omul padurii, trad. par Alexandrina Andronescu, Bucarest, Éditions Univers, 1978, 164 p.

7. Le pays de Menaud (Félix-Antoine Savard), documentaire de Claude Grenier, Québec, Office du film du Québec, septembre 1970, 16 mm couleur, 28 min.

8. Voir notamment Guy Godin, « À la recherche des montagnes de Menaud », Centenaire Félix-Antoine Savard, 1896-1996, numéro thématique de la Revue d’histoire de Charlevoix, no 23, mai 1996, p. 2-4. Guy Godin a aussi rédigé des articles complémentaires sur ce sujet dans d'autres numéros de la Revue d'histoire de Charlevoix : no 25, juin 1997, p. 16-18; no 35, novembre 2000, p. 6-9; no 44, octobre 2003, p. 11-15 .

9. Menaud, maître-draveur, ill. de René Richard (sérigraphies et crayon), Montréal, Éditions La Frégate, Imprimerie Laflamme, 1979, 188 p.; Menaud, maître-draveur, conception et réalisation par Henri Rivard, avec ill. de Jean-Paul Ladouceur, Montréal, Fides, Imprimerie Boulanger, 1992, 189 p. Voir Le monde habité de Claude Le Sauteur, numéro thématique de la Revue d’histoire de Charlevoix, no 56, juin 2007, 24 p.

10. Jean Des Gagniers, Monseigneur de Charlevoix, Montréal, Fides, 1996, 278 p. Mentionnons le projet de biographie qui demeure en chantier en raison du décès d’Yvan G. Lepage en 2008.

11. Pierre Perrault, « Réponse de Menaud à Savard : le royaume des pères à l’encontre des fils », Le Devoir, 28 janvier 1978, p. 33, 48. Voir aussi Pierre Perrault, De la parole aux actes : essais, Montréal, Éditions de l’Hexagone, 1985, p. 341-362. Dans une note manuscrite datée d’août 1998 se trouvant dans les archives de la Société d’histoire de Charlevoix, Perrault fait référence au choix de Félix-Antoine Savard d’indiquer le titre « Poète de Dieu » sur sa pierre tombale, située dans le cimetière de Saint-Joseph-de-la-Rive. Voir aussi sur cette question Heinz Weinmann, « Menaud, fils de Perrault ou de Savard? », Voix et images, vol. 3, no 3, avril 1978, p. 396-406.

12. Pour plus de détails sur cette question, voir Serge Gauthier, « Félix-Antoine Savard (1896-1982) : le père de Menaud », Encyclobec. Les régions du Québec : un passé et un présent à découvrir [en ligne], http://www.encyclobec.ca/main.php?docid=34.

13. Serge Gauthier, L’Acropole des draveurs : pour faire suite à Menaud, maître-draveur, Québec, Éditions du Québécois, 2007, 142 p.; Menaud maître-draveur : texte original de 1937, avec une introd. de Serge Gauthier, Québec, Éditions du Québécois et Éditions Charlevoix, 2009, 232 p.

 

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